• Non !
• Quoi ? Pourquoi ? Tu veux en finir, je fais pareil. A quoi bon résister ? C’est pas comme si ça fait des années qu’on se bat pour survivre…
• Mais je… mes bébés, mes anges !
• Ils sont dans un meilleur monde, il faut que tu vois ça comme ça. Au moins ils sont en sécurité là-bas. Et tu les retrouveras bien assez vite. Tu sais, continua-t-il en rangeant le poignard, je n’ai jamais cru à aucune religion, mais je me dis qu’il y a forcément un après bien meilleur où le temps passe différemment. J’ai perdu ma femme et mes enfants moi aussi, et j’en souffre encore. J’avais commencé à lâcher prise, je voulais retrouver la Colonie mais j’espérais en fait me faire bouffer. Puis je t’ai rencontré…
• J’étais… j’étais très croyante, se reprit-elle en réprimant un nouveau sanglot et en lui caressant la joue du bout des doigts. Je ne sais plus quoi penser… Si quelqu’un de plus grand nous a créé, pourquoi laisser tout ça arriver ?

Ils discutèrent de longues minutes, durant lesquelles le débat sur la religion et la croyance prit le pas sur le chagrin de Maria.

• Eh ben ! fit Henry. Pour une fois que parler de tout ça n’amène pas à des disputes.

Maria émit un léger rire puis prit Henry dans ses bras en enfouissant son nez dans son cou. Ils restèrent quelques temps dans cette position. Pour eux, seules quelques secondes étaient passées, et pourtant lorsqu’ils revinrent à la surface, la réalité les happa : c’était déjà la nuit et déjà des grognements et des raclements leur parvenaient de dehors.