Une semaine plus tard, je déménageai des rocheuses pour aller vivre à l'autre bout du pays, dans la ville de Montréal pour être plus précis. J'avais échappé à la police, à la traque au monstre, tout ce bordel. Je n'étais pas habitué aux grandes villes, moi qui avais toujours vécu dans les petits villages de montagne mais j'avais réussi tout de même à y trouver ma place dans un somptueux appartement au soixantième étage. J'avais une vue imprenable sur toute la ville, la dominant de mon château de verre.

Je vivais seul, reclus dans ma tour. Je ne mangeais plus car la nourriture était devenue insipide à mon palais, aussi j'étais désormais fort mince, presque squelettique. Je savais ce qu'il me manquait. J'étais un vampire maintenant, alors tout ce qu'il me fallait c'était du sang frais, du sang neuf. Cependant je m'étais refusé à mordre de pauvres innocents.

Il me fallait trouver une solution et vite, sinon j'allais dépérir. Je regardai par la fenêtre, la ville grouillait de gens qui d'ici ressemblaient à des fourmis, des fourmis bien appétissantes; mon ventre se mit à gargouiller. Je restai là à les regarder courir, marcher, rouler, jusqu'à ce que la nuit tombe son voile macabre sur ces pauvres créatures qui ignoraient qu'en haut de sa tour, un monstre les observait, l'eau à la bouche.

Il devait être passé minuit quand je décidai enfin à sortir de mon trou. J'errais dans les rues froides et humides, l'oreille en alerte à tout danger. J'avais faim, tellement faim mais n'ayant rien perdu de mon sens de l'éthique, je me refusais à me nourrir d'humain. L'homme de l'hôpital avait déjà été de trop.

Je vis un rat qui essayait de rejoindre les égouts. Je m'en saisis avant qu'il n'ait eu le temps de filer et écœuré, je plantai mes canines dans sa chair, m'abreuvant de son sang. Il avait un goût infecte mais c'était mieux que rien. Cependant, un rat ne suffisait pas à étancher ma soif et je décidai donc de descendre dans les égouts pour en ressortir au petit matin.

Je rentrai chez moi ayant retrouvé la forme.