Henry ne pouvait fermer les yeux, la vision du corps déchiqueté de la petite fille hantait ses pensées. Il ne comptait plus le nombre de cadavres qu’il avait dû croiser, enjamber et même manger. Malgré lui, il revit les premiers instants de la fin de la vie.

Depuis ce jour où les grandes nations avaient décidé d’entamer la troisième guerre mondiale à coup d’armes bactériologiques, nucléaires et numériques, le monde s’était éteint, comme si Dieu avait coupé la lumière. Les réseaux s’étaient effondrés, les sols contaminés par les retombées avaient craché des créatures difformes, et les humains qui avaient inhalé ou avalé les poussières infectées mourraient dans la seconde et redevenaient des animaux dans un monde où la noirceur jonchait chaque centimètre de terre. Mais le pire était apparu quelques jours après : la Fissure, les tombes s’étaient ouvertes, les morts avaient repris vie.

Henry refit surface dans le présent et se mit à gémir.

En journée, les Morts-Vivants erraient à la recherche des survivants, faisant équipe avec les Infectés. Des squelettes et des monstres de chairs, main dans la main dans le seul but de dévorer les Vivants. Le seul moyen de leur échapper était de viser la tête ou de la couper. La nuit, à la surprise générale, ils disparaissaient et revenaient le lendemain. A ce moment-là, les créatures régnaient en maître et parcouraient les villes du monde en quête d’une pitance sanglante.

Alors que les premières lueurs du jours pointaient timidement à l’horizon, Henry s’habilla et, le masque vissé sur le nez et la bouche, décida de prendre le Chemin de la Désolation, le seul passage vers la Colonie.