Une nouvelle famille

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Dimanche 14 avril

Mon réveil sonne, il est 6H30, et le soleil inonde déjà le grand balcon sur lequel donne la porte vitrée de ma chambre. Dehors, des coqs chantent à tue-tête, et un bruissement régulier se fait entendre dans la pièce d’à côté.

Après quelques instants de léthargie, scrutant du regard mon nouvel environnement, je me lève en m’étirant, étonnamment reposé malgré ma courte nuit. La température ambiante est déjà chaude, je sens que mon cou transpire.

J’enfile mon pantalon et ma chemise à manches longues, tous deux en lin ; la DCC conseillait des vêtements longs mais légers pour éviter les piqûres de moustiques, porteurs du paludisme au Tchad. J’espère ne pas mourir de chaud, car globalement je n’ai pris que ce genre d’habits.

Je me dirige vers l’origine du bruissement ; je tombe nez-à-nez avec un adolescent grand et mince, s’affairant à balayer le sol avec un fagot de paille. J’engage les salutations en lui serrant la main. Il se présente sous le nom d’Oscar, même si je me rappelle que son véritable nom est Oscaride ; en effet, sa maman m’a déjà présenté sur une photo chaque membre de la famille via WhatsApp, et je m’étais appliqué à retenir visages et prénoms. Je pose quelques questions par pure politesse (lui demandant son âge, s’il va bien), et, devant son attitude plutôt réservée, je finis par le laisser tranquille.

Entendant du bruit en bas dans le salon, je décide de m’y rendre. J’y trouve Solange, occupée à dresser la table basse du salon, que je salue. Sur les canapés je m’aperçois de la présence des deux enfants que j’ai vu dormir hier dans le salon sous une moustiquaire. Je reconnais Ariel (qui est un garçon) et Graciella, que j’ai aussi eu l’occasion de voir lors de mes appels vidéo avec Solange. Il me semble qu’Ariel a 5 ans et Graciella en a 3, mais je compte leur demander quand même, profitant de la courte absence de leur mère pour sympathiser.

Cependant, toutes mes tentatives de questions se soldent par des échecs, les enfants me regardant avec des yeux ronds comme des balle de golf sans rien me répondre.

En revenant de la cuisine, Solange appelle Emmanuel, Oscar et Samira à nous rejoindre. Toute la fratrie se réunit autour de moi dans un silence gêné. Puis, elle me présente à eux comme « yaya François » - j’apprendrai après que yaya signifie « grand frère » ou « grande sœur ».

De toute évidence tout le monde était au courant de mon arrivée, cependant il faut croire que le fait de me voir en chair et en os les a tous intimidé : autour d’un poisson en sauce que nous dégustons avec une baguette de pain industriel, je m’enquiers de la scolarité de chacun, de leur âge… mais les réponses sont brèves, et la communication parfois difficile.

Pas mécontent de finir mon assiette et de mettre fin à cette première rencontre mitigée, je retourne dans ma chambre pour me toiletter.

Car à 8H30 débutera le culte protestant de l’église La Bonne Nouvelle, à laquelle la famille est rattachée. Malgré mon éducation catholique et mon habitude d’aller à la messe, je suis curieux de découvrir le protestantisme, c’est pourquoi j’ai accepté de venir. J’y voyais aussi un moyen de m’intégrer un peu plus dans la famille.

Il est 13H lorsque nous sortons de la salle de culte ; autant vous dire que je n’en peux plus. Certes, les chants de louange étaient enjoués et rythmés, les femmes dansaient et les hommes tapaient dans leurs mains, les paroles étaient pleines d’espérances. Mais ça vous donnait la migraine à longue. Les sermons quant à eux, ne m’ont pas intéressé ; une fois c’était un pasteur qui ventait les mérites d’une toute nouvelle édition de la Bible ; l’autre fois c’était un second prêcheur qui dénonçait pendant trois quarts d’heure les ravages de l’homosexualité, du véganisme et du féminisme.

Les points positifs que j’en retire sont l’accueil des gens, leur bonne humeur et la climatisation.

Cependant, conscient que mon jugement peut être hâtif et biaisé par la constante comparaison que je fais avec la messe catholique, je me promets d’y revenir encore quelques dimanches, histoire de me faire une idée plus précise de la religion.

Malgré tout je ne comprends pas comment les fidèles acceptent de passer cinq heures de leur dimanche à l’église. Lorsque je fais part de cette remarque à Solange, elle éclate de rire et m’explique que, de toutes façons, il n’y a rien d’autre à faire ce jour-là.

Le culte est une occasion de partager entre frères et sœurs un moment de joie et de ressourcement, qui rend ce jour si particulier pour eux ; c’est le point culminant de la semaine.

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