Chapitre 8

14 minutes de lecture

NDA : Hello me voici de retour ! Pardon pour le silence d'une semaine, je reprends doucement du service par ici.

Bonne lecture et merci aux nouvelles personnes qui m'ont fait des retours <3


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Le réveil arracha Dap de ses couvertures emmêlées. Sa vision encore endormi était troublée par des lignes et des lignes de code qui se contorsionnaient derrière ses paupières. Il s'était encore couché à des heures possibles, lisant des pages de documentation, de tuto, s'abreuvant de vidéos jusqu'à l'épuisement. Tout ça pour en revenir aux trois mêmes lignes de code. Et Aysha faisait ça pour le plaisir. Dap jura dans son oreiller.
A sa vue en sortant de l'ascenseur, Blaise interrompit son tapotage de clavier.
— Dap, vous... Tu... Bonjour.
— Salut, marmonna Dap.
Il captura son reflet dans les portes de l'ascenseur, tenue propre mais cheveux hérissés au dessus de la tête, des cernes sous les yeux et les épaules rentrées.
— C'est si grave que ça ? dit il.
Blaise ouvrit la bouche avant de choisir la voie du sage et de replonger dans son clavier.
La lumière crue des néons accueillit Dap d'une migraine vicieuse juste au coin des yeux. Il se traîna jusqu'à son bureau, incapable de savoir s'il faisait jour ou nuit tellement le ciel était obscurci par une averse prochaine. Il vit quelques silhouettes sur le parking courir pour échapper au déluge qui s'annonçait.
Dap alluma son ordinateur, cligna des yeux face à cette routine qui commençait déjà à s'installer et d'un coup, il se retrouva à la pause de dix heures. Une effervescence parcourait son groupe de collègues et il fallut à Dap quelques secondes à lutter contre son mal de tête pour comprendre de quoi il s'agissait.
— La prod est encore tombée hier soir.
— Une attaque ? s'enquit Béro.
— Encore un coup des russes, ricana Jerry mais Béro et les autres ne l'écoutèrent pas.
— D'après Lydia, c'était déjà arrivé il y a deux semaines, pendant le congé de Linus. C'est revenu tout seul à l'époque. Linus est en train d'enquêter.
— Qu'est ce qui s'est passé au juste ? demanda Dap.
Il avait à peine posé sa question que le petit groupe s'étiola dans un nuage de caféine et de théine. Béro passa à côté de Dap et murmura les mots « big boss » avant de l'entraîner à sa place. Dap se retourna le temps de voir un groupe d'hommes en costard, accompagnés de Lydia et Linus remontant le corridor jusqu'aux ascenseurs. Lydia était en grande conversation avec un des hommes, grand, musclé, un fin collier de poils sur sa mâchoire carrée. Dans la quarantaine, une aura de colère contenue suintait derrière un sourire aimable. Il était à l'image même de ce que Dap imaginait d’un chef d'entreprise.
— C'était...? dit Dap tandis que Bero et lui revenaient à leur place.
— Oui. Monsieur Sparkles lui-même. La dernière fois que la prod est tombée comme ça, on pouvait entendre ses hurlements jusqu'à deux étages en dessous.
Dap attendit que son collègue lui confirme qu'il plaisantait, mais Béro se contenta d'une grimace. Il réitéra sa question au sujet de cette fameuse prod.
— Ça veut dire que les outils ne marchent plus. Pour aucun client. C'est plutôt grave, ajouta t il avec un sourire.
Dap était trop nerveux pour lui reprocher son ton. Il venait d'aviser la place toujours vide d'Aysha.
— Oh merde, c'est vrai elle s'absente un vendredi sur deux, dit Béro en suivant son regard. Je me demande comment Linus va faire pour sauver la situation et avancer son projet.
— C'est pas pour ça qu'il est là, lui ? s'écria Jerry depuis son poste.
Dap choisit de l'ignorer mais en revenant à sa place, il se rendit compte qu'il aurait pu tout aussi bien rester à rabattre le caquet de cet imbécile.
