Chapitre 3 – Ma transformation
Je me réveillais en hurlant, mes veines étaient en feu, mon cœur battait à tout rompre, je suis à grosses gouttes. Je sentais alors le métal froid d'une aiguille enfoncée dans la chair de mon bras, un liquide bleu coulait d'une perfusion suspendue au-dessus de mon lit. Je regardais autour de moi pour découvrir l'infirmerie du Shadow of the Seas. Je relevais vivement mon buste pour tenter de m’asseoir et je le regrettais aussitôt, mes poumons en feu, un pincement me remontant le long de la colonne vertébrale.
« Ne bougez pas, le traitement n'est pas terminé. »
Je levais les yeux en direction de cette voix nasillarde, je découvrais le visage blême d'un homme imberbe, un visage sec, des veines apparentes sur son crâne lisse, des yeux rougeoyant comme deux braises enfoncé sous des arcades proéminentes. Il était vêtu d'une blouse blanche, il avait des gants blancs et un masque de chirurgien pendait sous son menton aigu.
« Vous êtes ? »
« Je suis le Docteur Borodine, le médecin de bord. »
« Qu'est-ce que je fais là ? »
« Vous avez perdue connaissance, vous étiez en hypothermie suite à votre petite escapade en haute mer. » Me dit-il en arborant des dents jaunes et effilées.
Je n'avais aucune envie de rester là avec ce personnage qui avait plus l'allure d'un croque-mort que d'un véritable médecin.
« Je me sent mieux, est-ce que je peux partir ? »
Il regarda l'appareil affichant mes constantes vitales puis il s’approcha de moi et m'examina de ses yeux rouges sang.
« Vous semblez bien supporter le traitement, vous n'en avez plus que pour une heure après je vous libère, mais vous devrez revenir pour recevoir d'autres injections. »
« D'autres injections ? »
« Oui, vous avez failli mourir dehors, vous avez besoin d 'un suivi. »
J'étais encore dans le patté et je ne faisais pas vraiment attention, j'attendais donc. Quelques minutes avant que le Médecin ne me libère la silhouette lumineuse de Ingrid apparue à la porte de l'infirmerie. Elle me souriait de ses petites lèvres rose.
« Je viens te chercher, Borodine te libère enfin. »
A peine je passais la porte de notre cabine que Ingrid me prit dans ses bras, j'étais un peu gênée mais sa bienveillance, sa gentillesse désarma tout appréhension. Elle me lâcha et lorsque je découvrais son visage il arborait un regard dur que je ne lui connaissais pas, elle fronçait ses sourcils d'un air sévère.
« Tu te rend compte de ce que tu as fait ? »
« Je voulais juste partir de ce navire de fous ! »
« Tu aurais pu mourir ! »
« Et alors qu'est-ce que ça te fait ? Au moins je n'aurais plus été un poids pour toi ! »
« Ne dit pas des conneries ! Je suis… tu es… de ma famille. Tu te rends compte de la peur que j'ai eu ? »
Je prenais subitement conscience que Ingrid prenait vraiment à cœur son rôle de chaperonne, elle me considéré réellement comme un membre de sa famille et elle tenait à moi. Je me sentais une nouvelle fois gênée de cette relation étrange, de ce lien dont je n'avais jusqu'alors pas eu conscience. Je répondais alors embêtée :
« Je suis désolée, mais je ne veux pas être ici tu comprends, ce n'est pas contre toi, tu es la seule chose de bien qui me soit arrivée ici mais... »
« Ne refais jamais ça, je veillerais sur toi. »
« d'ac..d'accord. » dit-je d'un ton désolée.
Les semaines qui suivirent je devais me rendre à l'infirmerie en plus des entraînements, je recevais des injections de ce liquide bleu. Mais après chacune de ces injections je souffrais le martyr, mes veines charriaient un feu liquide, mes muscles me brûlaient, mes articulations craquaient. J’avais aussi de véritable fringale, à tel point que ma principale activée lors des temps libres était de manger. La nuit j'étais agitée, j'avais des suées subites et de terribles courbatures qui me réveillaient. Au fil des jours je devenais plus rapide et plus agile, je me sentais comme jamais auparavant, capable de prouesses insensées. Je m'étais bien rendu compte que Borodine faisait autre chose que simplement me traiter pour une hypothermie. Mais le dégoût et la crainte que m'inspirait cet homme bloquaient toutes les questions et les protestations que j'avais. Cependant ce traitement influencé aussi mon caractère je devenait plus confiante, plus sûre de moi et parfois j'avais même des pulsions agressives, des pulsions de mort. Après une nuit de souffrance terrible je me décidais enfin à aller le voir, à lui dire où il pouvait se mettre son traitement de merde. Je partais jusqu'à l'infirmerie de bord les poings serrés. Lorsque j'arrivais sur les lieux mes phalanges étaient blanches et mes veines ressortaient sur mes avant-bras. J'ouvrais si violemment la porte de l'infirmerie qu'elle frappa la paroi à pleine force. Borodine sursauta et se retourna vers moi.
« Anya ?! »
« Que m'avait vous fait ? »
« Pardon ? »
« Ne me prenez pas pour une idiote, je suis plus rapide, plus forte qu'avant. »
Il sourit d'un air satisfait.
« Vous avez dû réaliser que vous n'étiez pas à la hauteur ici... »
« Merci mais non, comment avez-vous osez me faire ça sans mon consentement ? »
« Vous aviez besoin d'un coup de pouce, et puis ce n'est pas comme si nous avions le choix ici. »
« Toujours les ordres, la contrainte. »
« Exactement, j'ai reçu des ordres d'en haut. »
« Et ces injections ? »
Un traitement expérimental. »
« Quoi !? » Je m'avançais d'un air menaçant. Il recula jusqu'à son bureau.
« Mais vous l'avez bien supportée. »
« J'ai souffert le martyr, mes muscles me brûle et j'ai vomit toutes les nuits. Donc non je ne supporte pas bien votre traitement. »
« Vous êtes vivante. »
D'un bond je l'attrapait au col de sa chemise.
« Vous par contre... »
« Hola ! calmez-vous, je ne faisais que suivre les ordres et puis je n'ai fait que révéler votre potentiel. »
« Pardon ? »
« Ce traitement est un virus à matériel génétique qui m'a permis de réveiller des sections latentes de votre génome. »
« Quoi ? »
« C'est un virus qui a comment dire, permit d'exprimer votre héritage génétique familiale, vous avez maintenant les avantages de la lignée de votre mère, la lignée anglo-normande, vous êtes maintenant plus rapide et plus agile. » Effrayée de cette nouvelle je répondais du tac au tac :
« Et je vais devoir boire du sang ? »
« Non, vous n'avez que les avantages, votre système digestif ne vous permettra jamais de vous nourrir de sang. Par contre vous devrez manger suffisamment pour couvrir les nouveaux besoins de votre corps. »
« Et bien j'ai une info pour vous, ce traitement miracle c'est terminé ! »
« Ok ok de toute façon vu votre état je pense que ce n'est plus nécessaire. »
Je le repoussais d'un geste nonchalamment et il s’effondra devant son bureau.
« Ne m'approchez plus, ne me touchez plus ou je vous jure que vous le regretterez ! »
Borodine sourit en se relevant.
« Vous n'en aurez plus besoin avant longtemps. »
« C'est ça ! »
Puis je tournais les talons et je quittais cette infirmerie de malheur.
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