Une histoire de valise
Germaine
— Tu as vu, on l'a échappé belle avec ces élections !
Violette
— Mais pourquoi faut-il toujours que tu paniques ? Marine n'avait aucune chance de toute façon !
Germaine, ironique
— Tu le penses vraiment ? Pourtant, il m'a semblé que tu faisais moins la fière la semaine dernière.
Violette, énervée
— Évidemment, je sortais d'une discussion houleuse avec un jeune préposé au service clients de la SNCF !
Germaine
— Ah oui ? Décidément, la dernière fois à Menton, tu avais déjà attendu ta valise tout un après-midi, en vain...
Violette, véhémente
— Et je l'attends toujours ! J'ai dû passer plus de trente-cinq appels et plus de cinq heures au téléphone entre leurs services et leur sous-traitant sans aucun résultat ! Personne n'a jamais été capable de me dire où ils l'avaient finalement envoyée... C'est simple ils avaient l'air encore plus perdus que moi ! Un véritable cauchemar ! Surtout que n'ayant aucun vêtement à me mettre, j'ai été obligée d'emprunter ceux de ma belle-sœur, qui fait deux fois ma taille ! Inutile de te dire que je n'ai jamais osé sortir et encore moins mettre les pieds au casino dans cet accoutrement !
Germaine, éclate de rire
— Ma pauvre Violette, rien que de t'imaginer avec les tenues affriolantes et bigarrées de Bianca ! Mais alors, tu as perdu tes plus belles robes ?
Violette, dépitée
— Ne m'en parle pas, tout ce que j'avais de plus chic était dans cette valise !
Germaine
— Tu vas te faire rembourser, non ?
Violette, acerbe
— Oui, dès qu'ils voudront bien en accepter la perte ! Pour l'instant et après trois mois, il ne s'agit que d'une simple disparition. Rien de définitif, d'après eux. J'étais tellement énervée que je leur ai dit : « Contrairement à vous, jeune homme, je n'ai plus toute la vie devant moi, j'ai même déjà un pied dans la tombe. Alors continuez à me faire perdre mon temps et bientôt c'est au cimetière que vous devrez l'envoyer, cette valise ! ».
Germaine, tout sourire
— Et alors comment a-t-il réagi ?
Violette
— Après un moment qui m'a paru assez long, d'une voix à peine audible, il m'a dit qu'il comprenait et qu'il allait s'en occuper personnellement...
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