Il frissonna sous la clim dans sa nuque et la douleur dans ses tempes s'accentua un peu plus. Courage, songea t il avec amertume, c'est vendredi.
— Dap ? fit une voix dans son dos.
Linus s'installait à son bureau déballant ses affaires et branchant son ordinateur. Dap crut qu'il avait imaginé qu'on l'appelait, mais Linus se tourna soudain vers lui.
— Tu peux venir ici ? dit il en tapotant l'espace qu'il venait de dégager sur son bureau. On a un problème.
Dap obéit, son propre ordinateur sur les genoux, son appréhension au bord du gouffre.
Linus s'élança dans des explications qui perdirent le jeune homme en une demi-minute. La migraine parla à sa place fort heureusement et il interrompit son chef :
— Désolé, mais... Tu peux reprendre ?
— Les sites en produc... En ligne, ne marchent plus. J'ai peut-être une idée mais si c'est ça, on ne sera pas trop de deux pour réparer le problème. Cela implique des corrections sur plus d'une centaine de fichiers.
Dap retint sa réaction jusqu'à ce que Linus le délivre de sa peine.
— C'est beaucoup, dit il sans l'ombre d'un sourire mais sans pour autant faire preuve de la même condescendance que Bero.
— Très bien, fit Dap qui sentait qu'il devait tout de même en placer une.
— Aysha n'est pas là. Les autres sont sur d'autres projets qu'on ne peut pas interrompre. Est ce que tu te sens de m'aider ?
— Bien s...
— Tu peux dire non.
Dap crut que ses entrailles se liquéfiaient. Le regard transperçant de Linus lui donnait envie de se planquer six pieds sous terre. S'il n'y avait pas eu leur aventure, Dap aurait pensé que cet homme le méprisait mais cela allait bien au delà.
Il ne supportait pas qu'on se moque de lui.
— Non, dit enfin Dap. Je ne m'en sens pas capable, je ne pense pas que je sois le type pour cette situation. Je ne pense pas que je sache coder, dit il avec un faible rire.
— Je vais ignorer cette dernière phrase, ça sera mieux, dit Linus. Dans ce cas...
— Mais je peux aider. Je suis très con et si on me dit exactement ce que je dois faire, je le fais. Si tu te souviens, ajouta t il dans un murmure.
Pour la première fois, Linus ne rougit pas et un sourire amusé s'épanouit sur sa figure. Il hocha la tête et pointa la machine portable de Dap.
— Très bien commence par ouvrir ton éditeur et mettre à jour ton projet. Ensuite va sur la branche Master.
— Aysha m'a montré comment mettre à jour le projet, mais pas comment changer de branche.
— Je t'envoie la commande à écrire. C'est bon ? Bien, maintenant...
De temps à autre, un de ces fameux « big boss » passait au bureau de Linus et les interrompait à voix basse pour savoir où ça en était. Dap profitait de ce que Linus baragouinait des termes incompréhensibles pour reposer ses yeux et fixer la moquette. Sa migraine le prenait par vagues, en un infernal flot constant qui lui compressait les tempes et lui brouillait la vue. Il parvenait, il ne savait comment, à rester assez éveillé pour taper sans se tromper les commandes que lui dictaient Linus. Ils étaient tous deux en mode automatique et si Dap n'était pas terrifié à l'idée de vomir sur son chef, il aurait pu apprécier cet instant.
A midi, Linus annonça qu'il continuait et offrit à Dap la possibilité de déjeuner. Dap se détacha de son écran, ce qui déclencha un nouveau pic de douleur sur son front.
— J'irai manger après toi, ajouta Linus.
Il gardait ses distances, comprit Dap une fois à la cantine. La camaraderie née de leur dure labeur ne suffirait pas. Dap ingurgita son repas, bien trop préoccupé par son état qui empirait pour se soucier en prime des considérations de son boss. Il avait pensé qu'une portion de riz au safran accompagné d'un pavé de cabillaud calmerait sa migraine, douce naïveté. Il regagna sa place en tremblotant, persuadé qu'une ombre pesait sur ses épaules et écrasait ses muscles. À sa décharge, Dap n'avait jamais été malade de sa vie d'adulte, tous ces symptômes apparaissaient sans qu'il soit capable de réagir.
