Prologue
Une minute de lecture
Je n'ai d'autre talent que celui de mes mots
Je vous en offre ici la brume évanescente ;
Contre l'amer du monde, elle n'est pas puissante,
Ce n'est rien qu'une voix éparpillée d'échos.
Je ne connais de vie que lisières informes,
Bribes de quelque part, aléas de quelqu'un
Qui sur le mouvement des couleurs et des formes
Porte en son propre nom un regard incertain.
L'eau trouble de mes yeux a frémi sous l'averse,
Le pain blanc des journées lasse le cœur en faim,
J'ai navigué à vue, hésité, et du reste,
Tous les mots que voici ne sont pas de ma main.
Ils se sont relevés, assoupis, de mes livres,
Ils ont coulé du vent tremblant dans les roseaux ;
Ce sont ceux que mon père emporta au tombeau,
Et ceux qu'en murmurant, chaque matin délivre.
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