Le ver de la course
Donc voilà, je pourrais pas bien expliquer l'enjeu, mais faut pas s'arrêter de courir. Je les vois pas, les autres types. Je les entends... ou plutôt, je perçois que je fais partie d'une foule... Moi, je suis o-bli-gé de courir, mais pas que... en même temps, je suis tout pétri d'engouement. J'ai le présent qui pousse en moi comme un ver parasite et sautillant. "C'est maintenant!" que je me dis, "c'est maintenant!" Maintenant que quoi? Aucune idée. Et ça n'arrête pas, et ça n'arrête pas... je veux dire... j'ai beau être lucide, je suis excité comme pas deux... c'est pas que je veux vraiment finir premier... d'une certaine manière, je sais déjà que ceux devant moi sont impossibles à rattraper... mais bon, c'est sûr, j'ai ma fierté. Ceux de derrière, je me promets qu'ils arriveront pas non plus à ma hauteur. Sinon, combien de temps on doit courir? Sur quelle distance? Idem, j'ai pas d'indice là-dessus, mais c'est pas très important dans le rêve. Juste, voilà, faut tenir, et j'ai toujours envie d'aller loin. D'aller très loin, tout en luttant avec la sensation d'avancer trop lentement par rapport à ce que je pourrais faire. C'est toujours comme ça dans les rêves, hein, tu trouves pas? Tu pédales, tu pédales dans la semoule... C'est horrible, hein? Mais bon, si tu regardes... ça change pas tellement du monde réel, si? Tout le temps l'impression de pédaler, moi. De m'essouffler pour un rien. Et encore, dans mon rêve, t'as un peu une route à suivre, quand même... je veux dire... tant que tu cours... partout où tu vas, c'est bien!
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