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— Attrapez-la !
Un cri résonna et fit sursauter la jeune femme. Elle grimaça en voyant la longue entaille que l’aiguille avait faite sur la peau de son partenaire, avant de tourner la tête précipitamment. Un gémissement échappa des lèvres de l’homme allongé à ses côtés quand il essaya de se redresser, attirant son regard.
— Ne bouge pas, je vais aller voir ce qui se passe.
— Hwang, fais attention...
Elle lui fit un clin d’œil, se leva et s’élança vers la porte qui menait à la seule pièce adjacente de leur repère, où se trouvait l’objet de leur mission. En posant une main sur l’arme à sa hanche, la jeune femme actionna la poignée doucement, espérant que la porte ne grince pas en s’ouvrant. Elle y jeta un coup d’œil et se figea. Trois hommes qui n’étaient pas censés être là se tenaient debout, dos à elle. Elle dégaina son revolver et pénétra brusquement dans la chambre, faisant sursauter les quatre personnes qui s’y trouvaient.
— Mademoiselle So, à terre !
Du coin de l’œil, la jeune femme vit une masse s’affaisser au sol dans un couinement et elle sourit. Après sept mois de protection rapprochée, il était temps que l’adolescente lui obéisse enfin. Hwang enleva le cran de sécurité de son arme et tira droit devant elle. Le projectile atteignit l’un des assaillants qui s’effondra dans un cri étranglé, touché à la poitrine. Avec un claquement de langue, elle en regarda un approcher encore debout et une matraque à la main, tandis que l’autre se dirigeait vers la fille toujours à terre. La jeune femme pointa son calibre entre les deux yeux de son opposant qui se figea. Il était peut-être plus grand et costaud que la femme qui lui faisait face, mais une balle était plus rapide. Résigné, il leva les mains, bientôt imité par son collègue. Hwang fronça les sourcils en s’approchant et cria quand un bras lui entoura soudainement la gorge. Sous la surprise, elle en lâcha son arme qui s’écrasa sur le parquet dans un bruit sourd. Elle se débattit en se tortillant pour se dégager alors qu'on la soulevait petit à petit du sol, le regard toujours fixé sur l’homme au bâton qui souriait d'un air malsain. Les trois hommes étaient pourtant toujours devant elle et celui qui la maintenait n’était pas dans la chambre quelques secondes plus tôt. La jeune femme frissonna en comprenant. Il y avait d’autres assaillants qui les attendaient, ce n’était pas un simple kidnapping. Manquant rapidement d’air, elle peina à prendre une grande inspiration avant de hurler à s’en déchirer les cordes vocales.
— Ji-ho !
Les coups de feu l’ayant déjà averti que quelque chose d’anormal se passait, le jeune homme passa rapidement le chambranle, un vase à la main. Il se précipita sur l’homme qui étouffait sa partenaire et lui abattit l’objet sur le crâne. Sonné, l’agresseur tituba et la lâcha avant de tomber à son tour au sol, une flaque de sang se répandant autour de sa tête. La jeune femme respira fortement les mains sur la gorge tandis que son collègue toisait du regard les deux hommes qui n’avaient pas bougés. De derrière, Ae Yeon pouvait voir le bandage monstrueux qui entourait la poitrine de son partenaire et son cœur se serra. Un mois déjà, qu’ils fuyaient à travers le pays pour échapper à leurs poursuivants et ils n’étaient pas aidés. Des groupes armés, des organisations privées ou mêmes des tueurs à gages, détenir des secrets nationaux mettait le petit groupe à rude épreuve.
— Ae Yeon, tout va bien ?
— On fait avec.
