Le lendemain

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Le lendemain matin fut des plus... Difficile, pour les uns comme pour les autres. Dans leur lit, les amoureux se réveillèrent bien après le lever du soleil, et cette fois, pas de Dux, sûrement, dormait-elle encore. Askr fut le premier à ouvrir les yeux et se mit à dessiner les courbes du visage de la dame avant de descendre sur le reste de son corps comme s'il cherchait à s’assurer que la vision qui se dessinait sous ses yeux était bien réelle. Ce contact qu’il avait voulu aussi doux que possible eu pour effet de la réveiller, manifestement cette caresse l’avait chatouillée plus qu’il ne l’espérait, elle ouvrit les yeux doucement, un sourire épanoui sur les lèvres. Elle le regarda quelques instants avant de refermer les yeux et de tenter de replonger dans le royaume de morphée ou cette nuit ne connaîtrait pas de fin. Askr en revanche, semblait en avoir décidé autrement, il vint dégager les mèches qui cachaient le visage de la dame avant de venir lui parler à voix basse.

-Debout jolie marmotte, le jour est levé depuis quelques heures maintenant, on va se faire pourrir par la Dux. 

-Je m’en fiche de la Dux, serre-moi contre toi comme tout à l’heure et rendors-toi, répondit-elle d’une voix encore endormie, les yeux encore collés.

La réponse d’Askr ne se fit pas attendre, il revint doucement embrassé son amie pendant que ses mains se faisaient plus intrusives.

“Tu es sûre de pas vouloir te réveiller un peut ? Je suis sûr qu’on peut trouver un terrain d’entente”

Et à cela, la réaction de la dame ne se fit pas attendre non plus ! Elle se réveilla presque immédiatement et se jeta sur ses lèvres avant de lui répondre.

“ Bon, tu peux juste me serrer contre toi, pas obligé de dormir, le sommeil pourra attendre. Tu sais… Je ne me suis jamais sentie aussi bien. “

Et à ces mots, ils étaient repartis... La couette tomba rapidement du lit et l’activité repris tout aussi rapidement.

Leur... Affaire terminer, ils sortirent de la tente une petite heure plus tard. Le soleil était déjà haut dans le ciel et pourtant, le Sanctuaire semblait désert, pas une âme qui vive. Profitant de cette rare tranquillité, ils firent un tour, ils partirent à l’exploration de ces endroits du sanctuaire qu’ils n’avaient pas visité depuis le réveil d'Askr.

Leur petite exploration commença par la forêt. Celle qui avait poussé au cœur de Sanctuaire pendant le coma du jeune homme. Au cœur du nouveau corps vert, ils firent la rencontre d’animaux qu’ils n’avaient jamais vus, de plantes dont ils ignoraient l’existence et des senteurs inconnus, sous ce ciel d’émeraude un monde dont ils n’avaient jamais entendu parler. Un monde protégé des fantaisies des dieux comme des hommes, le seul trouble-fête qui venait déranger ce tableau enchanteur était le vent qui venait faire danser les feuilles. Rien ne semblait pouvoir perturber ce tableau parfait, et pour la première fois depuis bien longtemps, rien ne vint briser le silence. Pas un mot ne filtra de la bouche des jeunes gens, ils marchaient sous le toit que seul quelques rayons de soleil parvenaient à percer, offrant aux fleurs et autres plantes aux couleurs oniriques la lumière qui leur était nécessaire pour s’épanouir. Chaque élément de ce décor enchanteur s’agençait parfaitement entre eux dans un ballet de couleur harmonieuse. Parfois, quand ils tournaient la tête, ils pouvaient apercevoir les habitants de ce lieu sacré qui les observaient et venaient voler ou escalader les branches au-dessus de leurs têtes, comme s'ils cherchaient à comprendre, qui sont et ce que font ces êtres qui foulaient leurs terres dans un silence quasi-religieux.

La prochaine étape fut la montagne, assez proche de leur maisonnée, sortie de la terre, une épine s'était arrachée de la peau du Sanctuaire après la défaite de l’infiltrer du Dieu Unique. L’ascension se fit lentement, mais sûrement, ils prirent leur temps, d’autant que la pauvre Alcestis ne semblait pas du tout habituée au froid des hauteurs et se mit rapidement à grelotter dans ses habits trop légers pour la température ambiante. Ne souhaitant pas que son amie n'attrape de saleté, Askr entreprit la descente de la montagne, Alcestis le suivit sans faire de manière, le froid ici n'était pas supportable pour elle, et après tout, ils pourraient bien revenir une fois qu’elle se serait habillé plus chaudement. Les peuples vivant dans des mondes aussi froids lui paraissaient à cet instant aussi étrange que les poissons des profondeurs de la mer.

