Monde de glace
Une minute de lecture
Des sommets où dorment
le vent et l’espace,
Tu descends et verses
dans mon âme,
Rivière qui s’écoule,
Un doux chagrin,
rêveur et rapace ;
Tu couvres le monde
de glace et de houle.
Je me souviens
de la lune de Seollal
Tes mèches noires
autour de mes doigts
Je me souviens
des mots sous le santal
Mourons ensemble
je veux partir avec toi
Rivière-qui-s’écoule,
insalissable
salamandre,
Tu sèmes d’un même geste
les puanteurs de l’abîme,
Et recueilles
douloureusement
l’or des hautes cimes.
Rivière-qui-s’écoule,
ne veux-tu pas m’entendre ?
Je me souviens
de ta bouche
tendre et froide
Balbutiant en pleurant
l’étrange ambassade
Je me souviens que
noyé dans tes cheveux
J’ai enfin entrevu
le visage de Dieu
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