Une gêne se répandit dans ses membres alors que Linus revenait de sa pause et qu'ils se remettaient au travail.
A quinze heures, en pleine « mise en production » (mise en ligne du site, ajouta-t-il face à l'air lunaire de Dap) comme le disait Linus, les mains de Dap furent prises de tremblements incontrôlables.
A seize heures pendant qu' une volée de managers s'empressaient de pépier à leur bureau, la vision de Dap devint flou et il dut s'excuser pour aller aux toilettes. L'eau froide lui piqua les mains. Dap s'abreuva comme un chien, incertain des effets que ses joues dégoulinantes auraient sur sa santé. Dap et son reflet se contemplèrent un long moment. Sa soif soulagée s'estompait déjà et Dap remarqua pour la première fois la rougeur de son visage. Il se toucha le front, surpris par la sensation chaude qui s'en dégageait.
Il s'était retenu d'appeler sa mère. Il avait beau ne pas se souvenir de la dernière fois qu'il avait été malade, il était quasi certain qu'il avait de la fièvre. Dap avait rejoint sa place, ouvrant un onglet sur son navigateur pour taper avec un luxe discrétion les symptômes de son état quand Lydia l'alpagua dans un tourbillon coloré.
— Dap ! Linus a dû partir en réunion.
— Quoi maintenant ?
— Maintenant, oui, maintenant ! Il a laissé une liste de fichiers à mettre à jour et à déployer.
Une seconde, deux secondes. Le visage de Lydia se tordit d'agacement, avant de revenir à son éternel sourire.
— Peux-tu t'en charger, Dap ?
— Oui, quoi ? Oui ! Oui, bien sûr.
Il flottait dans l'espace, sans air et sans combinaison, brûlé par les rayons du soleil, pendant qu'une pluie d'astéroïdes lui martelait le dos. La souris glissait dans sa main, il tapait au clavier, touche après touche, mille fois moins vite que Linus lorsqu'il l'avait vu faire. À mesure que l'heure sur son écran s’égrenait, une colonne de nervosité lui remontait dans la gorge. Il ré-entendait les managers énumérer le nombre de clients insatisfaits.
L'atterrissage se déroula sans Dap. Il eut conscience du soulagement qui se répandait à travers les bureaux et dans les étages, mais Dap en était étranger. Surtout quand, en levant les yeux de son écran, il vit le monde tournoyer à toute vitesse.
— Oui, Xavier, disait Lydia au téléphone. Oui, tout est revenu, c'est une bonne nouvelle.
Dap l'aperçut à son bureau, derrière sa forêt de plantes en plastique. Elle rangeait ses affaires, le téléphone collé entre son épaule et son oreille. Sa voix résonnait d'autant plus dans les locaux désormais vides.
— C'est ça oui, comme le mois dernier. On... Oui tout à fait, je te tiens au courant si jamais... Ha ha oui, faut pas se gâcher le week-end ! Tu es sur l'autoroute ? Super, alors profite bien et mes amitiés à Ophélie.
Elle appuya sur l'écran tactile, jeta le téléphone dans son sac et remonta l'open-space en faisant résonner chaque pas sur la moquette.
— Merci pour ton travail, Dap ! dit-elle. On a réussi, hein !
Dap jugea que les sons sortant de sa propre bouche devaient former une phrase (« c'est super » ou « je vais mourir », il n'était pas sûr) toujours était-il que Lydia poursuivit :
— Saurais tu où est passé Linus ?
— Toujours en réunion, je pense.
Lydia ne donna pas signe d'avoir entendu sa réponse. Plantée au milieu du couloir, elle fouillait son sac à la recherche de son téléphone.
— Si je le croise, je vais lui dire de partir en week-end avant qu'une nouvelle catastrophe arrive, dit elle. Tu parles d'un retour de vacances ! À ce propos...
