Scène de ménage
Lorsqu’ils eurent atteint un lieu où ils étaient “ seuls “, Askr lâcha le poignet de la demoiselle et posa son regard sur elle. Pendant un instant, il ne semblait pas savoir quoi dire, en guerrière expérimentée, Alcestis profita de la faille, elle engagea la discussion avec un léger air moqueur sur le visage.
“ Eh bien, pour quelqu’un qui ne me voit que comme une amie, tu t’emportes vite quand quelqu’un tente quelque chose à mon égard... Avoue-le, je suis plus qu’une amie pour toi ! Tu le sais, je le sais, tout le monde le sait ! C'est même fatigant à quel point on le sait ! “
L’interpeller ne sut quoi répondre, il devait trouver une réponse, un stratagème, mais avant ça, il devait mettre de l'ordre dans sa tête, et ce n'était pas simple. Alors, à court de réponse, il prit le problème dans le sens inverse, il lui retourna la question en essayant d’avoir l’air détaché.
“ Tu insinue que je suis jaloux, mais tu n’es pas bien meilleure que moi sur ce sujet. À chaque fois qu’une fille s’approche un peu trop de moi, tu exploses, tu prends la fuite et je te retrouve en train de malmener un mannequin d’entraînement. Tu sais, je ne t’en voudrais pas si tu me faisais une déclaration enflammée, je suis plutôt du genre sympa, j’y réfléchirais peut-être. “
Alors qu’il disait cela, il se mit à rire, ses paroles avaient atteint leur cible. Les pensées d’Alcestis étaient à ce moment précis, un désordre sans nom. La stratégie, bien qu’osée, fonctionnait du feu de Dieu, il avait désarçonné son adversaire.
Mais alors qu’il faisait mine de partir, elle l’attrapa par l’épaule droite, regardant le sol, elle serra les dents avant de prendre une grande respiration et de lever la tête vers lui. Alcestis faisait de son mieux pour retrouver son sérieux, elle le regardait dans les yeux puis lui répondit avec la plus grande honnêteté et un léger sourire aux lèvres. À l'instant T, elle était bien plus déterminée à remporter cette guerre des nerfs que de gagner les Jeux. À ce moment précis, le jeune homme qui lui avait accordé tant d’importance pendant la dernière année, et cette simple discussion avait une importance bien supérieure à celle du Panthéon Olympien et sa mère qui avait été si peu présente dans sa courte vie.
“C’est vrai, je l’admets, tu me plais depuis... Très longtemps, tu as du cran, tu es gentil, j’ai rarement vu un homme se battre comme toi. Et pour finir le tableau, tu es affreusement beau et sexy ! Tu ne te rends pas compte de l'effet que tu peux avoir sur moi, j'ai que dix septs ans, tu sais ? ! Et enfin, pour une raison que j’ignore, malgré toutes les fois où j’ai été odieuse avec toi, tu es resté. Je n’ai jamais compris pourquoi, mais tu es resté avec moi, n’importe qui m’aurait dit d’aller balader, mais pas toi. Mais je ne suis pas le genre de fille qui va tomber en pâmoison devant tes beaux yeux ! Même si c'est vrai qu'ils sont vraiment très beaux... Ne me prend pas n’importe quelle fille de Déesse Olympienne, donc maintenant TU vas me faire ta déclaration ! Non mais vraiment ! “
Elle était manifestement fort énervée, et pourtant elle arborée un large sourire, elle était contente d’elle, et cela amusé au plus haut point le garçon qui lui faisait face. Ce petit bout de femme le regardait dans les yeux, elle qui pourtant était si petite par rapport à lui refuser de se laisser intimider, et c’est aussi cela qui lui plaisait chez elle, cette hargne, cette vigueur. À ce point précis du temps, elle ressemblait à un chaton, mignonne, adorable même, mais qui faisait de son mieux pour se rendre intimidante.
Alors, amusé, il attrapa la demoiselle par les hanches et la plaqua contre lui. Il plongea son regard d’azur dans celui de la déesse et avant de passé à l’acte, il lui glissa un simple.
“ Tu parles trop, comme toujours”, et vint voler son premier baiser à la demoiselle qui se laissa volontiers faire. Surprise, mais heureuse, elle passa ses bras autour du cou de son amant comme si elle cherchée l’empêcher de fuir, l’empêcher de mettre fin à ce moment et fit de son mieux pour prolonger ce baiser, l’approfondir. Alcestis, qui se sentait aventureuse, vint ouvrir les lèvres et fut imitée par son ami, il ne savait pas trop à quoi s’attendre, mais les agissements de la dame l’intéressé. Et c’est après une seconde d’hésitation qu’elle vint plonger sa langue dans la bouche d’Askr et à nouveau, ils se mirent à danser, un ballet de feu, de passion. Autour d’eux, tout avait disparu, en fait, c’en était au point qu’ils n’avaient même pas entendu Amara exprimer sa joie derrière le buisson quand Himiko lui fit la description de ce qui se passait sous ses yeux.
