La Surface

de Image de profil de Moony BMoony B

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Hier, en cours d'ancien monde, on a étudié une chambre de XIᵉ siècle. Une représentation de l'une d'elle passait de main en main entre les élèves. Quand était venu mon tour, j'avais été surprise par la grande fenêtre qui l'éclairait.
J'ai toujours rêvé d'avoir une fenêtre... Tristan dit qu'il en a déjà vu une. Mais avec toutes les idioties que Tristan raconte, j'en doute fort.

— Iris, ta sœur est arrivée, elle t'attendait chez elle !

La voix de ma mère me tire de ma rêverie. Je jette un coup d'œil à ma montre. Neuve heure quinze, cela fait un quart d'heure que j'aurais dû retrouver Sybil dans sa galerie ! J'entre en trombe dans la pièce qui nous sert de cuisine, salle à manger et salon.

— Désolé Sybil, je bafouille. J'avais oublié.

Ma sœur me toise d'un air hautain. Je crois que je n'arrive à supporter son affreux caractère seulement parce que je ne la vois plus très souvent. Il y a deux ans, elle a déménagé dans sa propre galerie, au quatrième étage. Je suis heureuse que son travail d'infirmière lui ai offert une si bonne place, mais cela crée une sorte de fossé entre nous.

— Hé ho ! Je te parle, s'exclame Sybil. Tu préfères la bleue ou la rose ?

Je regarde les robes que ma sœur me montre.

— Heu... La bleue, dis-je en au hasard.

J'aurais peut-être dû faire plus attention à mon choix. Après tout, nous ne pouvons porter ce genre de vêtements qu'à l'occasion de la Réminiscence et des autres grandes fêtes. Le reste de l'année, nous devons nous contenter de ces larges vêtements aux couleurs ternes.

Sybil me tend la robe et je vais me changer en vitesse. Quand je reviens, elle fixe ma tignasse.

— Tant pis pour tes cheveux, souffle-t-elle. On a plus le temps.

J'essaye de lisser en vitesse mes longues mèches brunes pendant que Sybil me tire pour y aller. Ma sœur et moi sortons de notre galerie, débouchant sur le couloir principal du troisième étage. Papa et Maman sont déjà en route. Comme chaque année, ça me fait étrange de voir tous les citoyens de Subterra affairés ainsi. Même le vieux Marcel a sorti son costume !

— Pff, râle Sybil. À cause de toi, on va être en retard. Tu devais être chez moi à neuve heure !

— Je sais, me défends-je. Mais pourquoi tenais-tu tant à m'aider à me préparer aujourd'hui ? Ne fais pas comme si tu t'intéressais à moi.

Sybil se tourne vers moi et me regarde de haut.

— Bien sûr que non.

Je comprends maintenant. Ma sœur ne m'a gentiment proposée de m'aider seulement pour se faire bien voir des parents. Je ne sais pas ce que Sybil désire aussi ardemment, mais elle ne lâche rien. Personne ne veut me dire de quoi il s'agit. C'est quand même fou que l'on ne me prenne toujours pas au sérieux malgré mes quinze ans, soi-disant car je suis la plus jeune de la famille.

Je soupire et continue à marcher.

— Iris, s'écrie une voix derrière moi.

Je me retourne et aperçois Zoélie. Sa robe d'un vert profond fait ressortir la longue tresse brune qui repose sur son épaule. Elle sourit en me regardant.

— Qu'est-ce qu'il y a, je demande

— Rien. La Réminiscence me fait toujours rire. C'est ridicule d'organiser une cérémonie pour célébrer quelque chose dont on nous interdit de parler.

Je suis plutôt d'accord avec elle. Seulement, jamais je n'oserai l'exprimer ainsi, en plein milieu du couloir principal. On ne sait jamais qui peut nous entendre. Sybil part rejoindre quelques amis, et je continue à marcher avec Zoélie jusqu'à la salle de réception, au cinquième étage. Enfin, salle de réception, c'est un grand mot étant donné qu'elle n'est ouverte qu'une fois par an.

Une fois arrivées, nous nous installons dans un coin pour écouter l'interminable discours de Cassius. Chaque année, c'est la même chose.
L'importance de se souvenir.
Alors pourquoi n'avons-nous même pas le droit d'en parler ?
Le courage sans nom dont ont fait preuve nos ancêtres.
Tout ça pour quoi ? Pour que l'on se retrouve à vivre enfermé dans un souterrain. Ce n'est pas ce pourquoi ils se battaient.

Je me sens soudain tirée vers l'arrière par une main me tenant fermement les cheveux. Je me retourne et aperçois Tristan, tout sourire. Sa chemise trop grande pour lui dépasse de son pantalon. Je le salue en rigolant tandis qu'un groupe d'adultes nous adresse des regards noirs.

Je me tais et essaye de me concentrer sur le discours de Cassius. Nous le connaissons par cœur désormais, et Tristan le récite d'un air grave en même temps que notre représentant.

— En ce jour de la grande Réminiscence, nous nous devons de nous rappeler des épreuves qui nous avons vaincu pour en arriver là, grimaçait exagérément mon ami. Les hauts et les bas qui nous permettent aujourd'hui de vivre dans une société stable et organisée.

Zoélie me lance un regard lourd de sens. Elle n'a pas besoin de parler, je sais déjà ce qu'elle veut me dire. Du bien beau charabia tout ça...

Elle a parfaitement raison.

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La ReminiscenceChapitre0 message
Trop de bléssés...Chapitre0 message

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