VII – Meurtri

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A noter que, même si la première partie de cette histoire se passe après le chapitre VII de l’histoire originale, La Compagnie du Lys de sang, la seconde partie de l’histoire se passe après le chapitre V. Je suggère de lire aussi le chapitre V – Le Dieu parmi nous, avant.

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Je fais un signe et un sourire à la journaliste pour qu’elle rejoigne les autres. J’espère qu’elle ira bien. J’espère que le Gros ira mieux, son bras a une sale tête.

Une fois qu’ils sont partis, je vais jusqu’au poteau, plus petit que moi, et je me prépare à recevoir le fouet. Je ne peux pas dire que j’attends ça avec impatience, je n’aime pas souffrir. Mais ma souffrance pourra et sauvera des vies.

Deux types viennent m’attacher et je ne comprends pas, j’ai dit que j’acceptais les coups de fouet et je n’ai qu’une parole. Mais le chef des FER pense différemment et avoue également qu’il aime me voir attaché. Je sens un frisson parcourir mon corps, et ça ne peut pas être à cause du froid, il faut tellement chaud que la sueur du combat n’a pas eu le temps de sécher.

Le premier coup tombe et, par les dieux de mes ancêtres, ça fait mal ! D’abord l’impact, puis une douleur atroce, comme si ma peau était déchirée. Mais pas comme les griffes du tigre. Pas assez forte pour m’évanouir, mais assez pour gémir. Derrière mes dents serrées. Je ne donnerai pas à ce connard le plaisir de m’entendre souffrir. Pas encore, en tout cas. Je sais que je finirai par atteindre un état où ce sera trop, où un autre coup sur de la peau déjà abimée me donnera l’impression d’un millier de griffes de tigre déchirant mon dos, mais, avant ça, il n’obtiendra rien de moi.

Puis il me parle de ce qu’il compte faire et… je ne peux pas entendre ça, ça me rappelle trop la Tchétchénie, et cet homme puant qui me touchait, jouait avec moi, essayant de m’embrasser et de glisser sa main dans mon pantalon et … C’est trop… Je dois penser à autre chose. La douleur est plus facile à gérer, alors je me concentre dessus. Mais, bon Dieu, qu’est-ce que ça fait mal !

Je me perds dans la douleur, j’essaie de ne pas faire de distanciation, c’est trop dangereux. Je dois me souvenir de ma souffrance, pour ne pas retourner dans les Ténèbres. Je ne veux pas retourner là-bas. Plus jamais. Ce fut trop horrible pour Kris de me voir absent, parti.

Je connais mon frère, il ne me laissera pas là, même si je le mérite. C’était stupide. Mais notre mission était de la sauver, et la douleur qui émanait du Gros était trop pour moi, je ne pouvais l’ignorer. Je sais que mes oreilles saigneront quand Kris mettra ses mains sur moi. Et j’écouterai, je baisserai la tête et je serai tout à fait désolé du risque pris. Et je le suis vraiment, désolé.

Je sais aussi qu’à un moment je crierai et que je serai… Je ne veux pas… être violé… Je ne crois pas pouvoir surmonter ça. Si… Si un jour, un homme doit me prendre, j’aimerai autant que ce soit Kris. Parce qu’il m’aime tellement qu’il ne me fera jamais de mal. Mais… je préfèrerai que ça n’arrive pas. Je n’ai pas cette inclination et même pour mon cher non-frère, je ne pourrais pas… Je l’aime, beaucoup, mais pas comme ça.

Je me suis perdu dans mes réflexions et un gémissement m’échappe. Je ne veux pas voir mon dos, il doit ressembler à de la viande hachée, comme l’était mon derrière une fois que le Tchétchène eut fini de me fesser dans le camion. J’ai l’impression que mon dos n’est qu’une seule grosse blessure et chaque petite brise est source de douleur.

Où est Kris ?

Je ne pourrais pas me taire plus longtemps.

Allez, bróðir, où es-tu ? Viens me sauver, petit frère. Je suis désolé, j’ai été stupide et j’ai payé pour ça.

Kris ? Ne me laisse pas à la merci de ce type, il n’a aucune pitié.

Kris ?

Kris !