Elle toussota une dernière fois et se positionna à ses côtés après avoir récupéré son pistolet. Min Ji-ho, 26 ans et soldat depuis quatre. Ses cheveux noirs étaient plaqués en arrière par la sueur et le sang qui recouvraient le haut de son front, la majorité de son corps était recouvert de blessures. Ils s’étaient rencontrés il y a six mois quand la mère de So Hyo-joo leur avait demandé de protéger sa fille qui avait entendu des choses qu’il ne fallait pas dans le bureau de son père, l’actuel général en chef de l’armée coréenne So Dong-chul. Hwang observa les deux hommes, toujours figés et agita la main attirant l’attention de l’adolescente. Elle était la cible de son père depuis qu’il l’avait découvert et une fois sous leur protection, il avait vu ses secrets mis en danger. Hyo-joo se redressa lentement et contourna les deux hommes qui la regardait d’un air mauvais sur le visage. Jamais elle n’avait vu leurs visages lors des réunions que son père effectuait à même leur domicile sinon elle les auraient reconnus. C’était bien son problème, une mémoire photographique trop performante qui lui aurait valu un bon poste dans l’entreprise de sa mère s’il n’y avait pas eu l’incident. Elle se cacha derrière ses deux gardes du corps et recula en même temps jusqu’à atteindre l’autre pièce. Min Ji-ho s’empressa de fermer la porte à clef et Hwang Ae Yeon ouvrit leurs sacs pour y fourrer toutes leurs affaires en catastrophes. Ils étaient sur le départ. La jeune femme regarda l’adolescente l’aider dans sa tâche tandis que le garde enfilait sa chemise, elle aussi de camouflage, avant de tourner brusquement la tête vers la porte d’entrée. Terrifiée, Hyo-joo se mit à trembler et lui attrapa la main.
— Ils sont vraiment déterminés, n’est-ce pas ?
— Pour nous avoir retrouvé ici, oui.
Ji-ho posa une main rassurante sur son épaule et elle lui sourit. Sa mère avait embauché les deux meilleurs soldats de l’armée, qui n’avaient pas hésité à coopérer ensemble alors qu’ils étaient de deux unités différentes, pour une petite mission de protection rapprochée bien loin de leurs missions habituelles.
— Merci.
—Remercie-nous quand on sera enfin en sécurité.
Elle hocha la tête en souriant. Ils étaient jeunes, mais l’expérience se faisait sentir dans leurs gestes et paroles. Quelques secondes supplémentaires et leur bagage était fait. Ils se tenaient devant la porte, sur leurs gardes. La jeune fille les regarda se faire des gestes qu’elle commençait à comprendre à force de vivre chaque instant avec eux depuis quelques temps et elle se cacha automatiquement derrière le dos de l’homme quand il lui fit signe, un instant avant qu’Ae Yeon ouvre la porte et ne tire presque instantanément. Des répliques la firent sursauter, mais le silence la prit bientôt de court et Ji-ho lui attrapa la main, attirant son regard.
— A trois on court. Prête ?
— Non.
— Très bien.
Il sourit et leva ses doigts l’un après l’autre. Quand le troisième apparut, leurs jambes se mirent en mouvement et ils se précipitèrent dehors. Ils dévalèrent en même temps la dizaine de marches qui les séparaient de l’emplacement de leur voiture, dissimulée par le saule pleureur à proximité, et y entrèrent, essoufflés. Ji-ho se mit à l’avant et Ae Yeon à l’arrière pour rester à côté de l’adolescente. Ne perdant pas plus de temps, le garde démarra en trombe et sortit de l’allée de la maison dans laquelle ils se trouvaient encore quelques minutes plus tôt. Grâce à l’absence de lumière, il perçut rapidement le véhicule qui se mit à les suivre et appuya sur la pédale d’accélération. Il devait les semer rapidement avant de se rendre à leur prochaine planque, en espérant qu’elle n’a pas déjà été découverte. Un coup d’œil dans le rétroviseur le crispa. Un homme venait de passer sa tête par la vitre et sortait désormais son bras, armé.
— Baissez-vous !