À leur grande surprise, malgré l’heure, ils ne virent dehors que quelques personnes éparpillées, dont la Dux qui baillait encore devant son plat. Alors, voyant que Sanctuaire commençait à reprendre vie doucement, ils mirent le cap pour un endroit complètement isolé et finirent par atterrir dans une grotte. Une grotte ou plutôt un lieu qui s’en approchait. Le plafond de ce lieu féerique était ouvert en son centre, laissant passer les rayons du soleil qui venaient se refléter sur le lac au cœur de la grotte et les pierres qui couvraient ses murs polis. La lumière venait illuminer des murs de marbre froissé et des formes imitant celles de coquillage qui ferait jalouser Triton lui-même. Des colonnes de formes et de couleurs oniriques jaillissaient du sol, avec une beauté qui n'aurait rien à envier au plafond du Parthénon et qui se planter dans une mer de nuage emprisonné dans la roche au-dessus de leurs têtes. Par moments, une goutte d’eau venait faire vivre la surface de l’étang et faisait danser les reflets des pierres et du soleil dans un sublime et joyeux ballet de lumière. Cet endroit semblait sorti d'un rêve, ou d'un roman, il était bien trop beau pour être vrai.

Ils s’assirent là, pendant de longs moments, ils ne dirent rien, jusqu’à ce qu’Alcestis n’engage la conversation.

“ Au fait, je sais que c’est bizarre de demander ça maintenant, mais... Je ne sais pas grand-chose sur toi au final... Enfin sur ta vie avant le Sanctuaire... Tu veux bien qu’on en parle ? J’aimerais bien qu’on se connaisse un peu mieux, même si après la nuit dernière ça fait tard...”

“ Je te laisse commencer, répondit Askr, ça m’intrigue de savoir comment une aussi jolie fille s’est retrouvée à être aussi... Farouche, je sais qu’on dit que les roses ont des épines, mais celle-ci à des épées.”

A cette remarque Alcestis échappa un rire avant de reprendre la parole.

“Ok, pas de coup fourré, après tu me dis TOUT, même les trucs dont tu ne t’es pas fier ! Elle n’attendit pas de réponse et commença donc son histoire. Je suis, comme tu le sais, la fille d’Athéna et d’Asclépios, j’ai grandi à Athènes aux côtés d’Amara, c’est pour ça qu’on est aussi proche, elle et moi avons était élevée ensemble, par sa mère et nos pères. Aphrodite a été pour moi une mère exemplaire, parfois, je regrette de tant m’obstiner à vouloir rendre Athéna fière, elle qui ne s’est jamais comportement comme une mère… En grandissant nous avons beaucoup baladé que ce soit sur le territoire grec ou dans l’Olympe et a de nombreuses occasions nous avons visité les autres Panthéons, notre mère étant plus ou moins la porte-parole de notre Panthéon. Quand nous étions petites, lors d’une rencontre entre notre mère et ton oncle, nous avons pris le Bifrost pour ton monde, mais cette histoire, tu la connais déjà. En grandissant, j’ai passé beaucoup de temps aux côtés de ta mère, durant les visites d’Aphrodite à ton oncle...Que je comprends mieux maintenant, Dame Freyja nous surveillait, Amara et moi. Mais vers les 10 ans, les rapports entre le Nord et l’Olympe se sont tendu et ma mère se mit à visiter les tiens de moins en moins, je me suis donc inexorablement rapprochée des miens, et de ma mère. Honnêtement, j’aurais préféré rester du côté de ta mère, c’était quand même bien plus sympathique. Tous les jours, à partir de ce moment, j’ai cherché à être plus forte, toujours plus féroce, à être digne, digne de ma mère, digne de la tienne, digne de toi. C’est à cause de cette recherche de gloire que je me suis retrouvée dans l’un de mes plus gros problèmes. À quatorze ans, j’ai combattu dans l’arène contre un homme et l’ai ridiculisé, le combat fut d’une vitesse déconcertante. Mais ça ne lui avait pas plu du tout. Durant la nuit, cet homme s’est infiltré chez moi avec des camarades, et pendant que je dormais, ils se sont jetés sur moi. Tous ensemble, ils ont essayé de me retenir et déchiré mes vêtements, ils n’avaient aucune chance face à moi, pas la moindre chance de me faire du mal ou de réussir ce qu’ils voulaient faire, et pourtant, j’étais effrayée. Mon cerveau donné tout ce qu’il avait pour trouver une solution, c’est là que sans même m’en rendre compte, je fis appel à La Lance et l’Égide, ils étaient morts, tous, mais l’image de cette soirée est restée gravé dans ma mémoire... D’ailleurs, c’est à cause de ça hier, le coup de pied... J’suis désolée... Puis à seize ans, je suis arrivée ici, et tu connais le reste de l’histoire, je me suis rendue ridicule encore et encore, et me suis comportée comme une idiote. Mais malgré tout, la vie semble plus agréable, j’ai des amis, je mange à ma faim, je “ dors “ bien, et ma vie sentimentale se porte pas trop mal, tout va pour le mieux ! À toi maintenant ! Pas de coup fourré ! “

