Acte 1, Scène 8

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Quartier des Bouchers de Sarine, nuit hivernale, une heure plus tard


Dans le quartier jouxtant les abattoirs, les chiens des bouchers sont plus nombreux et peu enclins à boire un autre sang que celui des bovins et autres animaux domestiques. Mon travail est plus fac. Pourtant ceux-ci se laissent attraper facilement, et je doute pour la première fois de l’utilité de mon œuvre nocturne.
Car je suis quasi assuré que ces bêtes-là ne lècheront jamais un cadavre humain. J’en suis presque à me cacher de honte, quand près des abattoirs je m’attaque à eux, en évitant d’être pris sur le fait par les artisans et les ouvriers de la viande.
Il me faudrait interroger Courouge sur le sens de mon action ici, s’il y a un but particulier pour que j’intervienne loin de ce qui me semblait être la nécessité. C’est l’exécuteur des Roses Noires qui m’a précisément demandé de travailler dans ces rues-ci. Et tandis que j’attends dans l’ombre, je vois un des ouvriers siffler son chien qui ne vient pas, lui laisser à sa portée éventuelle un baluchon d’abats.
Je me fais justicier cette nuit-ci. Je prends sur moi de récupérer la nourriture des chiens que j’ai abattus, qui ne sont pas réellement des chiens errants. Quitte à être en retard sur la mission que m’a imposé les Roses Noires, voire à m’assoir sur ma paye des dernières heures, je me rends à nouveau à la Rive Sud, porter cette viande à qui l’appréciera au mieux.
A vrai dire, je m’attends à retrouver la légende Durénatte, et j’espère pouvoir lui demander son aide. Mais les choses ne se passent pas comme prévu, car je suis arrêté en chemin par Courouge.


« Byan… Que fais-tu ici, avec ce sac ?
– Je vais aux renseignements.
– Le travail que l’on te donne ne suffit pas ?
– Et que fait un exécuteur sur mon chemin ? tenté-je de riposter.
– On m’a prévenu de ta venue. Et je ne voulais pas le croire…
– Tu m’as fait suivre ?
– Malheureusement non. Je ne croyais pas cette précaution nécessaire.
– Quelle précaution ? Qu’est-ce que tu t’imagines, Courouge ? »


J’ai beau le questionner, tandis qu’il m’escorte vers les Roses Noires. Il garde un silence pesant de déception, comme si j’avais trahi tout ce qu’il espérait pour moi.

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