Joseph

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Joseph n’avait jamais été envieux de ses deux patrons, par moment était-il jaloux d’eux étant plus jeune, voyant qu’ils pouvaient tout obtenir, il l’admettait. Heureusement pour lui son père, un homme plein de sagesse, lui avait appris à n’être ni jaloux ni envieux de tant de facilités.

« Quand tout est facile pour une personne, le monde semble lui appartenir », lui rappela-t-il un jour d’une de ses leçons de morale.

Comme il regrettait qu’il ne soit pas à ses côtés, surtout dans des moments comme celui-ci.

« Quand on peut tout s’acheter, il nous semble avoir pouvoir sur tout, quelques fois sur la vie des personnes aussi. Cela peut nous faire perdre toute morale. »

Et comme il avait raison dans ce cas-là ! Ces messieurs n’avaient pas à lever le petit doigt de la journée, leur fortune étant déjà faite, mais cette fois-ci ils dépassaient vraiment les bornes. L’ennui – ni la richesse d'ailleurs – ne leur donnait le droit de jouer avec la vie des autres comme bon leur semblait. D’autres étaient beaucoup plus aisés ou s’ennuyaient pareillement mais aucun d’entre eux n’inventait des jeux comme celui-ci. Être envieux d’eux ? Non, se dit Joseph. De personnes sans aucune morale on en est ni jaloux ni envieux. Par chance son père l’avait mis sur le droit chemin. Joseph fut choqué le jour où il surprit la conversation entre Monsieur Henri et Monsieur Georges au bord de la piscine. Des frissons lui parcoururent le dos en y pensant. Uniquement par ennui ils avaient organisé un jeu cruel, jamais ils n’avaient été aussi loin auparavant. Une autre question tourmentait Joseph. S’ils mettaient réellement leur plan à exécution, que se passerait-il ? Qu’en serait-il d’eux ? Étaient-ils prêts à faire une telle chose pour un simple pari ? Tout ceci sortait évidemment de l’imagination fertile de Monsieur Henri, celui-ci qui par-dessus tout n’aurait jamais accepté de perdre un pari aussi stupide qu’insensé. Et Monsieur Georges qui se laissait prendre au jeu pour la seule raison qu’il vouait une admiration envers l’imagination de son frère aîné. Joseph se promit qu’il mettrait tout en œuvre pour les en empêcher. Tout. En sa qualité de majordome, il avait accès à toutes les pièces de la maison, y compris le bureau des deux messieurs. Il se mit en quête de l'adresse qu'il cherchait et il appelerait la sécrétaire si ses recherches étaient restées vaines ; elle ne se douterait de rien. Il savait également qu’il perdrait son emploi. Où irait-il ? Peu importe, il avait une morale, lui. Ne pas décevoir son père était au-dessus de tout. Celui-ci n’aurait jamais accepté que son fils reste au service et vive dans une maison de gens sans scrupules, ni qu’il en soit jaloux. Pas de jalousie, pas d’envie...

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