Logan

Plusieurs jours se sont écoulés depuis l'enterrement d'une de leurs sœurs. Tout le monde se remet doucement. Tout le monde sauf Roxy.

Je ne l'ai vu que très peu : elle partait en début de soirée et ne revenait qu'au petit matin pour aller se coucher. C'est comme ça depuis le décès de Tara... Je bois mon café dans la cuisine et entends le bruit d'une moto. Le bruit s'arrête et j'entends ensuite la porte d'entrée claquer. Je vois passer Roxy, elle ne s'arrête pas et monte tout de suite. Je souffle.

- Il lui faut encore quelques jours, me dit Sally en entrant dans la cuisine.

- De quoi tu parles ?

- De Roxy. Elle a perdu sa meilleure amie et c'est comme ça qu'elle fuit : elle sort et ne rentre pas de la nuit.

- Que fait-elle ? lui demande-je.

- Elle va dans un bar mais après je ne sais pas.

- Dans quel bar elle va ?

- Je ne sais pas, répond Sally. Dans quelques jours, elle ira mieux mais elle sera en colère. Je suis sûre que tu ne l'as jamais vu comme ça.

- Comment ça ? demande-je curieux.

- Même le diable peut prendre des notes...

Je ne lui réponds pas, songeur. Je range ma tasse sale et sors de la maison, une clope entre les lèvres. Je sors mon téléphone et prends des nouvelles du salon. Nous allons devoir bientôt rentrer : j'ai des rendez-vous à respecter et j'ai déjà assez pris de retard. Mais je n'arrive pas à laisser Roxy comme ça.

La journée passe lentement et je ne fais que réfléchir à ce qu'a dit Sally ce matin. Je ne l'ai pas vu de la journée : je suis allé frapper à sa porte de chambre mais rien... Il est 18h00 passé et je sais qu'elle ne devrait pas tarder à sortir de son trou. Je suis prêt et je suis dans la voiture qu'AD m'a prêté. Je l'attends et c'est quelques minutes plus tard que je la vois sortir avec son casque.

Elle porte un jean avec un haut noir et sa veste en cuir. Je la regarde mettre son casque et monter sur sa moto. Cette vue me donne la barre. C'est dur de lui résister, tout en elle me plait, mais elle a des démons, un passé et je me demande qui s'en prend à elle. J'attends quelques minutes qu'elle soit partie et mets en route la voiture. Je la suis de loin et remarque que je quitte la ville. Je conduis pendant de longues minutes et la vois tourner à l'entrée de la ville voisine.

Je me gare sur le parking d'en face : la devanture est miteuse, le néon indiquant le nom du bar n'éclaire qu'à moitié. Je jette le mégot de ma cigarette par la fenêtre. À la vue des hommes qui entrent dans le bar, je ne vais pas tenir longtemps dans la voiture. Un nouveau groupe d'homme entre dans le bar et s'en est vraiment trop. Je suis assis depuis une bonne heure dans cette foutue voiture et elle ne sort toujours pas. Je quitte la voiture et la ferme à clé.

Je traverse la route et m'approche du bar. J'entre et l'endroit est aussi horrible à l'intérieur qu'à l'extérieur : l'endroit est sombre et quasi dégueulasse. Je sonde la salle des yeux et repère enfin Roxy : elle est accompagnée d'un homme que j'ai vu entré en début de soirée.

Je sers les poings : il est bien trop proche d'elle... J'avance vers le bar et m'installe. Elle ne m'a pas vu et au nombre de verres vides devant elle, je pense qu'elle a bien entamé sa soirée. Le serveur au crâne chauve me demande ce que je veux boire. Après avoir reçu ma bière, je cesse de les regarder. Ce mec a les mains baladeuses et Roxy se laisse faire.

Putain, ça me fout en rage ! Je bois la bière immonde et j'entends les rires des hommes derrière moi. Je tends l'oreille vers eux.

