Nouvelle ombre sur la ville

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Les rues étaient vides et silencieuses en ce jour de dimanche. Seulement quelques enseignes clignotaient encore, illuminant la vieille ville de néons rouges, bleus, verts. Je regardais la cité dormante d'un œil avisé, surveillant tout de ma demeure. Soudain, mes yeux se posèrent sur un jeune couple se promenant main dans la main et je me mis à penser à mon propre couple. Je me surpris à sourire à la vue de ces deux tourtereaux. Ils marchaient tout deux, insouciant des dangers qui se cachaient, là, dans les ténèbres.

En parlant de danger, mes sens se mirent en alerte. Mon regard fut attiré par une ombre, malsaine, pleine de vices, je pouvais le ressentir au fond de mes tripes. Je m'empressai d'ouvrir la fenêtre et de m'envolai en direction du couple. Je trouvai un endroit dégagé où me percher puis attendis de voir ce qu'il allait se passer.

Les amoureux étaient poursuivis par un homme dont je ne pouvais distinguer le visage, caché sous la capuche de son imperméable. L'homme en question dégageait une forte et désagréable odeur de tabac froid, agressant sauvagement mes narines. Il était assez mince, élancé d'au moins un mètre quatre-vingt-dix et à part son ciré, il portait un vieux Jean délavé par le temps, tâché et de grosses chaussures noires.

Je ne savais pas pourquoi mais quelque chose chez ce type ne m'inspirait pas confiance. Ce n'était pas seulement le fait qu'il pistait ce jeune couple mais quelque chose de plus profond. Je savais qu'il ne leur voulait pas du bien, je pouvais le ressentir, là au fond de mes entrailles endolories par la peur et la faim.

Soudain, l'homme disparut sous mes yeux. Je le cherchais hâtivement du regard tout en me mettant en quête d'un autre perchoir. Aussi je surveillais les jeunes inconscients qui venaient de tourner à l'intersection suivante. Je trouvai en réverbère en amont, m'y posai et continuai ma surveillance. Je quittai un court instant le jeune homme et la fille des yeux pour rechercher leur poursuivant. Je scrutai les alentours quand j'entendis un hurlement qui déchira mes tympans. Mon regard fut très vite attiré par le couple et à ma grande surprise, je découvris la jeune fille à terre et le garçon à un mètre du sol, soulevé par l'homme au ciré. 

Il tenait sa proie fermement par le cou, manquant de l'étrangler. Je décidai de fondre sur lui en poussant de puissants croassements et il lâcha prise. Le jeune tomba dans un bruit sourd sur le sol, se claquant le coxis sur le bitume. Il poussa un hurlement de douleur, se frottant les fesses. Je repassai à l'assaut avant que leur agresseur ne décide de ré-attaquer. Il réussit à m'agripper l'aile et me projeta violemment au sol. Je me retransformai et bondis sur lui en le plaquant au sol. Je le dissuadai de répliquer en montrant les crocs mais à mon grand étonnement, il en fit de même. La surprise me fit lâcher prise et il en profita pour me balancer un violent coup de poing en pleine mâchoire. Je titubai, tombai à la renverse. L'homme me regardait de haut, le regard sévère, empli de colère.

"Faim ! grogna-t-il, j'ai faim !

L'homme se rapprochait dangereusement alors qu'il prononçait ces mots. Je me relevai vite fait et lui asséna un coup de griffe en plein visage. L'homme hurla et tenta de se jeter sur moi mais je l'esquivai de justesse. Je me relevai et rétorquai avec un : 

  • tu as peut-être faim mais tu ne t'en prendras pas à ces jeunes tant que je serai là ! Tu n'as qu'à aller te trouver quelques rats à te mettre sous la dent !
  • Veux pas, veux humain...humain meilleur, répondit l'homme. Sa voix était mêlée de grognements bestiaux comme s'il n'avait de l'homme que l'apparence.
  • Tu ne peux pas ! répliquai-je d'un ton sec et sévère.
  • Pourquoi ? demanda l'homme, curieux.
  • Parce que c'est mal.
  • Toi pas comprendre, moi besoin de sang. 
  • Je comprends très bien ! Je suis dans la même galère que toi mais moi j'ai appris à me nourrir d'autre chose que du sang humain ! 
  • Et de quoi toi te nourrir ? demanda l'homme qui semblait perdu et perplexe.
  • De sang de bête, répondis-je le plus naturellement possible.

L'homme me dévisagea pendant un court instant puis porta son regard sur le jeune couple. J'attendis, toujours sur mes gardes, sa réaction mais ce dernier ne bougeait pas d'un pouce. Il reprit alors forme humaine, poussant un long soupir puis me dit :

  • d'accord, toi convaincu moi, moi pas boire sang humain.
  • Oui, c'est cela, dis-je avec le sourire, c'est très bien."

Je lui lançai un regard approbateur et celui-ci disparut dans la nuit. Je me retournai pour parler au couple mais à ma grande surprise, il n'avait pas attendu pour demander leurs restes et avait filé.

Je décidai donc de rentrer chez moi quand mon portable sonna. Je décrochai, c'était Emilie...Justine voulait me parler.

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