Amir et Nasratine
Les enfants de la ville de Batna étaient trop nombreux pour l'unique école. À huit heures, les élèves du premier groupe se répartissaient dans les douze classes des bâtiments anciens. Au moment de la pause de dix heures, le second groupe remplaçait les enfants du premier groupe, qui rentraient chez eux avec leur cartable, jusqu'à treize heures. Les enfants du premier groupe revenaient dans leur salle de classe pour étudier jusqu'à quinze heures, pendant que les précédents retournaient dans leur famille avec leur cartable qu'ils ne pouvaient pas laisser dans les casiers... d'ailleurs inexistants, mais quelle est, dira-t-on, la signification de cette performance ?
À quinze heures c'est la dernière valse des petits étudiants qui restaient eux jusqu'à la fermeture de l'école, c'est-à-dire, dix-sept heures.
C'est compliqué à comprendre ?
Oui ? Pour eux aussi, c'est compliqué.
Amir et Nasratine, deux bons copains d'enfance, voisins de palier, se croisaient dans les couloirs de l'école ou dans la rue. C'était seulement le soir qu'ils pouvaient se retrouver pour jouer au ballon avec les autres garçons, sur le terrain en pente. Lorsqu'ils virent arriver Agapatou l'étrangère, toute l'équipe l'entoura, mains tendues espérant petits dollars ou autres monnaies étrangères. Amir et Nasratine la prirent par la manche et l'accompagnèrent jusque devant la porte de chez eux.
— Viens chez moi, dit Amir
— Non ! Viens chez moi, réplique Nasratine.
Les enfants riaient, tiraillaient la femme, à droite puis à gauche. Agapatou écartelée rit aussi. L'hospitalité pour la voyageuse fut aménagée jusqu'à vingt-trois heures chez Amir, puis le reste de la nuit chez Nasratine.
Le lendemain matin, Agapatou reprit la route qu'elle pistait vers le Sud.
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