- Tu ne veux pas qu'on aille ailleurs ? demande l'homme.

- Non, réponds ma Roxy.

- Allez, on pourrait s'amuser.

- Non.

Je sais qu'il va m'énerver : un homme à moitié bourré n'aime pas qu'on lui dise non et je pense qu'une femme comme Roxy peut lui faire très mal. Je me souviens de ce qu'elle a fait à ce minable de Thomas. Le pauvre, il était méconnaissable. Même le diable prend des notes. Mais elle ne fait rien.

La main de ce connard passe dans son dos et il descend. Il la retire pour la poser sur sa cuisse, mon sang ne fait qu'un tour... Je suis prêt à me lever. Il approche son visage du sien et lui murmure quelque chose à l'oreille. Je l'entends rire. J'abandonne ma bière et me dirige vers elle.

- Roxy, dis-je.

Je la vois se figer. Ils se retournent.

- Qu'est-ce que tu fais là ? me demande Roxy.

- Je sortais et quelle surprise de te trouver là..., soupire-je en la fixant dans les yeux.

- Mec, on était en pleine conversation, me dit l'homme dont j'ignore royalement le nom.

- Barre-toi, lui ordonne Roxy sans me lâcher des yeux.

- Quoi ?!

- Barre-toi.

L'homme sert les poings et s'en va, énervé. Je prends sa place.

- Tu vas rentrer avec moi.

- C'est ça oui ! J'ai pas besoin de toi.

- Je m'en fous, il est temps que tu arrêtes tes conneries. Tu as perdu ta meil...

- Ferme-la ! me coupe-t-elle fermement.

- Roxy...

- Ferme-la.

Elle attrape son verre et le boit cul sec. Elle se lève et je vois qu'elle tangue. Je sors un billet de 50 de ma poche et l'abandonne sur le comptoir. Le barman se presse pour le récupérer. Elle remet sa veste en cuir et sort du bar. Je la suis et entends les sifflements des connards qu'elle a laisser tomber.

- Tu crois que je vais te laisser conduire ?! lui rappelle-je.

- Je n'ai pas d'ordre à recevoir d'un connard comme toi !

Elle met en route sa bécane et s'en va à vive allure. Je cours vers la voiture manquant de me faire écraser par plusieurs voitures. Je monte et allume le contact. Je déboule sur la route, doublant plusieurs voitures, et la repère enfin dans la circulation. Je finis par la rattraper et elle accélère encore en me distançant de quelques mètres. Elle tourne sur sa droite, j'en fais autant en me faisant klaxonner mais je n'en ai rien à faire.

Je m'arrête sur le parking de ce motel, à côté de sa moto. Je coupe le moteur et descends. Le parking est silencieux et je remarque enfin la porte qui se trouve devant moi. Elle est ouverte et je marche dans sa direction. J'entre dans la chambre et ferme la porte derrière moi. Elle est assise sur le lit, sa veste retirée, et fixe un mur.

- C'est ma faute, répète-t-elle.

- Non, ça ne l'est pas, pas du tout. Tu es quelqu'un de bien, de forte. Tu t'en sortiras mais c'est pas en allant dans des bars et en te prenant des cuites que ça ira mieux.

- J'ai baisé avec certains de ces hommes dans les toilettes, balance-t-elle en continuant à fixer le mur.

Je sers les poings.

- Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?! lui fais-je remarquer. Je vais te laisser dormir ici cette nuit mais c'est la dernière fois. Demain tu retourneras au travail et tout redeviendra comme avant !

Je la regarde une dernière fois et quitte le motel. Je rentre ensuite à la maison, les lumières sont encore allumées. Je passe la porte de la maison et pars dans la cuisine me récupérer une bière avant de rejoindre le salon.

- Ça va pas pré ? demande Zeyn.

- Si, je suis épuisée.

- Dans quelques jours, nous devrons rentrer.

- Je sais, on rentrera...