Elle releva la tête, son téléphone dans une main coincée entre son porte feuille et un tampon.
— Tu devrais en faire autant. Tu as une petite mine. Allez, bon week-end Dap !
Les bureaux aseptisés résonnèrent un temps de son passage avant que le murmure sourd de la climatisation ne reprenne ses droits. Dap se força à se concentrer sur son travail. Linus lui avait appris comment remplir certains formulaires qui serviraient pour la maintenance. Dap n'avait aucune idée d'où lui venait ce zèle mais encore une fois, il y avait des lustres qu'il n'avait pas été malade ainsi. Sa perception était biaisée.
Il quitta les bureaux à sept heures passés. L'air chaud de ces derniers jours céda la place à des bourrasques vives et glacées annonciatrice d'un orage. Dap frissonna jusque dans sa moelle et pressa le pas jusqu'au tramway. Des adolescents du quartier profitaient de la fraîcheur du soir et s'étaient réunis sur un des bancs de la station. Ils virent arriver Dap, certains attardant leur attention sur sa tenue débraillée, d'autres sur sa figure. Il devait faire peur à voir car ces derniers échangèrent des ricanements.
Dap passa devant eux et alla se poster en tête de quai. Il maudissait cette fraîcheur mortifère et rêvait en même temps de l'opportunité de pouvoir s'enrouler dans sa couette, sans crainte de mourir de chaud.
— M'sieur ? Hé. Hé, M'sieur !
La voix qui l'apostrophait appartenait à une des adolescentes, assise sur le dossier du banc. Elle prit une grande inspiration sur sa vapoteuse et agita la main.
— Oui ? soupira Dap en s'approchant de quelques pas.
Il s'attendait à tout. Qu'on lui demande de l'argent, qu'on critique sa tenue, qu'on lui taxe une clope.
— Y'a plus de tram, M'sieur.
— Je n'ai pas... Quoi ?
L'adolescente pointa le panneau, juste au-dessus de sa tête où s'inscrivait en lettres rouges sur fond blanc « Fermeture exceptionnelle du tramway le vendredi soir à partir de 17h. Prévoyez votre itinéraire alternatif sur le site... ».
Dap se rappela dans un élan de conscience fiévreuse d'une conversation avec Aysha où elle lui signalait quelque chose sur le tram. Dap avait été tellement noyé d'informations cette semaine, il avait gommé ce fait de sa mémoire.
— Merci, dit-il aux ados. Est ce que vous savez comment on peut rejoindre… ?
— Y'a un bus je crois. Le 173, nan ?
— Je... Je ne sais pas, répondit Dap plus confus que jamais.
— Nan, gros le 173 il va pas jusqu'au pont, il s'arrête avant !
— Bah au moins il s'rapproche de la gare comme ça !
— Mais à quoi ça sert, putain ! Le pont je le vois d'ici.
— Trop pas !
— Attends, laisse moi monter sur ta tête et tu vas voir.
Dap coula sur le quai en direction de la sortie, laissant les cris et rires du groupe d'ados derrière lui. Il pianotait l'itinéraire sur son téléphone pour connaître le chemin entre ici et la gare. Ce chiffre indiquait-il son temps de trajet ou le nombre de kilomètres ? Il vit la mention d'une navette mais les rues se ressemblaient toutes, au milieu des bâtiments froids et des immeubles gris. Il songea au prix d'un taxi pour rejoindre la gare et pâlit un peu plus à la pensée de son compte en banque. Dap soupira et s'engagea sur le chemin tracé par son application. Il se retrouva à longer les voies herbeuses du tram et la route. Dap marcha d'abord sur cette dernière avant que plusieurs coups de klaxons furieux ne le décident à marcher entre les voies. La terre était sèche et agréable à fouler, et pendant un temps, Dap oublia sa fièvre et sa fatigue pour mieux apprécier la vue sur les champs et les pâturages.
