Le retablissement
Le jeune Norrois, passa un long moment à frapper sur le mannequin, jusqu’à ce que le son de la cloche ne résonne à travers Sanctuaire, l’heure du repas. L’heure qu’il redoutait le plus depuis sa conversation avec Briccos. Soulever sa hache le faisait souffrir, et le souvenir du poids d’Alcestis le paralysé de douleur, mais rien ne l’effrayé plus que l’idée de se retenir. Il avait toujours au cours de sa vie, mangé à sa faim, il n’avait jamais eu besoin de faire attention à ce qu’il mangeait, et surtout, la viande avait toujours été présente dans ses repas. Il ignorait s’il pouvait survivre à cette épreuve, le dîner lui semblait plus cruel que l’acier froid d’une épée.
L’expérience fut, comme il s’y attendait, des plus désagréables. De la nourriture, qu’importe où il posait les yeux, il y avait de la nourriture autour de lui, et pourtant, il n’avait pas le droit d’y toucher. En face de lui, une écuelle, dans celle-ci, un bouillon de légumes, un simple bouillon de légume chaud, du lait et de l’eau sucré, pour lui, le fils de Freyja, un simple bouillon de légumes, du lait et de l’eau sucré ! Quelle horreur ! Quelle ignominie ! Quelle indignité ! Jamais de sa vie, il ne s’était pas senti insulté à ce point, il avait l’impression que son héritage entier était remis en question. Son repas le déprimait et l'enrageait. Amara et Alcestis elles, semblaient le prendre avec bien plus de dignité. Elles semblaient presque s’en moqué, comme si cela ne les atteignait pas. Aux yeux d’Askr, elles n’avaient jamais été aussi étranges, de véritables extraterrestres pour lui. Elles ne brochaient pas et se contentaient de manger ce qu’elles avaient en face d’elle... Les prochains mois allaient être loin... Le deuxième jour, il n’eut droit qu’à ce même bouillon de légumes accompagné d’une purée de pommes de terre presque liquide. Un nouvel affront à sa stature. Les trois, quatre et cinquième jour, il eut à nouveau droit à la même chose puis un morceau d’une chose qu’il n’avait jamais vu : de la viande “ hachée “."Ne suis-je pas capable de mâcher ma viande moi-même ?!"Les six, sept et huitièmes jours, il eut enfin droit à de la viande PAS hachée ! Jusque-là, il n’avait jamais autant aimé la viande, il eut l’impression qu’il croquait dans la chair de Sæhrímnir ! Et ce régime dura le reste du mois, après ça, il eut le droit de manger “ normalement “ mais Briccos le surveiller de très près. Par chance pour ce dernier, il n’eut à ne surveiller qu’Askr. Les filles étant bien plus sérieuses, et il était grandement aidé par Alcestis qui ne semblait pas vouloir laisser Askr faire comme il le désirait. Du point de vue de celui-ci, elle s’occupait d’ailleurs beaucoup trop de lui. S'en était arriver à point tel, que de temps à autre des disputes explosaient entre eux. Pour de la nourriture... Mais elle ne se décourageait pas et tant que tout n’était pas revenu à la normale “ Elle ne le lâcherait pas “.
Cela prit bien du temps avant que la force des jeunes gens ne leur reviennes. Askr pouvait enfin manier sa hache, mais il n’avait toujours pas retrouvé sa maîtrise parfaite de son arme. Il comprit enfin que cette hache n’était pas que de l’acier et du bois, elle était plus que cela, elle lui résistait, elle se refusait à lui obéir, il était encore trop faible pour elle. Il se souvenait qu’elle était lourde, mais pas à ce point. À chaque mouvement qu’il faisait en tenant l’arme en main, il pouvait sentir ses forces se vidaient, ses muscles avaient pourtant retrouver leurs vigueurs, mais cela ne changeait rien. Il en arriva à une seule conclusion. Il n’avait plus l’appui de son attribut et son arme se refuser à lui, tout ceci était forcément lié. Il était conscient que son arme puisait sa force en partie dans ses forces à lui, dans son attribut, ce devait être la raison de cette rébellion. Une seule solution s’offrait à lui. Il devait être plus fort. Plus fort que son attribut, plus fort que son arme.
