XXII - Rugueux
Le ciel restait stoïque, il ne pleuvait plus, le soleil avait disparu, les nuages s’assombrissaient. Dans la vase, Henry et Maria nageaient en employant toute leurs forces, quelques poissons s’approchaient, des gros aux écailles multicolores, d’autres plus petits aux nageoires piquantes qui tentaient de les blesser.
Ils prirent quelques pauses durant le trajet, la respiration haletante et les muscles endoloris. Alors que l’espoir était sur le point de les abandonner, ils virent la Désolation à l’horizon. Une terre desséchée, sur laquelle une pluie noire tombait constamment. Plissant les yeux, ils rabattirent leur capuche et aperçurent d’innombrables masses se mouvoir en long et en large.
- On a réussi, on a gagné du temps, s’écria Maria en embrassant Henry. Je ne pensais pas qu’il y aurait un aussi grand comité d’accueil.
- Oui, maintenant il va nous falloir redoubler d’attention ! J’ai jamais été dans la Désolation, mais j’ai connu des gens… Et même s’ils ne voulaient pas en parler, ils m’ont dit qu’il y avait des endroits où on pouvait se protéger, donc ça va le faire ! fit-il en lui rendant son baiser.
Lentement ils sortirent de l’eau et rampèrent le long d’arbres éclatés. L’obscurité régnait en maître sur les lieux, la nuit semblait ne jamais se dissiper. L’air était empli de râles rauques, de hurlements graves et aigus.
- Tiens, chuchota Maria, regarde là-bas !
Elle pointait du doigt une sorte de bicoque aux tuiles usées.
- Allez, viens Henry. Je suis sûr qu’on va pouvoir se reposer à l’intérieur avant de reprendre la route.
Henry ne répondit pas, ses oreilles bourdonnaient, sa langue devenait pâteuse. La fièvre brûlait tout son corps ; ses doigts devenaient rugueux.
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