Lettre à ma fille
Puisque pour toi les fleurs sont de vains ornements
Dont tu m'as fait jurer de ne pas t'encombrer,
Moi je m'en vais t'offrir dans un joli ruban,
Un bouquet de mes mots plus ou moins bien séchés.
Ils ont accompagné mes balades du soir
Du froissement exquis de leurs ailes agiles,
Parfois ils ont guidé mes pas dans la nuit noire
Et chanté en pleurant mes heures difficiles.
Dans la prairie intime de mes gros cahiers,
J'ai cueilli les poèmes écrits rien que pour toi,
Et j'y ai ajouté, le temps que j'y étais,
Ceux qui causent le mieux de ce que je suis, moi.
En guise de feuillage, enfin, tu trouveras,
Quelques textes en prose et que tu dis aimer :
Ce sont des fantaisies qu'il m'a plu d'inventer
Où bien des souvenirs chers que je n'oublie pas.
Ils sont pour toi, prends-les pour les sauver d'oubli,
Et tu les montreras, plus tard à tes enfants,
Si ces fleurs de papier ne fanent pas avant
Qu'en un vase profond tu les aies recueillies.
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