Le voyage
Le quai de la gare était encombré de voyageurs pressés, trainant derrière eux de lourdes valises.
Les escalators n'arrivaient plus à endiguer le flot ininterrompu de vacanciers qui se bousculaient et se dépêchaient pour attraper leur train.
Au milieu de cette cohue générale, je flânais, les mains dans les poches, indifférente à toute cette effervescence. Pour ma part, il me restait encore une heure à tuer avant de rejoindre ma prochaine correspondance.
Ce voyage à rallonge commençait à me fatiguer et à m'ennuyer considérablement. Je m'assis tranquillement à une table inoccupée du café de la gare et observai les voyageurs défilant devant mes yeux. Le temps se trainait comme un vieil élastique distendu me mettant à bout de patience.
Puis le tableau d'affichage indiqua que mon train était à quai. Je me levai, les jambes encore engourdies par les longs moments passés assise à cette table.
Je consultai une fois encore les indications de mon billet pour m'assurer du numéro de ma voiture et de ma place.
Je me retrouvai au coin quatre places, sièges tant convoités par les familles mais tant redoutés par les personnes seules.
En face de moi, pris place un homme corpulent dont les longues jambes repliées m'empêchaient de me sentir à l'aise sur mon fauteuil. Ses trois enfants se disputèrent un instant pour occuper les places près de la fenêtre. L'homme eut recours à un jeu enfantin afin de distribuer les emplacements.
Le wagon était plein à présent et toutes sortes d'odeurs se dégageaient de cette foule de voyageurs. Ces émanations diverses et variées mêlées à de la transpiration, me donnèrent un instant la nausée. Le voyage s'annonçait long et désagréable. J'avais oublié de prendre de la lecture avant de partir et cette omission pesait lourdement sur mon humeur.
Le train quitta la gare, se trainant comme une limace traversant la route.
Puis, le paysage se mit à défiler, succession monotone de champs et de prairies s'étendant à perte de vue.
Le bruit des conversations allait en s'amplifiant, accentuant mon malaise et me provoquant un horrible mal de crâne.
Je réussi cependant à somnoler quelques instants, essayant de m'évader de ce contexte apocalyptique.
Quelques instants plus tard, je me réveillai en sursaut, étonnée par le bruit du silence soudain qui régnait dans le wagon.
Le train continuait sa route, imperturbable, sans s’apercevoir du phénomène étrange et inexpliqué dont il était le théâtre.
J’étais l’unique passagère de ce wagon qui croulait encore sous le poids des voyageurs quelques instants auparavant.
Sur les fauteuils, trainaient quelques objets personnels oubliés dans un instant de panique.
Je décidai d’explorer les différents wagons dans l’espoir de trouver d’autres voyageurs.
Mais ma recherche resta vaine et je sentis la peur m’envahir lorsque j’arrivai en bout de train et m’aperçus à mon grand désespoir que la porte donnant sur la cabine de pilotage était ouverte et que le conducteur avait également disparu.
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