II - Araignées
De retour dans la réalité, dans la Fosse.
La nuit soufflait ses affres, charriant des odeurs nauséabondes. Seule la pâle lumière des étoiles enveloppait les alentours.
Les larmes coulaient tel un torrent sans brides, détruisant ses barrières avec une facilité déconcertante. Fut un temps où Henry aurait contenu sa souffrance, sa tristesse, son malheur. Fut un temps où il aurait tout fait pour paraître le plus fort, le plus optimiste. Fut un temps où il devait faire bonne figure et rassurer sa famille, ses amis.
Mais maintenant il était seul. Seul parmi un grand nombre de perdus, de rejetés de la nouvelle société.
Il se leva de son matelas éclaté, fit craquer son dos, gratta sa barbe hirsute, puis alla à la fenêtre encrassée qu’il essaya de nettoyer pour mieux voir l’extérieur. Des décombres à perte de vue, des créatures difformes. Elles rampaient, sautaient, roulaient, volaient.
Un corps bossu surgit à l’angle de la rue, une gueule avec des crocs aiguisés comme des lames de rasoirs et six longues pattes poilues. Puis deux, puis trois… Des araignées qui n’avaient rien à envier aux vieux films d’horreurs dont il se rappelait vaguement.
L’une d’elles courrait après une petite silhouette qui trébucha et s’écorcha sur le bitume brisé.
Une voix fluette, féminine. Un cri inhumain. Un bruit de mastication.
Henry détourna le regard, ravala un sanglot et mordit sa main pour éviter de crier. Il fallait qu’il reste silencieux, s’il voulait survivre une nouvelle nuit. Il devait se rendormir malgré tout, pour être en forme à son réveil et rejoindre la Colonie.
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