En souvenir d'André
Il était autrefois grand ami de mon père
Qui n'avait d'ennemi que l'orgueil des puissants,
Mais qui travailla tant durant sa vie entière,
Que pour autre amitié il n'eut guère de temps.
Son père avait été sabotier au village,
Il avait habité tout près de la rivière
Cette grande maison qui, à travers les âges,
Avait appartenu à maints propriétaires.
C'était un voyageur : il parcourait le monde,
Et il nous écrivait, sans faute, de partout :
De Tolède ou Cuba, de Nantes ou bien d'Oxford,
De Panama, Bombay, Nevers ou Tombouctou...
Il revenait pourtant chaque été parmi nous,
Pour voir si l'eau coulait toujours au pont de bois,
Partager un repas en se gavant surtout
Des nouvelles de ceux qui étaient restés là.
Lorqu'il partit enfin pour le voyage ultime
- Papa pour une fois, l'avait là précédé -
A maman il laissa son grand fauteuil de cuir
Je reçus quant à moi son précieux échiquier.
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