les gauchos
C'est avec la langue des conquérants que Yoshitérù put, lui aussi, dialoguer avec les personnes actives rencontrées. Une campagne plus loin, il s'arrêta dans une ferme. À ramasser les fruits, de la vigne, le travail en équipe, lui procura le bon retour aux rythmes rassurants d'un quotidien laborieux. Mélange d'insomnie éreintante et de fatigue joyeuse, les soirées se teintaient d'ambiance chaleureuse, bien arrosée.
Où va-t-il donc se cacher le secret des Mayas,
si tu décryptes sans cesse leurs croyances livrées à voies nues ?
La fumée du peyotl part rejoindre les anciens dérangés par tes vœux.
Longtemps, j'ai cru vraies, les images, à mes yeux ouverts ;
ce fut l'esprit éveillé qui éclaira ma lanterne.
Longtemps, j'ai cru précieuses les richesses convoitées ;
c'est en l'âme des vivants avec qui je cherchais à communier.
Yoshitérù distillait sa joie, en sirotant les délices enivrants. D'aventures cavalières épiques, en équipées chevaleresques exubérantes, Yoshitérù devint bientôt apprenti gaucho. Accompagnant les vachers rudes et fiers, ils parcouraient les vastes plaines. En chemin, le bétail broutait peu, jusqu'à trouver terrain fertile, espace tranquille. Lors de ces pauses bovines, la poussière retombait sous les sabots fendus et s'enkystaient des lentes ruminations ventrues. Un veau nouveau donnait aux gardiens, le souci d'une surveillance accrue, une distraction maternante. Si l'eau manquait, les gauchos déplaçaient le troupeau plus bas dans les prairies. Avec les cavaliers et leurs maigres salaires, Yoshitérù apprit à tresser ses lassos. Au bout de cinq mois d'errance calculée, les jeunes bêtes du troupeau de vaches élevées dans la pampa devaient être rassemblées dans le corral aménagé derrière l'estancia, pour la vaccination, le marquage au fer. Les plus habiles des vachers prenaient plaisir à se défier en immobilisant les veaux, le plus rapidement possible. Concurrence brutale, saturée de boue, la journée était dédiée au patron qui surveillait son cheptel, debout. Le dimanche, les gauchos, astiquaient leur quincaillerie, éperons, boucle de ceinturon, manche de couteau, fermetures de gilet, poignée de cravache pour participer à la fête, après le passage obligé à l'église. Dans la ceinture, ils dissimulaient leurs économies.
Un autre jour, le traitement préventif, contre les acariens et autres mélophages voraces, se réalisa grâce à une immersion complète des bêtes. La longue baignoire recevait à tour de rôle les vaches effrayées, les taureaux, les jeunes, les chiens et parfois les hommes eux-mêmes, si, comme Yoshitérù, ils n'étaient pas attentifs au voisin dont le rôle était de baptiser les petits nouveaux, non encore aguerris aux coutumes locales.
La saison froide se déroula dans une cabane en pisé. Humide, il se pu que l'ivresse donna à Yoshitérù de supporter mieux cet environnement.
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