Au pays d’Amitābha
Le fil rouge s’enroule autour de nos doigts.
Il t’a guidé jusqu’à moi ! dit-elle la main devant son sourire. Nous guidera-t-il plus avant ?
Dans ses yeux le nœud de mon âme se resserre.
Naesarang, dis-je, j’ai si froid quand j’achète ta chaleur. Je crains de ne jamais te revoir. Nous retrouverons-nous là-bas, dans les ténèbres de l’hiver ?
Elle dit : le veuf connaît le chagrin de la veuve. Mon cœur blanc, t’en souviens-tu ? Nous sommes nés sur le même rameau. J’ai coupé en deux ma peine pour partir avec toi.
Enlacés nous tombons dans la neige.
Attends-moi et cultive la Voie, murmure-t-elle. La lune exaucera ton vœu.
Naesarang, dis-je, j’ai oublié ton nom. Mes dix mille vies sont tombées à tes pieds comme les feuilles du saule. Jamais je ne te retrouverai.
Elle sourit à travers les ombres. Elle me tend des braises et des échardes.
Elle dit : as-tu mangé ?
Enlacés nous neigeons dans la tombe.
Naesarang, dis-je, j’ai si froid.
Au pays d’Amitābha, mon cœur noir, murmure-t-elle. Au pays d’Amitābha la lune exaucera mon vœu.
Le fil rouge se reserre, les braises gèlent dans mon ventre. Le nœud de mon âme s’écoule dans la Rivière.
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