L'appel du sang
Je dormais paisiblement, bercé par la pluie cognant sur la vitre de la chambre. J'entendais clairement taper les gouttes sur la fenêtre, un bruit de tambour lointain mais bien distinct. Puis le son se fit de plus en plus fort, de plus en plus régulier, assourdissant aussi. J'ouvris les yeux, regardai par la fenêtre, la pluie avait cessé et pourtant ce son résonnait toujours. Il ne venait pas de l'extérieur mais de l'intérieur. Je tendis l'oreille pour voir d'où il pouvait bien provenir puis mon regard se posa soudain sur le lit qui se situait en vis-à-vis du mien; c'était de là que venait ce bruit infernal.
Je jetai un rapide coup d'œil vers la porte fermée. Je me levai donc de mon lit pour me diriger vers celui de mon voisin de chambre. Arrivé à sa hauteur, j'écoutai attentivement et au bout d'un certain temps, je compris, non sans une certaine stupeur, l'origine des tams-tams. C'était lui, c'était ses battements de cœur.
Mon regard se posa ensuite sur la perche à perfusion et sur la poche de sang qui y était suspendue. Et alors que je voyais ce liquide rougeâtre, je sentis au fond de moi l'irrésistible envie d'y goûter. J'en ressentais le doux parfum qui semblait vouloir m'attirer jusqu'à lui. Je me saisis de la poche et l'homme allongé se réveilla brusquement, me regardant avec des yeux affolés.
Mon crâne se mit soudain à me faire mal, comme compressé dans un étau et je ressentis une vive douleur au niveau de la mâchoire, de mes dents. Je me tins la tête, sentis mes ongles s'étendre pour pénétrer ma chair. Le sang coula dans ma bouche et l'odeur, le goût me procura une certaine excitation.
L'homme tenta de hurler mais j'étouffai ses cris d'une main et sans même réfléchir je plantai mes dents dans son cou chaud et dégoulinant de sueur. Et alors que je buvais son sang, je réalisais; le soleil, les battements de cœur, le sang, tout ça...j'étais devenu à mon grand dam, un putain de vampire !
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