Mûres
En cueillant leurs fruits mûrs aux ronces qui les tendent,
En tachant mes vieux doigts à l'encre de leur sang,
Je repensais bien sûr, ces choses-là s'entendent,
A tous mes souvenirs des cueillettes d'antan.
Nous longions un soir d'août, papa, maman et moi,
Le chemin broussailleux qui menait au clocher :
Les fruits abondaient tant que je n'eus d'autre choix
Que de courir, ravie, chercher un grand panier.
Bien des années plus tard, j'étais avec Solenne,
La veille exactement de sa rentrée CP.
L'inquiétude serrait si fort mon cœur de mère
Que je ne sentais pas les ronces me piquer...
Voici bientôt dix ans, avant que soient taillées
Les haies de ce grand champ qu'on venait de faire nôtre,
Je cueillis plusieurs seaux de doux fruits très sucrés,
Pour en faire aussitôt la gelée pour nos hôtes.
Ce soir j'ai contourné le village en rêvant
Au clafoutis doré que j'offrirai demain
Au gourmand petit Paul, qui n'est plus un enfant,
Et va prendre les rênes de sa vie en main.
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