Les coups de feu se mirent à pleuvoir et Hyo-joo se pencha sur les jambes d’Ae Yeon qui la cacha de son propre corps. Heureusement, les balles ne touchèrent que la carrosserie, qui résista, et les vitres blindées, qui firent leur travail. Il soupira de soulagement et déboucha sur une route étrangement peuplée pour l’heure tardive. Avec la vitesse, le virage fut plus long que prévu et la voiture en percuta une autre qui s’encastra dans les barrières de sécurité. Il marmonna un désolé avant de reprendre le contrôle du véhicule en grimaçant. Avec cette simple erreur, leur poursuivant venait de rattraper leur retard. Il appuya à nouveau sur la pédale et commença à slalomer entre les voitures, de plus en plus rapprochées les unes des autres. Il fut forcé de ralentir pour ne pas percuter d’autres automobilistes, mais celui qui les suivaient ne montrait aucune sympathie. Il percuta les voitures qui le gênait et tamponna le derrière de la leur. L’airbag du volant se déclencha, ce qui déstabilisa Ji-ho. Poussant un juron, il l’arracha et redémarra, mais leur suiveurs avait un autre plan. Le garde fronça les sourcils, regarda la voiture prendre du recul avant d'accélérer subitement. Encore trop lent pour l’éviter, il se cramponna au siège, en hurlant aux filles de s’accrocher et attendit le choc. Il le sentit dans tout son corps. Sa tête heurta le volant, désormais privé de sa sécurité, et il sombra dans l’inconscience après avoir entendu des cris derrière lui.
Ae Yeon ouvrit difficilement les yeux quelques minutes plus tard et grimaça. La vision voilée par ses cheveux, emmêlés et poisseux de sang, qui lui retombaient devant les yeux, elle essaya en vain de se redresser, mais une masse lui comprimait la poitrine et elle ne sentait plus ses jambes coincées sous le siège avant de la voiture. Elle dégagea d’un geste ses mèches et découvrit les nombreuses plaies, bien que superficielles, qui recouvraient son visage. La jeune femme soupira et regarda à travers la vitre du véhicule. Sa mémoire semblait avoir du mal à rassembler les morceaux des événements avant sa perte de conscience même si certains détails ne manquaient pas d’essayer de lui rappeler, comme les nombreuses voitures accidentées autour de la leur. Étonnement, seul le pare-brise était brisé, les autres fenêtres ayant tenu le choc de leur accident même si les portières étaient dans un très mauvais état.
— Ae Yeon, ça va ?
Elle tourna brusquement la tête, lui provoquant un tournis passager et dévisagea Ji-ho. Lui non plus n’avait pas été épargné, son visage était recouvert de sang et l’un de ses yeux semblait ne pas vouloir s’ouvrir correctement à cause de son arcade enflée.
— Ça pourrait aller mieux…
Elle regarda le siège qui lui écrasait les jambes et Ji-ho assis dessus. La jeune femme allait lui demander de se décaler quand elle gémit de douleur. La masse qui lui comprimait la poitrine bougea pour se relever en s’appuyant plus fortement sur elle. So Hyo-joo cligna des paupières plusieurs fois avant de crier en découvrant l’état de ses deux gardes du corps.
— Vous allez bien ?
Ils hochèrent la tête même si elle voyait très bien le contraire. L’adolescente observa l’extérieur en soupirant.
— Je ne serai jamais tranquille…
— On est là pour que tout se passe bien.
Elle regarda Ji-ho qui essayait de la réconforter avec un semblant de sourire tordu et le remercia en fronçant tout de même les sourcils. Ils fuyaient depuis des mois et ils étaient physiquement, comme mentalement, à bout. Hyo-joo se tourna vers sa portière qu’elle essaya d’ouvrir en vain. Elle fit le même constat qu’Ae Yeon avec les portes et se renfrogna en s’enfonçant dans son siège. Ils sursautèrent soudainement quand un crissement de pneus parvint à leurs oreilles. Ils s’écrasèrent dans leurs sièges en se fixant du regard. D’autres personnes venaient finir le travail ? Ji-ho risqua un œil par la fenêtre et grimaça. Il se retourna et se mit à chuchoter, si bas qu’Ae Yeon eut du mal à comprendre.
— Est-ce que vous pouvez bouger ?