Un coup tombe sur mes fesses, je crie et j’entends un grognement satisfait. Fils de pute. Mon derrière est encore très tendre suite au mauvais traitement tchétchène et ce coup fut de trop. Je suis foutu, maintenant. Il va me prendre et ce n’est pas ce que je veux. Je ne peux pas Je ne

Respire, Erik, respire. Garde ton esprit clair, ne laisse pas la panique ou la peur te submerger et t’entraver. Tu as besoin de toutes tes capacités pour pouvoir te battre dès qu’ils couperont tes liens. Il y a une solution pour échapper au destin dont tu ne veux pas et c’est de te battre jusqu’à être libre ou trop abîmé pour lui plaire encore. Ou mort. Mais ça briserait le cœur de Kris et le faire souffrir n’est pas une option.

Un dernier coup de fouet et, Bon Dieu, que c’est bon de pouvoir enfin hurler ma souffrance. Je verse toute ma douleur, toutes mes peurs, toute mon angoisse dans ce hurlement et je sens le berserker se réveiller. J’ai besoin de plus pour qu’il se lève vraiment, alors je tire sur mes liens, me démettant presque l’épaule gauche. La douleur là et à mes poignets le réveille encore plus, mais ce n’est pas suffisant.

Et ça vient d’un des mecs qui viennent me détacher. Il me bouscule, ce connard, et tout mon dos n’est que douleur. Le berserker rugit et réplique avec un genou dans ses parties. Le type tombe et le berserker pivote, démettant complètement ma pauvre épaule meurtrie et ça fait un putain de mal et le berserker est complètement libéré.

J’envoie un coup de pied tournant vers l’autre type, qui a sauté en arrière, mais pas assez. J’ai de longues jambes. Je touche sa gorge et il s’effondre, suffocant. J’essaie de tirer sur les cordes de nouveau, de les arracher du poteau, mais mon épaule me fait un mal de chien, malgré la rage du berserker. Et tirer avec un seul bras ne suffit pas.

Le berserker sent un autre mec approcher, alors j’abandonne tout contrôle et deux autres types essayent désespérément de respirer, soit par leurs trachées écrasées, soit au travers de la douleur que leurs couilles envoient à leurs cerveaux.

Et le chef me tire dessus. Mon épaule gauche, déjà bien amochée, me semble exploser sous la douleur et je m’évanouis presque, je ne peux pas tomber, je serai suspendu par ladite épaule et les dommages seraient sûrement irréparables.

Je ne veux pas m’évanouir, je ne peux pas me le permettre, j’ai besoin de rester maître j’ai besoin j’ai besoin Kris ! Où es-tu, petit frère ? Je suis désolé, j’ai été stupide, viens me chercher, s’il te plaît… Kris, ne m’abandonne pas, ne Je… Je t’aime, petit frère, ne me laisse pas, je ne veux pas être seul, je ne veux pas être avec le chef, j’ai peur, je ne peux je ne peux… Kris, bróðir, reviens, s’il te plaît.

La douleur causée par la balle dans mon épaule me secoue et me sort du cercle vicieux de mes pensées affolées qui tournent en rond à toute vitesse et j’essaie de raidir mes jambes mais l’hémorragie et l’adrénaline me font tourner la tête. Oui, j’ai peur. Je suis terrifié. Et le berserker est parti et c’est la première fois que ça arrive de cette façon et…

J’espère que je pourrais l’invoquer plus tard. Pour l’instant, j’essaye de rester debout et je crois que je n’y arrive pas.

C’est bizarre. Je ne me souviens pas de ça. Je ne…

La douleur explose sur ma pommette, quelqu’un me frappe et ma vision s’obscurcit, mais pas vers les Ténèbres, Dieu merci pas les Ténèbres, et je crois que je m’évanouis.

Quand je retrouve mes sens, c’est… Je suis dans un cauchemar d’hétéro. Ou, eh bien, je ne sais pas trop, mais c’est un cauchemar pour moi. Je suis nu, ça je peux le sentir. Tourner ma tête est difficile. On a pris soin de mon épaule, je le sais, je peux sentir les bandages, mais bouger tire et ça fait mal. La bonne nouvelle, c’est que je ne sens pas trop mon dos.

Je suis à genoux sur un sol de terre cuite, dans une chambre où un grand lit me semble très menaçant.

Il y a quelque chose autour de ma gorge, de mes chevilles, de mon poignet valide. Je ne peux pas bouger.

