Chapitre 9: L’attaque dans les bois de Versailles
Point de vue d'Étienne
Je m’entraîne au tir à l’arc. J’ai la cible en vue et tire une flèche, à côté de la ligne bleue. Je souffle pour aller la chercher, mais une autre flèche a été tirée. Elle frôle mon visage et s'enfonce au cœur de la cible. Du sang coule sur ma joue. Je me retourne pour identifier la personne. C’est le mousquetaire barbu qui tire tout le temps une mauvaise tête. Il lance une seconde flèche, tandis que je m’en éloigne.
— Tu sais qu’il y a d’autres cibles pour t’entraîner ?
Il est concentré. Je lève les yeux au ciel et poursuis mes excercices. Au moment de viser, il s’approche vers moi pour me faire une démonstration.
— Si tu veux tirer sur la cible, tu devrais, avant tout, élargir ton arc.
J’écoute ses conseils à l’aveugle et étire ma première cible sur le point « 100 ».
— Maintenant, pour être centré, il faut avoir une bonne position. Comme tu es droitier, tu devrais mettre ton pied droit et ton bras gauche, n’est pas assez tendu. Il faut que ton œil vise la trajectoire à la verticale. Donne aussi assez de force pour que ta flèche prenne de la vitesse.
D’où vient-il pour me tirer ces grandes leçons ? J’obéis à ses instructions et vise pour la cinquantième fois.
— Dans le mille, se réjouit-il.
Il retourne ses talons et me prête un petit sourire. Étrange ce mousquetaire… le caporal Dubain, à cheval, nous demande de nous arrêter.
— Nous avons une mission demain : protéger le carrosse du duc de Bourbon. Je vais avoir besoin de toi Étienne, et de toi Alexandre. Rendez-vous demain matin aux écuries, à l'aube. Étienne ?
— Oui mon caporal ?
— Prenez le tir à l’arc avec vous. Vous allez continuer demain, sur de vrais cibles.
* * *
Nous nous sommes levés tôt pour partir aux aurores. Nous pénétrons dans la forêt de Versailles, et avons l'ordre du roi, de trouver le carrosse du duc de Bourbon. Pas évident… heureusement que je sais monter à cheval. Avec papa, quand on avait le temps, on faisait des balades à cheval, pas très loin de Versailles. Nous avons majoritairement des purs sangs et des étalons. Le capitaine nous fait signe de nous arrêter. Nous avons entendu la même chose : le bruit d’un sabot de cheval. Non même pas, je dirais, de plusieurs chevaux.
— Ils sont là, rétorque un mousquetaire.
Nous nous dirigeons vers un magnifique carrosse paré d'or. Un cocher est au commande. Il tire deux magnifiques frisons. Le caporal s’approche d’eux pour ne pas les inquiéter. Je suis le dernier de la file indienne. Nous sommes au pas. Pour l’instant, aucun ennemi en vue. Je prête mon attention sur les allées de gauche, tandis que mon cheval, à les oreilles en arrière. J’entends un craquement. Élastique, le nom du cheval, a entendu le même son. J’avance à pas furtif, vers monsieur Dubain.
— Nous ne sommes pas seuls, mon caporal.
— Je dirais trois ennemis, réplique Alexandre.
— Même quatre, rédige monsieur Dubain.
Notre caporal nous fait signe de nous mettre en place. Je regagne ma file. Soudain, un brigand, sortant d’un buisson, attaque le premier. Il tente d’ouvrir la porte. Je pars au galop et prépare mon arc pour tirer. Raté, j’ai visé son épaule… je voulais l’attaquer au dos, mais il tombe quand même. La princesse Bourbon hurle, lorsque plusieurs briguands nous attaquent. Le caporal ordonne au cocher de partir au galop. Je les accompagne avec Alexandre et Paul. Nous partons tous les trois avec eux. Les autres mousquetaires mènent un rude combat. Tandis que nous partons au galop, j’en vois un autre, assit sur son cheval, me poursuivre. Je débouche sur une autre route et me retourne pour tirer. Pas de bol, il a une armure. Je continue d’emprunter le chemin, tout en surveillant la calèche. Alexandre se débrouille comme un chef. Il vise avec son pistolet et tue plusieurs briguands. Malheureusement, le cocher est touché et tombe dans les feuilles. Les chevaux perdent le contrôle des rênes et continuent de galoper, en ligne continue. Oh non, ce n'est pas vrai… il y a un gros rocher en face d’eux. Je pars au triple galop et sème l'ennemi. Je double la famille et saute pour reprendre la conduite. J'arrête les chevaux à temps. Ouf, la famille est sauvée… mais des braconniers y demeurent… il ne manquait plus que ça.
— Je prends le relais. Vas-y, m’ordonne Paul.
Il mène la calèche avec lui. Je le couvre avec mon tir à l’arc. Alexandre nous a rattrapé. À trois, nous protégeons la famille qui est très inquiète. Je me retrouve à côté de la princesse. Elle me voit, en pleine course. Nous nous arrêtons un petit moment, sous un grand soleil.
— Tout va bien monsieur le duc de Bourbon, nous les avons semés.
Peut-être que j’ai parlé trop vite ? Je croise, sous le charme, les yeux de la princesse. Elle a des yeux bleus très vifs et un visage très tendre… ses cheveux blonds brillent aux éclats de la lumière. Son regard est si agréable à contempler… elle tient dans ses mains une boîte à bijoux. Cela ne m’étonne pas que des voleurs ont voulu s’en prendre à eux…
— Faites attention à vous princesse, votre boîte est très visible.
Elle pousse un cri lorsqu’un voleur veut s’en prendre à moi. Heureusement, le prince a un pistolet et tire sur lui. Il s’effondre au sol. Je remercie le prince de Bourbon de m’avoir sauvé.
— Pourrions-nous avancer ou cela est trop demandé ? s’énerve le duc de Bourbon.
— Pardon monsieur le duc… tu peux y aller Paul.
Je n’arrête pas de penser à la princesse, pendant tout le long du voyage....
* * *
— C’est une honte monsieur le roi, de voir des braconniers dans votre forêt ! C’est une honte ! s’agace le duc de Bourbon.
J’aide la princesse à descendre de son carrosse. Son beau sourire me fait fondre le cœur. Elle me remercie et s’avance vers son père.
— Je suis navré que des braconniers vous aient surpris… se désole le roi.
Nous le saluons avec Paul et Alexandre, les genoux au sol et nous nous relevons.
— Venez dîner avec nous. Nous vous avons servi un bon plat. Avez-vous fait bon voyage ?
Tandis que le roi et le duc de Bourbon discutent, nous accompagnons le prince et la princesse à la salle à manger. La princesse ne parle pas. Le prince, Louis-Henri, se vante d’avoir tué un soldat.
— Merci de m’avoir secouru, susurre la princesse à mes côtés.
Je la regarde, les yeux luisants d’étoiles. C’est la dernière fois que je suis avec elle. Elle me lance un dernier sourire, tendrement, et rentre pour dîner.
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