rêve ou Hallucination(1/3)
L'espoir de me réveiller dans ma vraie vie me motiva à me coucher assez tôt. Ma soi-disant mère avait voulu me parler mais je refusai, prétextant mon état fiévereux. Je n’avais qu’une envie, rester seul, loin de ces gens-là. Elle n'insista pas plus longtemps et repartit aussitôt.
En me réveillant au milieu de la nuit, je m’aperçus que rien n'avait changé. C'était toujours cette étrange situation et de plus, la fièvre m’empêchait de me rendormir. Quel horrible état, j'ai rarement été malade mais quand ça me prenait c'était pour me trouver alité au moins pendant trois jours. Si jusqu'à maintenant tous les événements avaient bénéficié, au moins, d'un peu de logique, cette maudite fièvre balaya d'un seul coup tous les débris, faisant d'un phénomène une réalité pour ainsi m'offrir ce qui suit.
Quelqu'un était assis pas loin de la cheminée. J'avais du mal à distinguer ses traits. Petit à petit, je commençais à comprendre de qu'il s'agissait. C'était mon chef de brigade, il était en train de prier dans une langue que je ne comprenais plus. Ça devait être ma langue maternelle, oui c'était ça ! Ma langue maternelle ou était-elle passé ? Soudain cette langue se matérialisa en prenant l’apparence d'une femme. Celle-ci dansait en tournoyant dans toute la pièce. Mon chef continuait à prier de sa voix nasillarde, alors qu'il avait toujours été athée. Son ventre paraissait aussi gros que celui d'une femme enceinte, ses moustaches lui couvraient la bouche et le si peu de cheveux qui lui restait, avait totalement disparu. Je fermai les yeux pendant quelques secondes, puisque la danseuse me donnait le vertige. Puis, en les rouvrant, je vis une autre personne se tenant debout à proximité de mon chef, en train de lui parler. C'était Sarah, toujours dans sa tenue djihadiste baba cool. Elle s’appuyait sur le rebord de la cheminée et examinait ce que mon chef tenait entre ses mains. Je comprenais enfin ce qu'ils se disaient : « Tu l’as acheté où ? demenda-t-elle.
- Marché noir. Répondit-il.
- « L'univers » au marché noir, c'est quand même assez rare.
Je soulevai péniblement ma tête, curieux, et regardai l'objet en question. C'était une sorte de grosse boule ressemblant plutôt à une planète non...C'était une galaxie oui c'était ça ! Une galaxie car des lumières éblouissantes, de toutes les couleurs s’en dégageaient. Mais plus j'essayais de fixer l'objet plus il changeait, exactement comme dans un rêve. Tantôt c'était une galaxie et tantôt une planète. À la fin, fatigué, je remettai ma tête sur l'oreiller et je continuai à écouter leur conversation. Sarah disait en chuchotant : « Voilà que l'autre débile se réveille ! »
Mon chef s'écria en ma direction : « Élie, tu dors ? Tu ne m'as toujours pas dit comment s'est passé cette arrestation ?»
Je me mis à rire aux éclats, ils se mirent à rire avec moi. La situation était tellement incohérente que je ne pus m’arrêter. Je me trouvai déjà dans une réalité aberrante et voilà que je délirai par-dessus le marché.
« Si je me souviens bien, dis-je à haute voix, en multipliant aberrance par elle-même, je devrais aboutir à aberrance puissance deux. Mais sa multiplication par un délire...ça donne quoi ?» Je me tuai à chercher le produit d'une aberrance par un délire mais je ne trouvai toujours pas le résultat. En m’entendant marmonner ainsi, Sarah s'écria : « Élie, arrête de nous casser les pieds avec cette question, as-tu oublié qu’une aberrance multipliée par un délire donne le produit lui-même ? Peut-être que tu devrais additionner au lieu de multiplier. Tout est une question d'addition. » Sur ce, elle explosa de rire, mon chef rit aussi. Une fois ils se calmèrent, Sarah s'adressa de nouveau à mon chef en chuchotant : « Je vais te dire moi, comment l'arrestation s'est passée. L'enfoiré m'a tiré dans le dos. Regarde bien le trou qu’il m'a fait ! »
Je soulevai encore une fois la tête pour les voir. Mon chef s'était levé de son siège pour observer les dégâts de mon tir tout en palpant l’épaule de Sarah. Il y avait un trou de la grosseur d'une balle de tennis, il pouvait facilement passer sa main à travers d'ailleurs, c'est ce qu'il fit aussitôt ! Ensuite, il s'adressa encore à moi : « Dis donc Élie, tu es bien contradictoire ! Tu nous as fait toute une histoire pour qu'on ne lui tire pas dessus, et toi, tranquillement, tu le fais. »
Je m’écriai tout irrité : « Ferme-là ! De toute façon tu ne sais que critiquer, tu n'as jamais été capable de faire quoi que ce soit. Hormis tes matchs de football, tu ne connais rien d'autre à la vie. Tu n’es qu'une hallucination. Ni plus ni moins...S'il te plaît, sors de ma chambre, je voudrais être seul avec elle. Je voudrais lui parler d'ailleurs je ne sais plus dans quelle langue je vous parle ? »
Mon chef répondit en étant toujours aussi grossier : « Nous nous exprimons dans le langage de ton C** voyons ! Ils se mirent tous deux à rire comme des attardés. Et moi, que pouvais-je faire de mieux que de me mettre encore une fois à rire avec eux ?!
Je riais tellement fort qu'une main s'approcha soudainement vers mon visage et essaya de me fermer la bouche. Je m'écriai en la frappant violemment : « Ne me touchez pas ! » Quand la main se retira, je me rendis compte qu'elle appartenait à cette dame qui se trouvait dans cette réalité ma mère. Elle tressaillit à mon geste et me répondit : « N’ayez pas peur. Je voulais seulement toucher votre front mon enfant. » Puis elle rapprocha encore une fois sa main en me caressant longuement le visage et me déclara : « Mais...Vous êtes brûlant ! » Elle se tourna vers une autre dame qui était à ses côtés et lui demanda d'aller lui chercher le nécessaire. Celle-ci lui épondit: « Je vous l’avais dit madame qu'il délirait, nous l’entendions depuis en haut. Ses cris étaient tellement forts que tout le personnel s'est réveillé. »
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