Et puis la pluie tomba et ses chaussures se retrouvèrent prises dans une fange boueuse. Dap pressa le pas, chaque étirement de ses longues jambes lui arrachant une grimace de douleur. Il avait à peine atteint l'arrêt suivant que la pluie fine s'était transformée en averses. Dap se réfugia sous le porche de la minuscule plate-forme perdue au milieu des champs. À travers la vitre qui délimitait l'abri passaient les halos blancs et jaunes des phares de voiture. Leurs formes disparaissaient dans la tempête. Dap se rencogna contre la vitre à l'abri du vent et consulta son téléphone. Qui refusa de s'allumer.
— Non... Non, non, merde me lâche pas maintenant !
Il tapa sur l'écran trempé, souffla sur la coque couverte d'une pellicule d'humidité avant d'inspecter sa sacoche. La poche avant était restée ouverte quand il avait consulté son portable à l'autre arrêt. Son livre n'était plus qu'un amas de papier gorgé d'eau empestant l'encre, son porte feuilles était gonflé par les billets et cartes de visite humides. Seul l'ordinateur portable avait survécu, bien au sec dans le compartiment central.
Le tourbillon de noirceur au-dessus de sa tête s'éclaira le temps d'une brève seconde. Les vitres de l'abri vibrèrent sous le tonnerre. L'instant de clarté soudaine permit à Dap d'apercevoir le contour de la station de tram, à peine un kilomètre en amont. Il pouvait le faire. Sa mémoire lui jouait des tours mais il était certain qu'il n'y avait que cinq stations jusqu'au terminus. En se reposant entre chaque arrêt et en voyageant durant les accalmies, il finirait par y parvenir.
Bien sûr, l'orage attendit qu'il soit au milieu des voies pour redoubler de puissance. Le vent lui giflait les joues, ses vêtements faisaient un avec la pluie. Dap en cracha des jurons entrecoupés de gémissement de douleur. Il avait oublié la sensation de bien être, d'habits secs, de chaleur humaine.

Un nouvel éclair. Son pied glissa sur une motte de terre et alla se cogner contre la voie en métal du tram. Dap en lâcha sa sacoche et le sol se précipita sa rencontre. Un ultime sursaut de son corps fatigué lui permit de reprendre l'équilibre et d'attraper son sac avant qu'il ne s'enlise dans la boue et l'herbe mouillée. Les battements de cœur paniqué de Dap se mêlèrent au fracas de la pluie et il lui fallut une poignée de seconde avant de réaliser que l'alarme ne sonnait pas seulement dans sa tête mais autour de lui. Une lumière vive mordit sa silhouette et il se retrouva soudain à moitié éclairé par les phrases d'une voiture, arrêtée à côté des voies de tram.
Le souffle de Dap se cristallisa devant lui, flottant dans la lumière des phares. Les coups de klaxons cessèrent, transformés par des cris depuis la portière conducteur.
— Quoi ? cria Dap d'une voix rauque.
— ... onte. Monte ! Bon sang, dépêche, la pluie rentre !
La vitre s'abaissa et à l'intérieur du compartiment, Dap distingua le conducteur se pencher sur le côté pour ouvrir l'autre portière.
Trop trempé pour envisager une seconde de refuser, Dap pataugea dans la boue puis les flaques d'eau sur la route. Une nouvelle bourrasque manqua de lui envoyer la portière en plein nez. Dap dégringola sur le siège passager et lutta pendant de longues et humides secondes pour faire rentrer ses jambes, sa sacoche qui cognait contre la carlingue et enfin, attraper la poignée de la porte et la claquer contre le vent.
L'habitacle s'emplit du clapotement de la pluie, du souffle précipité de Dap et d'une odeur forte de chien mouillé.
Puis Dap se tourna vers le chauffeur et jura à voix haute.
— À croire qu'on n'a pas fini de se voir dans les situations les plus grotesques, dit Linus avec un sourire qui allait d'une oreille à l'autre.
— J'imagine qu'on est quittes maintenant, répondit Dap entre ses dents.
Linus salua sa tirade d'un nouveau sourire railleur et tourna la clé du moteur.

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