Que dire de ma vie si ce n'est qu'elle est un long chemin parcouru d'embûches, de déceptions, de désillusions et de si peu de joies. Le vrai bonheur, j'en ignore la saveur, du moins celui que je vois pétiller dans le regard de certains ou encore celui qui rend la vie de chaque jour si douce que le lendemain n'effraie point. J'ai pourtant tout tenté, du moins je le crois, pour que ce bonheur-là inonde ma vie et celle de tous ceux qui la partagent. Mais rien n'y fait, ni respect des bonnes règles sociales, ni observance et mise en pratique de préceptes religieux et philosophiques. J'ai traversé cette vie en luttant pour garder le cap, celui qui vous fait avoir de bonnes pensées, qui vous rend assidu au travail, vous fait distiller de bonnes paroles, devenir altruiste, disponible, généreux...Rien, toujours rien, résultat linéaire, chaque jour qui passe me rappelle douloureusement que ce bonheur-là n'est pas pour moi ici-bas.

Ni programmée, ni attendue, j’ai été privée d'enfance et d'adolescence. Je suis entrée dans ma vie d'adulte de manière précipitée pour m'empêcher de commettre l'irréparable. Je me suis liée par la voie sacrée du mariage. J'ai procréé croyant à un salut éternel. J'ai aimé, désaimé, ré-aimé, et aujourd'hui je ne sais même plus ce que le mot amour veut dire. Je suis perdue dans les méandres de la vie, de ses incertitudes, de ses contradictions, de ses injustices. Les hommes, les femmes que je côtoie, sans même qu'ils m'aient fait quoique ce soit, m'ennuient, me chagrinent et me désespèrent terriblement. Je résiste à une envie tenace de m'enfermer dans le noir, de me soustraire au regard de tous, de m'éloigner de l’idiotie collective, de toute cette méchanceté qui agite le monde, de ce tout ce qui a trop jalonné le cours de ma vie.

C'est un bilan aussi triste à écrire qu'à lire. Je me suis trouvée au creux de la vague, partagée entre l'envie d'en finir et celui de résister, de relever la tête, de trouver l'énergie salvatrice qui m'amènerait sur le chemin de ma liberté, de ma vie, de la vie !

J'avais alors 40 ans et j'ai choisi de vivre !