Je me dépêchai de regagner ma tour avant les premiers rayons du soleil. Je courus si vite que j'eus l'impression, un instant, de flotter dans les airs. J'arrivai chez moi juste à temps pour fermer les volets. Les ténèbres envahirent la pièce dans laquelle je me trouvais et à la noirceur de la chambre se mêla la noirceur de mes pensées.

Je jalousais ceux qui, dehors, pouvaient encore profiter de la chaleur du soleil et en même temps, je trouvais ma nouvelle vie d'immortel (car oui les vampires sont immortels) excitante, palpitante. Et il y avait une chose que je souhaitais apprendre rapidement et cela était la métamorphose. J'avais vu tous ces films de vampire où Dracula ou Nosferatu se changeait en chauve-souris ou en rat et je désirais pouvoir faire comme eux, maintenant que j'avais leurs pouvoirs.

Je pris alors dans ma bibliothèque quelques ouvrages sur le sujet et je me mis à lire. Les heures passèrent et j'avais noté tout ce que j'avais pu trouvé. Le même terme revenait sans cesse: visualisation. Il fallait que je visualise l'animal en moi, que mon corps et mon esprit ne fasse plus qu'un avec celui-ci.

Je me mis donc à l'essai, d'abord sans succès puis au bout de quelques jours je commençai à sentir un changement au niveau du dos, une petite douleur aux omoplates comme si quelque chose poussait de l'intérieur. Mon ouïe se fit encore plus fine et je pouvais désormais entendre le vacarme assourdissant que produisaient les animaux du zoo à l'autre bout de la ville.

Je me mis ensuite à flotter dans les airs, sentis mon corps rapetisser jusqu'à devenir minuscule. Le sol semblait si loin sous mes pieds maintenant velus. J'allai me regarder dans le miroir de la salle de bain et constatai avec joie et surprise que j'étais devenu une magnifique chauve-souris.

La nuit était tombée et je décidai d'aller voler en ville pour me dégourdir les ailes. Je volais, virevoltais entre les maisons, les immeubles de la ville dormante, goûtant aux délices de la liberté. Je m'amusais comme un petit fou jusqu'à ce que la faim éveille mes sens et me guide jusqu'au zoo où des animaux allaient m'offrir généreusement leur sang.

J'allais donc en direction de celui-ci, m'abreuver du doux nectar d'hémoglobine. Lions, zèbres, girafes, presque tous les animaux passèrent sous mes crocs. Une fois repu, je décidai de rentrer chez moi, sans me soucier de ce que, sans le vouloir, j'avais causé.