Lieu : Taverne des Naeve, Sarine
Temps : matinée hivernale, une heure plus tard

« Tu devrais manger avec ça, me dit la jeune Naeve.
– Non. Il y aura du pain demain, réponds-je abruptement.
– Je connais tes habitudes, Byan, mais tu devrais...
– Manger, dormir, je sais. Mais j'aime son chant.
– Elle chante pour éveiller les gens, soupire la jeune Naeve.
– Se coucher de bonne humeur, ça aide aussi à dormir. »

Tandis que je sirote mon pot de vin clair, essayant d'ignorer la faim qui me brûle le ventre, j'écoute la Lys. Cette petite blonde diaphane a une voix angélique, et me tire les larmes. La beauté existe donc encore, la perfection est de ce monde... Écouter la Lys me rappelle pourquoi la justice est nécessaire. Il n'y a pas de feu plus ardent que celui attisé par son souffle.

« Va dormir, Byan. »

La jeune Naeve insiste pour que j'économise mon or. Il y a plein de chiens errants, devrais-je lui dire. Mais la Taverne des Naeve doit l'ignorer. Je ne soigne pas, je ne guéris pas. Je préviens en silence. Les chiens tuent malgré eux. Je sauve les gens de l'infection.

Il y a probablement un remède, mais cette méthode fonctionne. Dommage que les chiens mangent les cadavres... Cela donne du travail à d'autres, même si les corps humains valent moins que ceux des chiens. Peut-être parce qu'ils sont plus durs à attraper, voilà tout.
Je retourne à la Réserve, enlève ma tunique après avoir fermé la porte derrière moi, et dors.