Chapitre 14

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 Ben avait claqué la porte la veille au soir et n’était pas encore réapparu. Il était déjà plus de treize heures. Je ne décolérais pas. Comment pouvait-on se montrer si lâche ? Tout le monde savait ce qui se tramait entre Jenny et son mari et tout le monde fermait les yeux. Et bien moi j’étais bien décidée à ne pas être tout le monde. J’avisai l’heure, une fois encore. Le Café de la plage proposait des croque-monsieur et des paninis sur le temps du midi. Jenny devait être en plein coup de feu. Je trépignais en attendant un horaire plus raisonnable pour lui passer un coup de fil. Vers 15 heures, j’imaginais le café vidé de ses clients affamés. Un temps de pause avant les premiers chocolats chauds d’une fin d’après-midi.

Je cherchai le numéro sur Internet et attendis quelques sonneries avant d’entendre la voix de Jenny.

Café de la plage, Jenny, je vous écoute.

Salut Jenny, c’est moi, Coraline…

Un ange passa. Ou peut-être une mouette !

Coraline Leblanc, la cousine de Ben.

Qu’est-ce que tu veux ?

Son ton est dur et cassant.

Est-ce qu’on pourrait se voir quand t’auras deux minutes ?

J’ai pas une minute à moi.

On pourrait se retrouver sur la plage demain. C’est jour de fermeture, non ?

Je ne peux pas.

Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?

Elle raccrocha. Merde !

Mais je n’avais dit mon dernier mot.

Mamé se réveilla de sa sieste. Elle semblait reposée et sereine.

Ça va ma Bibine !

Oui.

Ben n’est pas rentré ?

Non.

Et bien, t’es plus bavarde d’habitude. Je te dérange dans ta lecture ?

J’avisai le livre sur mes genoux. Le même que celui que je lisais la veille avant que je me dispute avec Ben. Le marque-page toujours au même endroit.

Oh non. Je ne lisais pas vraiment…

Je me rappelle de tes rédactions. Tu étais douée pour écrire.

Je souris.

Peut-être oui. J’aimais bien disserter sur tout et n’importe quoi.

Mamé m’observait d’un drôle d’air.

Quelles sont tes projets Lili Divine ?

Je haussai les épaules.

J’en sais rien, dis-je en regardant mes pieds.

J’avais l’impression de préparer mon entrée au lycée. Et j’étais aussi paumée qu’à seize ans.

Tu sais que la librairie est fermée ?

La librairie Farot ?

Mamé acquiesça.

Et c’est un nouveau souvenir qui se fracassa dans mon esprit. Je m’étais imaginée reprendre ma vie ici, à l’endroit où je l’avais laissée. J’avais besoin de tous ces repères pour ne pas sombrer mais tout se dérobait sous mes pas. La librairie Farot était mon sanctuaire. J’y allais tous les deux jours. M. Farot, le propriétaire me laissait lire ses romans sans les acheter. Il me disait toujours « Tu t’en souviendras quand tu seras célèbre, hein ?». Avec mes profs et Mamé, il était persuadé que j’écrirais un jour mon propre roman. Mais le confort avait eu raison de mon ambition et je ne pus m’empêcher de ressentir une once de déception pour tous ces espoirs que les gens portaient pour moi, que j’avais laissés s’envoler.

Pourquoi est-elle fermée ?

Serge a pris sa retraite. Il n’a pas trouvé repreneur.

Mamé remarqua mon trouble, pourtant elle ne se départit pas de ce semblant de sourire qui traînait sur ses lèvres. Je fronçai les sourcils.

Quoi ?

Et bien en voilà un de projet !

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