XIX - Dodu
Après la jouissance vint la faim, une faim intense accentuée par la certitude d’être en vie. Tout sourire, Henry ouvrit le van avec précaution et aperçut un lapin dodu gambader, malheureusement il n’avait pas d’arc pour pouvoir l’attraper. Ils allaient encore devoir se contenter d’une boîte de conserve.
Tout en longeant l’autoroute, Henry et Maria mangèrent leur dernière boîte de conserves et burent la totalité de leur eau. A chaque voiture qu’ils croisaient, ils regardaient à l’intérieur, dans l’espoir de trouver un petit quelque chose.
Dans une vieille Peugeot bleue aux vitre brisées, ils trouvèrent un sachet entamé de gâteaux aux myrtilles. Dans une camionnette aux pneus crevés, quelques cannettes de bières chaudes. Entre les véhicules, des taches de sang, plus ou moins grandes, des bouts de chair, des membres. Les créatures étaient passées par là.
- On ferait mieux de se dépêcher, fit Henry après une bonne heure de marche.
- Oui, on est pas loin… Stop !
Devant eux, un groupe d’une dizaine d’Infectés. Leurs peaux parcheminées pendaient, ils bougeaient leurs bras décharnés à grande vitesse tandis qu’ils dépeçaient un pauvre homme. Celui-ci hurlait à chaque coup. Un bruit ignoble de succion emplissait l’air, des gerbes de sang jaillissaient. Des lambeaux de peaux voletaient dans les airs et s’écrasaient sur le sol. Maria mit une main devant sa bouche, réprimant un haut-le-cœur et Henry la prit dans ses bras pour la forcer à détourner les yeux. Ils allaient devoir être silencieux. Dans un souffle, il chuchota :
- On recule, lentement…
La tête mâchouillée de l’homme qui se faisait dévorer atterrit à leurs pieds. Maria ne put retenir un cri. Les Infectés s’arrêtèrent et se tournèrent vers eux.
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