Si Hyo-joo acquiesça vivement, Ae Yeon essaya de mouvoir ses jambes une nouvelle fois, mais toujours aucune réponse ni sensation. Elle secoua la tête en pointant le problème à son partenaire qui s’empressa de changer de siège en s’excusant, mais rien n’y fit. Elle regarda d’un œil noir le siège qui refusait de bouger malgré les efforts des soldats avant de braver à son tour le danger en observant l’extérieur. Deux voitures venaient de se garder pas très loin de la leur, et plusieurs hommes en sortaient avec des armes peu conventionnelles dans les mains. Ae Yeon regarda en déglutissant les longues barres de métal qui frottaient contre le bitume ainsi que les lourdes battes qu’ils s’amusaient à se passer de main en main. Ils n’étaient pas là pour plaisanter. La garde du corps colla son dos au siège en tremblant et observa ses compagnons de fuite. Aucun n’était en état de se battre ou même de fuir.
— Ne nous regarde pas comme ça ! Ce n’est pas encore fini, on va s’en sortir comme toujours…
Malgré le ton rassurant qu’il essayait de se donner, pour se convaincre principalement, ses yeux le trahissaient. Leurs chances de survie étaient très faibles.
— Allez-vous-en !
Ji-ho se figea et fixa Ae Yeon qui lui pointait du doigt le pare-brise.
— Si… Si tu le brises vous pourrez vous enfuir et…
— Jamais.
Elle sursauta et sentit les larmes lui monter au nez. Les sentiments étaient censés êtres exclus, mais savoir que le jeune homme ne voulait pas l’abandonner, malgré la situation, la touchait. Alors qu’ils se regardaient, elle entendit plusieurs ricanements et le raclement des barres contre le sol la fit frissonner. Elle sursauta quand ils apparurent devant les portes de grands sourires collés à leur visage. Ae Yeon les regarda faire l’état de la voiture avant de donner plusieurs coups à la carrosserie avec leurs armes de fortunes, les crispant un peu plus. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils essaient de forcer les portes. Les sept hommes, après les avoir compté attentivement, tentèrent finalement d’ouvrir les portières, dans un grognement rageur quand ils se rendirent compte qu’elles étaient bloquées. Hyo-joo se rapprocha du siège central en s’agrippant au bras d’Ae Yeon, un air apeuré sur le visage, tandis que Ji-ho empoignait discrètement son arme à feu à sa hanche. La jeune femme chercha la sien mais il semblait avoir glissé sous le siège qui lui bloquait les jambes. Elle pesta contre le meuble, s’imaginant déjà folle d’insulter un objet, avant qu’un bruit sourd ne la fasse vibrer. Ils avaient réussi à ouvrir une porte. Ae Yeon s’accrocha à l’adolescente qui se mit à hurler quand les hommes essayèrent de la tirer hors du véhicule. Les autres portes cédèrent et elle ne put retenir plus longtemps Hyo-joo puisqu’elle-même était tirée violemment du véhicule. Ses jambes accusèrent le coup d’être arrachées subitement de sous le siège et elle cria. Les yeux embués, elle regarda Ji-ho être sorti de force de la voiture et jeté sans ménagement au sol, son corps raclant le béton avec force.
— Ji-ho !
Elle fut poussée à son tour et gémit quand ses jambes heurtèrent le sol. Au moins, elle ressentait de nouveau la douleur, une fois libérée du siège, mais elle était toujours incapable de les bouger. Elle jeta un coup d’œil à l’adolescente qui se débattait faiblement et qui se prit une gifle si intense qu’elle tourna de l’œil instantanément avant de s’écrouler à son tour sur le béton. Ae Yeon remarqua qu’ils étaient séparés de quelques mètres chacun, ne pouvant se venir en aide les uns les autres, même si dans leurs états ça leur était impossible. Les hommes essayèrent de la mettre à genoux, mais n’étant plus maître de ses hanches en plus de ses jambes, elle tomba sur le côté, se retenant avec les coudes qui heurtèrent le bitume.
— Traîtres…
Levant les yeux au ciel, l’un d’eux l’aida à tenir droite pour que l’autre puisse efficacement lui coller son poing dans la figure.
— Et ça se dit garde du corps… Ça ne tient même pas debout !
