Acte 1, Scène 9
Quartier Général des Roses Noires, nuit hivernale, une heure plus tard
Pour une raison qui m’échappe encore, je suis mis aux arrêts dans les geôles des Roses Noires, au sous-sol du Quartier Général. Ces caves étaient à la fois plaisanterie et mystère ; mais je ris évidemment beaucoup moins à les visiter ainsi.
« Au moins cela nous fait un peu d’animation, dit un autre captif, sans réveiller le second homme avec qui nous partageons cette cage de pierre.
– Vous ne devez pas souvent voir la lumière, dis-je en guise de réponse.
– Qui es-tu ? me demande le captif éveillé.
– Un Acquéreur, jusqu’ici.
– Je n’ai rien contre les Roses Noires, poursuit-il. Surtout celle qui se font prendre. Tuor, notre ami qui dort ici, était lui-même Acquéreur.
– Tuor ? Je ne l’avais pas reconnu. On se disait qu’il était parti, qu’il avait quitté Sarine, là-haut. De quoi l’accuses-t-on ?
– On ne sait pas. Peut-être d’avoir le sommeil trop lourd ?
– Et toi, quel est ton nom ?
– Mon identité est ma richesse, mon secret. C’est ma dernière possession. Appelle moi Frérot, et moi je t’appellerai…
– Blanchot, avancé-je. Ta couverture est élimée, prends la mienne.
– En quel honneur ? Tu veux une faveur ?
– Oui, reposes-toi. Moi je ne dormirai pas avant plusieurs heures.
– Tu ne veux pas de ma compagnie, faire connaissance ?
– J’espère que nous n’en aurons pas le temps. Il faut que je réfléchisse, et je n’ai pas froid.
– Quel temps fait-il, dehors ?
– L’hiver est en train de s’achever. »
Annotations
Versions