Acte 1, Scène 6

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Quartier Résidentiel de Sarine, après-midi hivernale, huit heures plus tard


Mes pas me guident vers la maison de mes parents. J’ai l’impression que je vais accomplir un devoir civique, une charge que la société m’impose. Certes, je ne cache à personne ma passion de la vérité ; je rechigne à l’entendre depuis la bouche de mes proches.
J’hésite encore à approcher, à frapper, à l’idée que je vais devoir entrer dans cette maison qui ne m’a pas vu grandir et qui me connaît mieux que je ne me connais moi-même. Je me fais alpaguer par un voisin, alors que je suis presque déjà sur le seuil.


« Qui que vous soyez, les Sass ne sont pas là. Evitez cette porte, et vous éviterez les ennuis !
– Quels ennuis ? demandé-je sans réfléchir.
– Je vois bien qu’un Acquéreur n’est pas au fait de tout… Les Roses Noires ne sont plus ce qu’elles étaient.
– Rentre Burah, intervient une femme pour le faire taire. Tu ne sais pas à qui tu parles.
– Et alors ? Sa parole ne vaut rien !
– Elle vaut la vôtre, affirmé-je avec conviction. La médisance peut mener loin.
– La vérité est que vous ne trouverez plus de Sass ici, dit encore la femme en poussant Burah dans la maison adjacente.
– Où sont-ils ? Je suis… De la famille.
– Pas un proche, assurément. »


Et la compagne du voisin Burah disparaît à sa suite. Je me sens stupide, à attendre devant une maison scellée. Ce qui est arrivé à mes parents doit être récent, même si ce voisinage m’est inconnu. Je vais devoir mener mon enquête à ce sujet. Arian ne m’a rien dit, ou volontairement endormi.
Il est vrai aussi qu’il y a certains mots que je refuse d’entendre. Je me presse d’aller voir Evri, ma grande sœur, qui se trouve à l’angle de la rue. Je vois de loin sa fille, que je ne reconnais pas d’abord, mais qui lui ressemble trait pour trait.


« Rentre avec ton frère, crie Evri en me voyant arriver.
– Bonjour, dis-je avec bonhommie à mes neveux. Salut Evri.
– Que fais-tu ici ? me demande-t-elle abruptement.
– Où sont papa et maman ?
– Tu dois être le seul à ne pas le savoir…
– Je travaille la nuit, Evri.
– Eh bien, c’est bientôt ton heure. Salut !
– Attends ! Nos parents ?
– Tu n’as jamais su t’entourer, Byan. J’espère que tes nuits sont plus claires que les jours de papa et maman. Quand tu auras un peu de temps pour eux, si tu ne sais toujours pas où ils sont, tu sauras me trouver au moment opportun. D’ici là… »


Une autre porte se ferme devant moi. Mais j’ai compris l’allusion d’Evri. Mes parents n’ont pas seulement des ennuis : ils sont en prison.

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