Un matin, alors qu’il se dirigeait vers son champ Askr sentit la terre qui se mit à trembler. Des pas lourds se firent entendre au loin, jusqu’à ce qu'enfin, après deux longs mois d’attente, il vît se lever Hrafnsmerki. Ses frères et sœurs avaient une fois de plus, traversait la grande voie et l’avaient rejoint sur ces terres hostiles. À sa grande surprise, Askr aperçut Astridir parmi les hommes. Et lorsque celle-ci vit son « frère » elle accourue vers lui et lui sauta au cou. Il lui avait semblé que cela faisait des années qu’elle ne l’avait pas vu. Et si lui était heureux de la revoir, il s’inquiétait également de la savoir ici. À ses yeux, elle était encore une fillette, une petite dame qu’il devait protéger. Mais comment le faire ici ? Quiconque prenant part aux raids savait que la mort pouvait frapper à tout moment. Que n’importe lequel d’entre eux pourraient rejoindre les dieux du jour au lendemain, que personne n’était à l’abri. Il ne savait que trop bien que les prochains combats seraient les plus violents, les plus vicieux et que tous ici seraient souillé par ceux-ci. Malgré tout, voir sa petite sœur le rendait heureux, et même si l’heure n’était pas aux retrouvailles, il l’enlaça tendrement, avec tout l’amour qu’un frère puisse offrir.

Mais le peuple du Nord venait pour faire payer le prix du sang versé, les jours de gloire de l’Unique touchaient à leurs fins. C’est sans attendre, qu’ils se mirent en route, la machine de guerre était lancée et rien ne saurait l’arrêté.

Ayant passé deux mois sur ces terres étrangères, Askr avait pris soin de repéré les faiblesses et les cycles de patrouilles des armées du Roy. Il avait observé ce peuple, ses coutumes, ses traditions. Il savait que chaque dimanche, ils se rendaient en un lieu où ils priaient leur Dieu. Durant ces prières, la ville était laissée presque vide, c’était à ce moment qu’il leur fallait frapper.

La première cible des assauts du Nord fut une petite ville qu’il leur servira de test pour leur nouvelle stratégie. Ils se cachèrent à l’ombre des arbres d’un bosquet à une centaine de mètres de la ville. Ils restèrent là, tapis dans l’obscurité. C’est alors que le soleil atteignait son zénith que les Chrétiens sonnèrent la sexte. Les cloches retentirent en chœur et annonçaient le début de la messe pour les fidèles présents, et avec celle-ci, le début des hostilités. 

Sa hache a la main et accompagné de ses comparses, Askr traversa la grande porte de la ville. Les rues étaient vides, tous se recueillaient dans cet édifice qu’ils nommaient “Église”. La première étape du plan était simple. Ils allumèrent des feux dans chacune des bâtisses, les flammes se reprendraient rapidement, les pierres éclateraient et les poutres céderaient, et profitant du chaos, ils surprendraient leurs ennemis. Le plan fut mis à exécution, et rapidement, la ville fut la proie des flammes.

Sentant l’odeur de fumée, les premiers Saxons sortirent du monument pour voir leur ville, les efforts qu’ils avaient fait pour la bâtir, partir en fumée, et devant eux, se tenant au milieu des flammes, les responsables, armes à la main. Ils crurent rêver, cette vision horrifique semblait irréelle. Tous furent massacrés lorsque celui qu’ils nommaient La Bête d’Or hurla. Gardes, paysans, seules les femmes furent épargnées, bien que nombreuses furent celles qui supplièrent la mort de les enlever. Cette guerre ne se terminera que lorsque chaque Saxon serait tombé. Elle ne se terminera que lorsque la chair des suivants de l’Unique serait dévorée par les corbeaux. À la manière de l’assaut du monastère, le massacre fut rapide. Les hommes de la ville firent de leur mieux et combattirent avec bravoure et détermination. Mais rien n’y faisait. Ils churent les uns après les autres tels des flocons de neige. Ils firent tomber l’église, fondre les croix et autres crucifix, donnèrent les reliques aux chiens et aux bêtes qui n’auraient pas fui les flammes. Les maisons furent rapidement reconstruites et grâce aux techniques apprises en observant les Saxons, les champs furent vite replantés.

 La cité fut renommée Jorvek. C’est ici qu’ils planifièrent leurs prochaines attaques, dont la plus importante, celle de Winchester. Mais avant de prendre la capitale, ils devraient l’affaiblir. La Northumbrie elle-même n’était pas encore complètement sous leur contrôle, ils devaient la soumettre pour attaquer les autres régions. Ils prirent quelques jours pour établir un plan et reprirent la marche. L’assaut sur Bamburgh était lancé. Le château sera mis à sac et son Roy décapité. Une fois la Northumbrie conquise, ce serait au tour de la Merci et du Wessex de tombée. D’après leurs estimations cela prendrait une année entière pour mettre les Saxons à genoux et reprendre ces terres au nom des dieux.

Par chance, leur première étape était parfaitement positionnée. Bamburgh se trouvait sur le bord de la mer, par conséquent, ils lanceraient un assaut sur deux fronts. Un groupe dirigé par Askr prendrait la voie de la terre et les attaquerait de front. L'autre prendrait la voie de la mer, le prenant en tenaille, ils diviseraient leurs défenses et rendraient plus difficile l'usage de scorpions et autres engins de guerre.