Sonnée, sa tête bascula sur le côté et elle jurerait avoir entendu ses cervicales craquer en plus d’un cri de détresse. La vision floue par la douleur, elle regarda néanmoins Ji-ho maintenu à terre à plat ventre, une barre en métal posée négligemment sur l’arrière du crâne. Son arme ne lui avait finalement servi à rien puisqu'elle avait été arrachée presque instantanément. Un couinement lui échappa quand elle reçut un coup de pied dans l’abdomen, la penchant en avant et rendant le peu qu’elle avait dans l’estomac sur les chaussures de son bourreau. Elle entendit un cri de rage et ricana avant de finalement s’écrouler de nouveau après un deuxième coup à la tempe. Allongée au sol et l’esprit cotonneux, seuls ses yeux étaient fixés sur la silhouette désormais floue de Ji-ho. Elle sentait les coups pleuvoir sur sa personne, mais son cerveau semblait s’être déconnecté pour ne s’occuper que de l’homme qui lui faisait face à quelques mètres d’elle. Si son corps était trouble, son visage lui, était très net et Ae Yeon ne pouvait ignorer les larmes qui coulaient sur ses joues ainsi que les hurlements qu’il répandait sur les lieux de l’accident, qui lui revenait d’ailleurs en mémoire. Avoir échappé à un assassinat dans leur refuge, puis à une course-poursuite en percutant les poursuivants pour ensuite se retrouver face à leurs renforts. Ils auraient dû continuer leur route. Elle ferma les yeux, oubliant tout pendant un instant, et les rouvrit en entendant un bruit qu’elle n’avait jamais été si contente d’entendre. Les sirènes de police se rapprochaient rapidement d’eux et, comme shooté à l’adrénaline, Ji-ho se redressa malgré les trois hommes qui tentaient de l’immobiliser à coup de barre en métal ou bois. Le garde en mit un hors d’état de nuire en moins d’une seconde avant de recevoir un énième coup au niveau de la nuque cette fois qui le fit tituber. D’une démarche hésitante, il s’approcha d’elle, le regard voilé par une souffrance qu’Ae Yeon ne lui avait jamais vu.
— Ji… ho…
Voulant fuir rapidement, les hommes remontèrent dans leurs voitures. Ils embarquèrent So Hyo-joo qu’aucun des gardes ne pouvaient désormais protéger. Elle le comprit en voyant les deux jeunes gens à l’agonie dans la rue. Dans un sourire triste, elle suivit docilement ses ravisseurs, sachant pertinemment ce qui l’attendait. Elle souhaitait que ses deux gardes s’en sortent avec l’arrivée de la police. Hyo-joo monta dans l’une des voitures et son regard se fit attirer par l’objet qu’un des hommes tenait dans sa main. Elle blêmit et s'apprêtait à crier quand une main se plaqua sur ses lèvres. Abattue, elle regarda, les larmes aux yeux, l’homme lancer sa grenade après y avoir enlevé la goupille, et la voiture partit aussitôt pour s’éloigner de la future explosion.
Les yeux grands ouverts, Ji-ho et Ae Yeon observèrent entrer dans leurs champs de vision la petite bombe. Le garde se mit à courir, tous ses muscles se tendant sous l’effort que son corps ne pouvait plus lui fournir, les pupilles fixées à celui de sa partenaire, qui le regardait aussi, mais vides de la moindre expression. Ae Yeon le vit approcher comme au ralenti, et bien que son esprit lui criait de partir, son corps ne bougeait pas. Elle le voyait se rapprocher lentement, et c’est lentement qu’elle vit l’objet faire son devoir. L’explosion retentit et le souffle la propulsa à quelques mètres, une voiture retournée arrêtant son parcours. Le choc lui coupa la respiration et sa vue se troubla. Comme à travers un oreiller, elle entendit une dizaine de voix mêlées aux sirènes qui se rapprochait d’elle. La jeune femme n’était que douleur maintenant que toutes ses sensations lui revenaient de plein fouet, pourtant elle se laissa manipuler par ce qu’elle savait être des ambulanciers, se fichant totalement de son état. Après tout, elle était blessée, leur mission avait échoué lamentablement et elle avait vu son partenaire se faire souffler par l’explosion. Sa vie était désormais fichue en plus d’être anéantie mentalement.
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