Le Triton bar

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Nous venons à l’instant d’entendre notre horloge sonner le glas de ce triste chapitre et sommes, par conséquent, dans l’obligation de passer au suivant. Cependant, avant d’entrer à nouveau dans le cœur du sujet, faisons une autre pause.

Sans aucun doute, cette fois-ci, quant au déroulement de l’histoire, reprenons. Ce moment, où le premier symptôme du Capitaine se manifesta dans une habitation au milieu d’un îlot provoqué par un manque d’alcool. Repérée du pont du Ratten à l’aide de sa longue vue, le Capitaine partit voir s’il pouvait s’y abreuver.

Lors de son escale, le climat se mit soudainement à changer. Le capitaine Clark fut pris au piège par une tempête tropicale soufflant si fort que les arbres penchaient à toucher le sol. Cherchant à tout prix un abri pour se protéger des nombreux projectiles portés par le vent. Il courut à grandes enjambées protégé sous sa cape.

L’habitation n’étant autre qu’une taverne où se gravaient sur l’enseigne en toutes lettres : LE TRITON. Enseigne qui violemment se balançait par le vent hurlant. En face de la porte, il inclina la poignée et entra au-dedans. Ainsi, s’ouvrit en grand la porte du Triton.

À l’intérieur de nombreuses têtes au teint blafard et au regard blême se tournèrent vers l’entrée que capitaine Clark fermât expressément avant que le vent ne s’engouffre au-dedans. Aussitôt, les hommes se remirent à leur présente occupation : boire, et ce comme si plus rien n’existait. Donc, cheveux et visage trempé, il posa sa cape sur le dossier d’une chaise et s’approcha du comptoir. Et quand il vit la rangée de bouteilles sur l’étagère, ses yeux se mirent à briller et de sa bouche, sortit un rire gras. Zélé notre Capitaine s’assit entre deux gaillards tous deux penchés sur le bar, tenants dans leur main une pinte qui ne sembla jamais désemplir et continuaient à boire sans prononcer un mot.

Ainsi, le Triton se plongea dans un profond silence, si intense qu’il eut fait frissonner notre Capitaine ou fut-ce alors un simple frisson causé par l’humidité de ses habits : on vous laissera en juger. Reniflant l’odeur de l’alcool, son manque revint alors à la charge et de sa voix rocailleuse interpella le serveur occupé à remplir les tonneaux de leur contenant.

— Tavernier, sers-moi la même chose que mes deux nouveaux compagnons. Et... vite car, j’ai vraiment très soif !

Le serveur se retourna et grommela son mécontentement et aussitôt servit une pinte remplie à ras bord, glissa longuement sur le comptoir, s’arrêta dans le creux de la main du Capitaine qui, sans attendre, leva le bras pour assouvir son envie. À chacune des gorgées qu’il avalait, le bar semblait tout entier sombrer dans ce silence qui devenait de plus en plus pesant. Si tant est que le Capitaine entendît une voix intérieure lui sommer de fuir. Voix qui diminuait dès qu’il eut terminé sa pinte et qui disparut quand il posa son pot, les poils, se hérissent soudainement sur ses avant-bras, montraient à quel point son corps avait peur de l’ambiance lugubre qui régnait en ces lieux. Signe que bien sûr il ignorait.

— Un autre, s’y te plaît.

Vous l’aurez sans doute compris qu’en réalité le Triton était un bien sombre endroit où des choses paranormales se déroulaient.

Et comme chez les pirates, une fois n’est pas coutume il remit ça jusqu’à rassasier son envie et faut croire qu’il en avait une sacrée envie, parce que capitaine Clark ne vit pas qu’autour de lui les deux gaillards avaient pris une allure fantomatique.

Visiblement pompette, il se mit à chanter si fort qu’on pouvait se demander qui des trois hommes avait le plus peur !

— Allons moussaillons buvons à la santé, à la joie, à l’amitié et surtout, surtout à l’Amour !

La joie de vivre du capitaine Clark avait comme exorcisé le mal en ces lieux. Et contre toute attente, avait enrôlé dans sa galère ces hommes aux visages blafards pour ne pas dire mort. Ainsi apparut le premier symptôme de notre Capitaine. Enfin, disons plutôt qu’il faudrait être illuminé pour danser avec la mort si tant est qu’elle en devienne son amie. Au-dehors, le temps avait bien changé, où disons plutôt qu’il s’était calmé comme anesthésié pour laisser place à un ciel azur et à un soleil à ravir les cœurs. C’est alors que le Ratten leva l’ancre avec à son bord suffisamment d’alcool pour parvenir jusqu’au moment qui ne saurait tarder : quoi que tardons encore un peu…

Car, nous sommes encore bien loin de ce chapitre final ou dirait-on plutôt le début de cette fabuleuse histoire ! Présent chapitre où le vaisseau de notre Capitaine voguait à la verticale pour ne pas dire tomber en chute libre, comme précipité dans le fond de cet abîme. Ainsi, revenons à notre chronologie. Précisément où le Ratten voguait, cette fois-ci en des eaux plus calmes, mais qui n’en demeuraient pas moins dangereuses où un voile soudain apparut. Brouillard s’infiltrant sur le pont du Ratten si insidieusement qu’on pourrait se demander :

« Mais dis donc ! Vous êtes certain qu’on est sur un roman pour enfants là ! »

Trêve de plaisanteries et reprenons. Ce moment où capitaine Clark allongé sur son lit, se faisait bercer par le creux des vagues, dormant à poings fermés comme lorsqu’il n’était qu’un enfant avec des ronflements en plus, bien loin de se douter de la galère dans laquelle il allait encore tomber. Parti loin dans un monde rempli de rêves où il faisait bon vivre, où il faisait plus chaud, où il se mit soudain à venter et à faire froid et pour enfoncer le tout, où il se mit à geler.

Et faut croire que ses rêves commençaient à prendre des allures de cauchemars. L’horreur qui s’y déroulait devenait de plus en plus réelle, si tant est qu’elle le réveillât. Et notre capitaine se mit à hurler. Trempé de sueur, le souffle court la vision horrifique qu’il eut en ce moment prenait des allures plus que réelles.

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