Scène II
Dans un salon où une grande baie vitrée donne sur la ville et son port. Amandine et Éléonore dégustent une tasse de thé.
Amandine
Tu ne trouves pas que Pierre est distant avec moi en ce moment ?
Éléonore
Non. Enfin, je n’ai rien remarqué. Pourquoi ? Tu le trouves distant avec toi ?
Amandine
Oui. Nous sommes mariés depuis cinq ans. Au début il faisait attention à moi. Mais maintenant, j’ai parfois l’impression que nous apparaissons côte à côte simplement pour faire bonne figure. Enfin. Je veux dire. Je crois qu’il a une liaison avec une autre femme.
Éléonore
C’est vrai que Pierre avant de te rencontrer était un coureur de jupons, mais maintenant que c’est un homme marié, il se contrôle. Pierre a une moralité rigide comme un roc.
Amandine
Tu crois ? J’aimerais bien te croire. Qui croire ?
Éléonore
Et si jamais j’entends que mon frère t’a fait du mal, je le sermonnerai jusqu'à ce que mort s’ensuive !
Amandine
Ne rigole pas avec ça. Il ne faut pas rire de la mort. Mais merci de plaisanter. Je pense que oui. Tu as raison, je dois me faire des idées.
Éléonore
Bien sûr que tu te fais des idées, tout autant que je ne sais rien. Je connais bien mon frère et il me dit tout.
Instant de silence, les deux femmes finissent leur tasse de thé. Amandine se saisit de la théière.
Amandine
La théière est vide, je vais aller refaire du thé.
Éléonore pointe du doigt la baie vitrée qui donne sur le port.
Éléonore
Ce n’est pas la peine, regarde le port, c’est le bateau de mon Marin et de ton Pierre.
Amandine
Alors je vais plutôt remettre le feu sous le plat et préparer une carafe de citronnade pour leur retour. Pierre aime bien la citronnade.
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