“ Avant de commencer, tu n’as jamais été ridicule, pas à mes yeux en tout cas, je t’ai toujours vu simplement comme une fille avec des problèmes. Quant au coup de pied, ne t’en fais pas, je ne t’en veux pas... Mais évite de recommencer, ça fait vachement mal... Ce qui t’est arrivé, je l’effacerais de ta mémoire, je ferais rouler la tête de tous ceux qui voudraient te faire du mal. Et pour ce qui est de ma vie, il n’y pas grand-chose à dire ; dit-il dans un rire, je suis né sur le Midgard, tu le sais déjà, ma mère est Freyja, et mon géniteur... Je n’sais pas, j’ignore s’il est mort ou s’il ne pouvait simplement pas s’occuper de moi, mais le fait est que ma mère me laissa quand j’étais petit sur le parvis d’une chaumière. Là, je fis la rencontre de mes parents, mais tu les connais également, avec eux et ma sœur, j’ai grandi au milieu de la ferme familiale, ce fut des temps plus qu’heureux, j’espère que tu pourras rencontrer mes parents, et ma petite sœur à nouveau... Bien que pour cette dernière cela risque d’être plus difficile. Quand j’eus grandi un peu, mon père m’emmena pour la première fois à la chasse, j’étais trop petit à cette époque pour prendre part réellement, mais j’appris vite et l’année qui suivit je devins plus ou moins le chasseur de la famille, en temps normal, le premier fils de mes parents auraient dû être à ma place, mais il est mort jeune, il n’aurait pas tenu l’hivers, trop faible. Donc nous avons grandi dans la douceur d’un foyer aimant, j’ai toujours su que je n’étais pas le fils de mes parents, mais ça ne m’empêcha pas de passer des moments fabuleux, toutes ces fois où ma petite Astrid venait dormir dans ma couche à cause de cauchemar, ça me manque un peu... D’ailleurs, en grandissant elle s’est mise à faire de plus en plus de cauchemar et à dormir dans ma couche. Un jour, alors que je chassais, j’ai entendu les voix de deux petites filles dans la forêt, j’ai accouru pour les aider, et une fois sortie de là nous avons passé l’après-midi à jouer au Draugr, une journée étrange, mais dont je garde le plus doux des souvenirs. Mais le destin est cruel, nos cousins du sud ont été massacrés par les fidèles de l’Unique et pour les venger, nous sommes entrés en guerre. Nous avons mené une campagne presque parfaite, jusqu’au jour où nous nous sommes attaqués à la capitale de l’ennemi, ce jour-là, ma sœur a rejoint les Dieux. Je suis fort, très fort, mais cette force ne m’a pas permis de la sauver. C’est ce que j’ai compris avec toutes ces choses, peut-être était-ce le dessein des Nornes. “

Attristée par l’histoire de son ami, Alce’ vint l’enlacer amoureusement puis lui offrit un doux baiser, lui offrant un triste sourire. 

- Je suis désolé pour ta petite sœur... Bien que je sois convaincue qu’elle ne te voyait pas comme un grand frère

- Qu’est-ce que tu veux dire ? Bien sûr qu’elle me voyait comme un grand frère, ça n’a aucun sens. 

- Mon cher, Cher Askr, une fille qui vient dans le lit d’un garçon qui n’est pas celui de son frère génétique, un beau garçon, fort, gentil et intelligent, tu penses sincèrement qu’elle faisait ça à cause de simple cauchemar ?

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