Chapitre 1

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Une valise dans la main, un grand sac en cuir rempli à ras bord dans l’autre, Dimitri, avec une démarche assez comique –probablement due au poids de ce qu’il portait-, entreprit de descendre les derniers escaliers qui le mèneraient enfin vers la liberté.

Mais c’était peine perdue : Ses sacs, beaucoup trop lourds pour un jeune garçon aussi chétif, tombèrent sur le sol, s’ouvrirent, et tous ses vêtements s’éparpillèrent sur le béton. Il soupira et entreprit de ramasser ses affaires.

-Dimitri ?! S’exclama une voix derrière lui. C’est marrant, je croyais que tu étais parti !

C’était un jeune métis d’environ treize ans -du même âge que Dimitri, en fait-, qui faisait partie de la même classe que lui, classe qu’il n’avait intégré, contrairement à son ami, que très récemment. D’instinct, il se baissa et l’aida à rassembler ses vêtements. Peu loquace, Dimitri lui répondit en souriant

-Un taxi de mes grands-parents devait venir me chercher, mais il a pris du retard.

-Tu ne rentre pas voir tes parents ?

A cette question, il préféra ne pas répondre. C’était ce caractère étonnant, d’ailleurs, qui lui avait valu l’étiquette de marginal. Un temps passa, puis Dimitri, gêné, finit par lui demander

-Et toi, qu’est ce que tu vas faire de ces premières vacances ?

-Je rentre chez moi. Cette année, ma famille est au Brésil, tu sais, pour le boulot de mon père.

Effectivement, ils se souvenait que son ami, qui s’appelait Raphaël, lui avait un jour parlé de sa situation compliquée : sa famille devait perpétuellement changer de pays et de logement, mais lui avait préféré avoir une situation stable et avait décidé de rester en France pour faire toute sa scolarité en pension.

Ils avaient à présent fini de tout ramasser et Dimitri avait tout entassé à la va-vite car la voiture ne devait plus tarder à arriver.

Après une accolade pleine d’amitié, ils se séparèrent et le jeune homme franchit enfin le portail de l’école. Une grande et longue Ferrari d’un rouge plus qu’éclatant était garée devant le portail, et un chauffeur d’apparence plutôt guindée attendait devant.

Dire que la semaine dernière, sa grand-mère lui avait parlé au téléphone d’un « simple taxi » ! A cette pensée, il secoua la tête, amusé.

A sa vue, le chauffeur ouvrit la porte passager

-Si Monsieur veut bien se permettre…

-Merci, répondit-il en montant dans la luxueuse italienne.

La voiture démarra et il plongea dans ses réflexions. Pour couvrir une aussi longue distance, il aurait préféré une automobile moins voyante et beaucoup plus simple. Mais, préférant savourer sa chance, il se laissa caresser par la douce brise d’automne et s’amusa des regards admiratifs que posaient les gens sur lui. Autant en profiter, il avait cinq heures de route, après tout.

***

L’automobile quitta la route et s’engagea dans des sentiers plus bourbeux et beaucoup plus reculés. Malheureusement, la voiture était certes d’une grande marque, mais ce n’était sûrement pas un tout-terrains. Ils mirent donc beaucoup plus de temps à couvrir la distance qui les séparaient de l’immense manoir de ses grands-parents.

Enfin, ils s’arrêtèrent juste devant la somptueuse demeure que Dimitri prit plaisir à contempler. C’était un manoir très imposant, vieilli par les années et par les hommes, mais qui gardait tout de même un certain cachet.

Dès qu’il sortit de la voiture, son grand-père vint aussitôt à sa rencontre, un grand sourire aux lèvres

-Heureux de te revoir, Dimitri. Tu m’as l’air en forme, le salua-t’ il en lui serrant la main.

-Bonjour grand-père. Grand-mère n’est pas là ? Lui répondit-il en souriant, avec un regard interrogatif. A côté de lui, le chauffeur prit ses bagages et commença à les porter jusqu’au manoir.

-Non, elle est malade.

Sa réponse ne fit qu’accroître son étonnement. En général, sa chère grand-mère, habillée et fardée comme si elle sortait d’un défilé important, se jetait sur lui dès son arrivée. D’autant plus qu’elle n’était jamais malade. Jamais. Mais il ne posa pas de questions et se contenta de suivre son grand-père sur le chemin de la maison.

C’était le soir, et la nuit était tombée depuis bien longtemps déjà, mais un somptueux couvert avait été dressé pour que les deux hommes, le jeune et le vieux, puissent manger ensemble tranquillement.

Ils discutèrent paisiblement de la scolarité de Dimitri et il lui parla avec fierté de ses résultats brillants et jamais égalés. Malgré tout, à chaque fois qu’il le questionnait sur l’état de sa grand-mère, son grand-père restait évasif et répondait à côté.

Bah, après tout, se dit-il en allant se coucher, je la verrai sans doute demain.

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