Chapitre 18

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 Penchée sur la table d’écriture du secrétaire, je relus les lignes que je venais de rédiger après avoir écouté Mamé me raconter son enfance. Une partie de moi crevait de montrer à tous que j’étais capable d’écrire quelque chose digne d’intérêt. L’autre part, plus raisonnable, souhaitait avant tout garder une trace de l’existence de ma grand-mère. Je me disais que, dans les jours les plus sombres, quand le vide aurait envahi sa mémoire, que ses yeux bleus seraient éteints, je pourrais alors raviver ses souvenirs.

Perdue dans mes pensées, je sursautai en entendant la porte de ma chambre s’ouvrir à la volée.

Ben…

— T’es allée trouver Jenny ?

— Les nouvelles vont vite...

Si nous n’étions pas « copines », mon cousin et elle semblaient toujours liés.

— Tu peux pas te mêler de tes oignons ?

Je ne répondis pas. Je n’avais pas envie d’avoir cette conversation, encore une fois. J’étais épuisée. Coucher sur le papier les souvenirs de Mamé m’avaient fatiguée. Mon cousin s’assit sur le bord de mon lit et se prit la tête entre les mains.

— Elle a essayé plus d’une fois de quitter ce connard, Coco ! Mais à chaque fois….

Surprise de l’entendre me confier son histoire, j’attendis qu’il poursuive sans m’offusquer du surnom qu’il avait utilisé.

— Il sait pour nous deux… Il la tient avec ça. Et avec le café. Ce café c’est tout ce qui lui reste.

Je fronçai les sourcils.

— On s’en fout de ce café, non ?

— Non, on ne s’en fout pas ! Ce café lui appartient, il était à son père !

— Et alors, c’est plus important que sa propre sécurité ?

Mon cousin ne répondit pas.

— On parle d’une relation abusive, là ! Si elle est en danger, je ne vois qu’une seule chose à faire. Et tant pis pour le café !

— Qu’est-ce que tu proposes ?

— On a qu’à l’héberger ici !

Mon cousin ouvrit des yeux ronds comme des ballons.

— Bah quoi, Ben ? T’as peur qu’il te pète la gueule.

— J’ai pas peur de lui !

— Bah alors ! Il y a largement la place, ici.

— Et Mamé ?

— Quoi, Mamé ?

— Elle a pas besoin de tout ça…

Je repensais à ce qu’elle m’avait confié, à ce contexte de guerre dans lequel elle avait grandi, à cette indépendance qu’elle s’était efforcée de gagner.

— Mamé est en pleine forme, arrêtez avec ça ! Et je pense qu’elle serait fière que ses petits-enfants agissent au lieu de rester plantés là, comme des…

Je m’interrompis, lasse.

— Tu l’aimes ? lui demandai-je.

— Depuis toujours, ajouta-t-il.

— Alors, va la chercher !

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