Quand ton terreau, c'est la haine…

La douleur ne te quitte jamais, alors tu te scarifies pour dévier le mal, tu cognes les murs jusqu'au sang, tu te crames des cigarettes sur les bras. Tu l'adores cette douleur. Elle couvre celle de ton âme. Tu te mets en danger. Tu escalades les murs glissants, tu descends les côtes en roller pour finir sur la route, tu traverses les ponts d'autoroute sur la rampe. T'as besoin d'adrénaline ! Et après, l'adré ne suffit plus. Pourtant, tu la nargues, la mort… Mais non elle ne vient pas te chercher.

Se levant de son bureau, Law prends sa tête entre ses mains, puis s'adosse au mur d'à côté. Elle se retourne pour se frapper le front contre cette paroi de plâtre. La plaque résonne comme une cloche dans son crâne :

— Sors. Sors. Sors !

L’enquêtrice se laisse tomber au sol, puis se recroqueville, tel un insecte pétri de douleur. Sa respiration s'intensifie. Brusquement, elle se relève comme une furie, s'agrippant à son bureau pour s’élancer en titubant vers la cuisine. Se jetant sur la dernière bouteille de whisky à moitié vide, posée sur la table, elle tire frénétiquement sur le bouchon et en boit le contenu au goulot. Mortensen balance le cadavre de verre dans l'évier. Elle reste un instant à observer la cuve d'acier, les yeux dans le vague. La jeune femme se sent possédée par des pensées qui ne lui appartiennent pas. Des pensées d'une autre sphère, d'un autre genre, d'un autre monde.