Je suis agenouillé de manière très inconfortable. La chose autour de mon cou me tire vers le haut, m’obligeant à me tenir droit sur mes genoux. Je n’aime pas ça, je me sens exposé, à nu. Et mes genoux sont écartés et… ça me terrifie.

Est-ce ainsi que ça va commencer ? Vais-je…

Kris, où es-tu ? Petit frère, j’ai besoin de toi. J’espère que tu vas bien, petit frère, j’espère que tout va bien et que tu n’es pas là parce que tu es en colère contre moi, pas parce que tu ne peux pas venir.

Kris

Kris, sauve-moi, bróðir

Sauve-moi

J’entends des pas et, de nouveau, cela m’arrache au cercle vicieux de mes pensées. Mais la peur augmente.

Il est là, devant moi, me regardant de haut et je ne peux pas ne pas remarquer qu’il est content de me voir. Je peux voir, et sentir, son excitation. J’essaye de m’éloigner, mais sa main jaillit et attrape mes cheveux. Il ne me tire pas à lui, mais il est toujours trop près pour ma tranquillité d’esprit.

Il se met à genoux devant moi et prend mon visage dans ses mains. Etrangement, c’est très doux, délicat.

Il se penche et m’embrasse. Juste ses lèvres sur les miennes et une très légère pression. C’est chaste et ça me fait paniquer.

Une de ses mains reste sur mon visage, caressant ma joue et ça fait un peu mal. Ce doit être le côté où ils m’ont frappé pour m’assommer. L’autre descend le long de mon cou, mes épaules, mon torse, caressante et ça me fait frissonner. C’est presque agréable mais c’est la main d’un homme et je ne peux pas m’empêcher de frissonner et

Et elle atteint ma queue.

Je ne veux pas je ne veux pas je…

Elle se referme délicatement autour de ma verge et bouge.

C’est doux et agréable et…

Nonnonnonnon, je ne veux pas, laissez-moi !

La douleur m’empêche de lui échapper.

Je gémis, mais ce n’est pas du plaisir. C’est de la douleur et de l’impuissance et du chagrin et Kris

Kris

Où es-tu

Bróðir !

SAUVE MOI !!!

Je vais devenir fou

Je vais retourner dans les Ténèbres

Son pouce calleux caresse mon gland et c’est bon, je sens ma queue se contracter légèrement et c’est répugnant et je veux

Il met plus de pression dans son baiser

AU SECOURS, KRIS, AU SECOURS

Il pousse avec sa langue pour passer mes lèvres mais je serre les dents, je garde ma bouche bien fermée. Je ne le laisserai pas

Il attrape mes cheveux tord mon cou caresse ma verge appuie sur mon gland

Nonnonnonnnon

Je pousse un long gémissement aigu

Je n’entends que mon gémissement

Je ne sens que sa main

Ma vision se resserre sur les côtés

L’obscurité m’entoure

J’entends une voix d’homme, très douce, avec des mots gentils et l’obscurité m’envahit et le sale type disparaît.

Je ne peux toujours pas bouger mais je ne me sens plus menacé. Mon épaule me fait toujours mal, comme mon visage, mes pieds, mon dos et mon ventre.

Une autre voix, un peu plus haute que la voix douce. Puis le silence.

Mais j’ai toujours une érection. Et ça fait mal.

Et je sens une petite main sur ma queue et elle me caresse et c’est très agréable

Je fonds de plaisir

Les caresses sont délicates, douces, lentes et elles créent du plaisir à l’état pur jusqu’au plus profond de mon être et ça monte et je peux entendre mes gémissements mais, cette fois-ci, c’est du plaisir.

J’essaye de pousser dans la main qui tient ma verge, il me faut plus, il me faut jouir.

La main accélère un peu, me caressant et tournant autour de mon gland, appuyant sur le sillon ou le frein et c’est tellement bon !

Chaleur qui se rassemble dans mon cœur, dans mon ventre et je jouis magnifiquement, à en voir des étoiles sur mes paupières !

C’est tellement bon tellement bon

Je lève la tête, ouvre mes yeux et je vois une petite silhouette aux cheveux noirs qui se tient à mes côtés. Doc ? Ma vision est trop floue, je ne vois pas bien, mais c’est la seule femme qui soit aussi petite.

Quand je serai réveillé, il faudra que je la remercie, elle m’a sorti d’un horrible cauchemar.

Je sombre doucement et ne me souviens que du plaisir. Quelle sensation agréable pour s’endormir.

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