16.Sang royal

5 minutes de lecture

" Etait-il humain ?"

Siya n'attendit pas une seule seconde de plus. Non, elle fonça à toute allure.

Vers le cri de désespoir. Ce cri qui lui rappelait le sien.

Vers cette source de détresse qui semblait sans fin. Dans l'espoir de ne plus jamais laissé quelqu'un souffrir.

Vers le danger.

Vers sa destruction.

Une ombre d'une couleur indéfinie semblait se débattre de toutes ses forces d'une prise dominante, au fond de la ruelle.

Une agression violente et cruelle d'un homme pris de folie, voulant profiter de la faiblesse d'une jeune femme en pleurs.

Siya n'attendit pas, et agrippa instinctivement son sac et chargea avec tout ce qu'elle pouvait.

L'homme ayant encaissé le coup, relâcha sa prise et porta toute son attention sur elle, n'ayant pas anticipé son intervention si soudaine.

Siya n'eut pas le temps de réagir, qu'elle ressentit un violent élancement à l'abdomen, son sac volant au loin, et elle tomba à terre. Etendue sur le sol, elle entendit encore l'une de ses plaintes désespérées.

Ce devait être un objet tranchant qui l'avait frappé...

Elle n'était pas arrivée au bout de ses pensées que l'homme fonça sur elle une nouvelle fois.

Elle se redressa in extremis et se mit sur la défensive en évitant sa contre-attaque de justesse : un objet aiguisé lui effleura la cheville, lui laissant une marque rouge sur la peau.

- Que fais-tu encore ici ! Va-t'en ! hurla Siya à l'attention de la jeune femme.

Alors que l'homme chargeait à nouveau vers elle, Siya se surprit d'agir avec une agilité impressionnante. Elle repéra un débris de bâton près d'où elle était tombée, le saisit avec détermination et le balança de toutes ses forces sur l'homme. Le bâton heurta sa tête dans un bruit sourd, et l'homme s'effondra au sol, son regard vide fixé sur elle.

- Qui...qui se souviendras de moi ? l'entendit-t-elle murmurer d'une voix grave et peinée.

Un long silence retomba dans la ruelle déserte, ou l'homme la fixa avec insistance.

Des yeux vides dans un corps vivant. Comme s'il respirait, comme s'il ressentait, comme s'il comprenait la souffrance qu'il s'apprêtait à infliger à une pauvre jeune femme.

Etait-il humain ?

Siya resta là, reprenant son souffle, son cœur battant de vive allure.

Cependant, la victoire fut de courte durée. L'homme se releva rapidement, ses yeux reflétant une détermination effrayante propre au désespoir.

- Qui se souviendras de moi ?! hurla-t-il cette fois-ci d'une voix déchirée, proche de la démence.

Siya prit une décision rapide. Elle ne pouvait pas se permettre de rester et de continuer à lutter contre un adversaire beaucoup plus dominant. Et dès lors que la jeune femme avait également prit la fuite, Siya prit son propre conseil à cœur.

Elle se lança dans une course effrénée, ses pieds martelant le pavé, une main comprimant son abdomen. Son souffle était rapide et saccadé, mais elle ne s'arrêta pas, car derrière elle, elle entendit Des pas précipités qui la poursuivait.

Siya atteignit enfin une rue quelque peu animée, sa poitrine haletante. Elle se tourna le souffle court, son cœur battant à la chamade si bien qu'elle pouvait entendre ses pulsations résonner jusqu'à ces oreilles, et réalisa que l'homme s'était arrêté à l'entrée de la petite ruelle, un mélange de démence et de déception sur son visage.

Puis, sans un mot de plus, il fit demi-tour et disparut dans l'obscurité, ou l'opaque et le sombre domine.

Siya resta là, en sueurs, le regard rivé vers la ruelle, en espérant que la jeune femme qu'elle avait essayé de protéger avait trouvé un moyen de s'en sortir aussi...

...

Il faisait à présent nuit noire, et seules quelques échoppes demeuraient ouvertes sous des lanternes lumineuses.

Siya réprima un grognement alors qu'elle réalisa qu'un liquide rougeâtre traversait les pans de ses vêtements. Son propre sang.

La jeune femme souffla fort en tenant fermement son abdomen ensanglanté tandis qu'elle s'approchait d'une des échoppes encore actives.

Elle ne s'était pas aperçue qu'elle tremblait encore.

Le cœur battant, elle s'approcha du marchand, un homme barbu de petite taille qui rangeait ses petites babioles à la lueur d'une vacillante bougie.

Siya s'avança avec une expression de douleur mêlée de détermination. Elle pouvait sentir la chaleur de son sang glisser entre ses doigts, mais elle refusait de flancher maintenant. Elle s'adressa alors au marchand d'une voix tremblante mais résolue :

- Excusez-moi monsieur... Pouvez-vous m'indiquer cette adresse chemin du nord 24 ,marché d'Acra. J'aimerai converser avec le Docteur Wiljauke. C'est urgent.

Le marchand leva les yeux de ses bibelots et répondit presque machinalement :

- Le docteur Wiljauke ? Oui, bien sûr. Vous devrez prendre la rue principale puis tourner à gauche à la fontaine en pierre. C'est la seconde bâtisse à droite.

Siya le remercia d'un signe de tête rapide et s'apprêta à partir, mais le marchand sembla soudainement soucieux.

- Attendez mademoiselle ! Que vous est-t-il arrivé ? Vous êtes blessé ?

La jeune femme lui lança un regard rapide, hésitant un instant derrière ses sueurs froides se cacha un demi-sourire douloureux :

- C'était un accident. Il se trouve que jai besoin de l'aide du docteur au plus vite.

Sans attendre une réponse de plus, elle quitta l'échoppe en boitant légèrement à cause de cheville blessée. Les dernières paroles du marchand qu'elle connaissait déjà furent ignorées :

- Mademoiselle ! Attendez ! Je doute que le docteur Wiljauke vous sera d'une aide quelconque ! Il a arrêté de pratiquer depuis un long moment !

...

Des pas faibles mais persistants.

Combien de minutes ou d'heures étaient passés ?

Son souffle bruyant fut coupé plusieurs fois mais la jeune femme suivit les instructions données.

De sa bouche entrouverte une respiration sortit, revient, se retira puis reviens encore.

Elle ne regrettait pas son choix de la sauver. Devait elle à présent en payer le prix ?

Et sa quête dans tout cela ? Cette promesse silencieuse ?

Elle ne pouvait l'expliquer mais elle ne pu que se rappeler des mots de son assaillant, le regard vide.

« Qui se souviendras de moi ? »

« Voulait elle qu'on se souvienne d'elle ? »

Appartenir au monde immobile, elle aimerait oui que l'on se souvienne de quelqu'un qui avait osé, qui avait lutté.

Appartenir au monde immobile, elle aimerait laisser l'essentiel d'elle-même. Par un geste, une parole, un regard, elle aurait aimé souffler à ceux qu'elle aimait ce qui compte vraiment et qu'elle n'a pas toujours pu dire. Un secret enfoui à jamais.

Comme un rayon de soleil caché par d'imposants nuages, ou comme ...

Un flocon...puis un second lui effleurèrent ses cheveux ondulés.

Un signe que le froid de Frost, l'empire voisin avait migré.

Elle était enfin arrivé à l'adresse en question.

Une bâtisse rougeâtre qui comme elle souffrait.

Un troisième...puis quatrième cristal brillant virevoltaient.

Oui s'était bel et bien un signe que le froid de Frost, l'empire voisin avait migré...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire SQUIDANDBOOKS ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0