Avec Steve
L’autre sorte de génie appartient à ceux qui apprennent sans même vouloir s’adonner à l’exercice. C’est inné.
L’endroit où je suis ne m’inspire guère confiance. C’est à la fois sombre et clair. Les sensations y sont fugaces.
Ne change pas ?
- Cela s’appelle être conservateur. Bon, je te le déconseille... Tu connais le dicton ? Il paraît que… Comment c’est… Hum…
Steve repose son menton sur ses longs doigts, ses fines pupilles regardant sur le côté. Je ne sais même pas où il se tient réellement. Il n’a pas l’air tangible.
- Qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis…
Dans un siège qui ressemble à un cocon, il gigote, disparaît, à la manière dont les pensées se faufilent dans notre esprit. Elles s’envolent rapidement si on ne les saisit pas.
D’un mouvement vif, il attrape quelque chose.
Steve se déplace. C’est un spectre sombre et transparent qui donne la sensation de ne jamais pouvoir se tenir au même endroit.
Regarde.
- Un papillon ?
Il libère de sa paume l’insecte.
La couleur de ses ailes est sensationnel, couverte d’un bleu roi et de poudre d’or.
Les pensées sont précieuses.
- Elles me font souvent souffrir…
Slurp.
Une longue langue défile sous mes yeux.
- Tu n’as qu’à les manger. Les mauvaises pensées.
Là, je le vois.
Une aile ressort de sa bouche et bat encore quand il pourlèche ses lèvres.
Il l’a englouti.
Je m’énerve :
- Tu es complét…
Je n’ai le temps de rien dire que je le vois subir son châtiment. Sur sa peau se répandent des tâches à l’effigie du papillon. Elle se recouvre d’une poudre, si brillante et belle… que j’ai envie de la toucher. Il explose en éclat. En un amas de couleur que je récupère de mes doigts.
Maintenant, moi aussi, je suis recouverte.
Tel un caméléon...
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