Le baiser dura de longs instants, jusqu’à ce qu’enfin, Askr décide de lâcher la demoiselle et d’afficher un sourire satisfait. Cette fois, il avait gagné, la demoiselle était à la fois heureuse, émue et embarrassée au plus haut point, tant et si bien qu’elle se tourna et s’accroupit pour ne pas montrer sa gêne, ce qui eut pour effet d’amusé Askr. Elle était à bout de souffle, les joues brûlantes, elle se sentait ridicule, le baiser à la Grecque, elle ne le connaissait que de nom ou des dires d’Amara et cette fois, c’était elle qui l’avait initié.
“ Je crois qu’on a été suivis, et les écureuils qui nous observent semblent être particulièrement bavards “, en disant cela, il la lâcha puis se pencha pour se saisir d'un caillou qui traînait par terre. Avec un rictus sadique sur le visage, il jeta le caillou en direction du buisson derrière eux, et la pierre alla terminer son vol sur le crâne du pauvre Briccos qui sortit en vitesse de sa cachette. Ce geste était prémédité, il savait qu'il toucherait un crâne, et c'est le siens qui avait été touché ! Ce n'était pas juste ! D'autant que, à en croire ses dires, pour une fois, il n'était pas fautif !
Amara, elle sortit du buisson en vitesse et fila comme un éclair sur son amie qu’elle vint enlacer en riant, et comme toujours, elle était en larmes... La fille d’Aphrodite, à vraiment avoir la larme facile, enfin, elle était heureuse cette fois, on ne peut pas lui en vouloir, elle félicita les deux jeunes gens et exprima à Askr la surprise qu’avait été ce baiser.
“ Du coup, ça y est, on va avoir des bébés Askr et Alcestis ? Vous êtes ensemble ? Enfin ! “ Dit-elle à un Askr et une Alcestis qui ouvrit de grands yeux en entendant ça.
Ils se regardèrent l’un l’autre et se mirent à rire légèrement avant de répondre à Amara.
“ Euh...j’ai jamais été doué avec les enfants, et puis ça fait un peu tôt, on a le temps pour ça. “ Répondit Askr, réponse qui sembla décevoir Amara, elle qui s’attendait à voir sa meilleure amie baladée main dans la main avec Askr. Elle qui pensait les écouter se dire des mots doux et tout ce qui vas avec était pour le moins déçus de cette réponse à laquelle elle ne s’attendait pas du tout !
Mais la surprise ne l’empêcha pas de prendre les mains de ses deux camarades et de repartir en vitesse vers l’assemblée, pour se rendre devant les flammes. La, la demi-déesse se mit à danser avec tout l’enthousiasme du monde, complètement hors du rythme de la musique, mais cela n'emportait que très pour cette dernière, ce soir, était le soir ou elle oubliait l’année qui venait de passer, les souffrances étaient enfin derrière elle et elle ne comptait bien les oublier définitivement ! La fille d’Aphrodite dansa tant et si bien qu’elle ne prêtait même pas attention aux changements de musiques jouées par les Dieux. Mais Himiko, elle les remarqua, la fille du Soleil vint se saisir des mains d’Amara et l’invita à danser avec elle, comme vous vous en doutez, cette dernière ne se fit pas prier et suivit la danse de la dame. Himiko surprit tous ses amis, elle savait y faire, elle était douée ! Elle prenait même les devants ! Une main sur les hanches de la dame, l’autre dans la sienne, et elle la faisait valser devant les flammes, pas un mot ne fut échangé, simplement des jeux de regards et leurs corps qui parlaient pour elles. La shintô, qui d’habitude rougissait à la moindre remarque qu’elle considérait comme gênante faisait preuve d’une sensualité que seul Amara devait lui connaître. C'était comme si de l’adrénaline pure lui avait été injectée dans les veines, une machine bien huilée qui faisait tourner les têtes aussi aisément qu’elle faisait tourner son amie, elle était déchaînée et rien ne semblait pouvoir y mettre fin. Cette femme, dont le cœur palpitait à la vitesse d’un tambour de guerre, et dont les yeux étaient animés de la flamme de la passion faisait s'animer le feu de joie de l'Agora à chacun de ses pas, elle faisait danser Amara, et le brasero. Si cette attitude plaisait fortement à Amara, elle n'était pas du genre à se laisser balader telle une poupée de son, bien au contraire, chacun de ses gestes accompagnés ceux de sa partenaire à la perfection. Un rôle qui lui convenait à merveille, elle qui poussait toujours ceux qu’elle aimait à l’action, soutenait maintenant les actions de sa partenaire ! Une véritable pavane passionnée se déroulait sous les yeux des demi-dieux et en inspira beaucoup au mouvement, autour d’eux, tous sans exceptions s’étaient lancé dans la danse. Oh bien évidemment ils n’étaient pas tous des plus adroits, certains manqués même cruellement de talent, ou tout simplement de coordination, mais ils dansaient, ils vivaient, ce n'était pas grande chose, mais ces danses, chacun de ces pieds, ils étaient l'incarnation parfaite de la vie.
Annotations
Versions