Pour Alcestis, le chemin n’était pas plus aisé, c’était en réalité tout l’inverse. Askr se targuait de sa force, il était fier de sa puissance, de sa maîtrise des éléments et de son arme, mais ces deux choses ne représentaient pas autant pour lui que l’Arsenal de l’Olympe pour Alcestis. Elle peinait aujourd’hui à faire appel à ses légendaires Cestes, et faire descendre des cieux La Lance et l’Égide lui était tout simplement impossible. Cette situation lui était insupportable. Elle, qui avait passé sa vie à courir après l’héritage de sa mère, s’en trouvait aujourd’hui déposséder. Elle était perdue, toute sa vie avait été remise en question. Frustrée, enragée, Alcestis se jeta à corps perdu dans l’entraînement. Ses nuits comme ses journées étaient rythmées par son envie de se battre, de s’améliorer. Il n’y eut pas un seul jour où elle ne maudissait pas la perte de son attribut, pas une seule nuit, ou elle ne pleurait pas la perte de ses armes. À ses yeux, l’Olympe l’avait reprouvée.
Frustré l'un comme l'autre se jetèrent corps et âmes dans le maniement d’armes traditionnelles. Rapidement leurs combats se mirent à ressembler à de véritable danse de mort. Ils se tournaient autour, la maitrise de leurs armes semblaient absolument parfaites, Askr frappait avec la force de neufs mondes contre une Alcestis qui dansait autour de lui avec la légèreté de Zéphyr. Ce ballet se répétait chaque jour après les entrainements de la Dux et ce jusqu’au coucher du soleil et l’heure du diner avant de se répéter le lendemain, ce cycle continua de longs, longs mois.
Ces nombreux mois de combats incessants menèrent jusqu’au jour que Louis attendait avec impatience. La célébration de leur arrivée sur Sanctuaire. Pour une fois, Alcestis et Askr n’étaient pas occupés à essayer de s’étriper l’un l’autre. Pour une fois, ils se trouvaient dans leurs foyers respectifs, aux côtés de leurs amis, à se faire arranger.
“ Bon, tu te souviens des leçons, n’est-ce pas ? Et tourne-toi que j’accroche ta pelisse, tu ne vas pas y aller comme ça... Les Norrois n’ont aucun sens de la classe... Enfin, tu te souviens de ce qu’on a répété ? “
Askr riait de l’entendre agir de la sorte, il trouvait amusant de voir son ami porté plus d’importance à son apparence que lui ne le faisait.
“ Je me souviens t’en fais pas, une main sur la hanche, une de ses mains dans ma main libre, je ramène le pied, on tourne en rond petit à petit, je la fais pivoter, puis je la renverse, toujours en gardant le rythme en tête, stress pas, je gère. Oh, et je n’oublie pas de la complimenter. “
Louis échappa un soupir de soulagement. Il avait bien écouté lors de ses leçons toutes plus embarrassantes les unes que les autres. Cette dance était simple, simpliste même, elle était faite pour être dansée par des amateurs, mais surtout, par un homme et une femme. Mais ils n’avaient pas beaucoup d’options féminines. Il était hors de question qu’il ne s’entraîne avec Alcestis, Amara en aurait parlé à son amie, et Himiko en aurait parlé à Amara qui en aurait parlé à Alcestis, donc, prit la décision de la lui apprendre lui-même... Ce n’était pas simple et Louis dut éviter de nombreux coups de poings, mais ces leçons porteront bientôt leurs fruits.
Alcestis prit la journée entière pour se préparer. Amara refusée catégoriquement de la laissée choisir elle-même sa tenue et apporta une attention toute particulière à sa coiffure. Les Athéniennes faisaient très attention à leurs cheveux. Ceux-ci étant le témoignage d’une situation sociale, ils représentaient énormément pour eux et Amara refusait que sa chère amie ne ressemble à une prêtresse d’Aphrodite, malgré l’amour qu’elle porte à sa mère, ce soir, elle devait être plus que ça.
“ Bon, tu te rappelles ce qu’on a dit ? Tu t’assois en face de lui, pas à côtés de moi, pas à côtés de lui, en face, il faut qu’il te voie, donc, en face, et tu le regardes dans les yeux, tu ne détournes pas le regard. Si tout se passe bien, il devrait t’inviter à danser, et tu ACCEPTES ! “
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