Chapitre III. La Boite à cigare

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Une semaine s'était écoulée depuis la mort de son ami, Marcia revivait les cauchemars du passé. La vue du corps de Paolo inerte sur le goudron avait réveillé tant de douleurs. Les mêmes qui avaient habité ses nuits à son arrivée à Paris. En voyant le jeune homme, elle se revoyait trois année auparavant devant le corps de son amie Mo sans vie, elle s’en voulait de ne pas avoir était présente. Chacune de ses nuits avaient été hantées par les mêmes images. Elle voulait à tout prix s'approcher de la fille allongée sur le sable, en avoir le cœur net. Elle se revoyait discutant ensemble au retour du collège. Elles plaisantaient et organisaient leur prochaine sortie entre copines. Elles étaient deux ados qui faisaient des plans sur la comète. Leur vie était remplie, insouciantes et sans peurs. Sa copine avait poursuivi sa route, vivant à deux rues de là, c’était la dernière fois qu’elle avait entendu sa voix chantante. C’était à ce moment qu’elle se réveillait en sueur dans son lit, les yeux grands ouverts, et qu’elle hurlait, effrayant ses demi-frères et sœurs. Elle voulait serrer Mo et Paolo dans ses bras, lui criait qu'elle l'aimait fort. Dans la pénombre de sa minuscule chambre, elle pensait avoir réussi à gommer cette souffrance qui l’écorchait de l’intérieur.

Hier, elle avait passé ses examens physiques avec la détermination d’une guerrière, elle avait explosé tous les tests d’endurance. L’adrénaline qui coulait dans ses veines avait dopé tous ses seuils de performances. Le matin, quand elle s’était présentée sur la piste, le test Luc Léger avait été une formalité. Elle avait franchit les paliers et au maximum de ses capacités aérobies et elle avait écœuré plus d’un postulant. Le médecin surprit par ces performances, avait demandé une analyse de sang qu’elle avait trouvé déplacée et s’était chargé de lui faire remarquer, même si elle avait comprit qu'il n'exécutait qu'un simple ordre. La jeune femme s’était pliée sans broncher après tout elle n’avait rien à se reprocher. Dans l’après-midi, les résultats confirmés, le docteur l’avait félicité, elle avait réussi les premiers tests d’entrée, la positionnant dans les premiers de sa promotion.

Wesley et Marcia courraient le long de la plus grande barre pour rejoindre les sous-sols.

– Marcia, attends-moi. Pourquoi veux-tu aller aussi vite ? Arrête, je ne peux plus te suivre, disait à bout de souffle Wesley.

– Non, on n’a pas le temps, il faut arriver avant eux.

– Mais avant qui ?

– Avant les flics ou l’autre abruti d’Adamo et sa bande, j’ai besoin de vérifier un truc.

– Comment tu comptes faire ? On n’a pas les clés de sa cave.

– Je me débrouillerai sur place.

– Tu es sûre que c’est prudent. Et si, ils étaient déjà là.

– Ils ne me font pas peurs. On doit prouver à tous que Paolo est innocent. Il était clean. C’est des conneries les trucs qu’on a trouvés dans ses poches. Les flics n’ont vu que ce qu’on a vu leur mettre sous le nez.

– Décidément quand tu as une idée en tête pas moyen de t’en faire changer. Je sens qu’on va droit dans un bourbier comme à chaque fois qu’on a voulu jouer aux justiciers.

– Fais comme tu veux, mais là hors de question de laisser le nom de notre ami salit. Il mérite mieux que ça.

Wesley essayait tant bien que mal de la suivre, elle était infatigable. Enfin, il savait surtout qu’elle noyait ainsi son chagrin. Comment ne pas être une écorchée vive ? Elle venait de revivre ce qui lui avait fuir sa terre de naissance. Comment arriverait-il un jour à la soulager ? Faire disparaitre ce lourd fardeau qu’elle transportait ? Au fond, la sprinteuse était une panthère qui ne lâchait jamais sa proie. Il l’enviait d’avoir cette persévérance, même si elle était rongée de l’intérieur. Elle franchissait les obstacles avec détermination, oubliant que ceux qui la suivaient ne pouvait pas toujours maintenir le rythme. Paolo était un frère de cœur, celui qui lui avait appris à cuisiner et qui n’avait pas hésité à se battre pour la défendre quand on l’avait accusé d’avoir volé dans une supérette. Chacun des membres de la bande, elle s’était missionnée de les protéger. Un serment qu’elle avait signer avec elle-même, garante de la sécurité de tous. À cette heure, Wesley savait qu’elle culpabilisait de ne pas l’avoir honoré. Elle leur avait promis d’être toujours là pour qu’ils ne tombent pas dans les griffes des bandes du quartier. Elle connaissait tous les recoins des zones sensibles et ne craignait personne. Une fois devant le box, Wesley eut un doute. Il la saisit par le bras tout en se demandant : « et si on découvrait que Paolo avait craqué, qu’il avait été attiré par l’appât du gain en devenant dealer pour aider son père à payer les raquetteurs. Comment le vivrait-elle ? »

– Putain, ne me dit pas que tu penses que les flics ont raison, dit Marcia en observant Wesley.

– Quoi ?

– Oublie pas, je lis dans tes yeux comme dans un livre ouvert.

– Je sais. Bon comment on ouvre cette porte ?

– Avec la clé, tout simplement.

– Mais, où l’as-tu eu ?

– Eh bien, j’ai demandé à sa mère.

– Et elle te l’a donné comme ça sans rien dire.

– J’ai juste expliqué que je lui avais prêté mon vélo et que je voulais le récupérer.

– Mais, elle t’a cru, ça fait au moins un an que tu l’as offert.

– Ah ouais, j’ai peut-être dû omettre ce détail.

– Purée, comment tu fais ?

– Cherche pas, prend la lampe torche et éclaire-moi.

– Qu’est-ce que nous cherchons exactement ?

– J’en ai aucune idée.

– Super. C’est comme ça que tu comptes faire quand tu seras rentré dans leur rang.

– Qui sait, peut-être qu’ils auront besoin d’un peu de folie. Ils sont bien trop sages.

– Si tu le dis.

Marcia farfouilla dans tous les cartons, souleva tous les sacs qui jonchaient sol, arpentait la pièce de long en large. Elle était impressionnée que l’on puisse stocker autant de choses dans un aussi petit espace. Elle réalisa que la maman de Paolo était plus maline qu’elle et qu’elle avait fait semblant de croire en son histoire de vélo. Où aurait-il pu trouver sa place ? Comment pourrait-elle lui en vouloir Dans son regard elle avait vu son propre désespoir. Comment ne pas sombrer quand on vient de perdre la chair de sa chair, en pleine force de la jeunesse. Cela était tout simplement injuste. La jeune femme savait que cette mère de famille, comme celle de Wesley l’avait fait, ne se laisserait pas aller et se battrait pour protéger ses cinq autres enfants. Marcia, de son côté, lutterait pour que justice soit faite même si elle devait pour cela menait son enquête en parallèle.

– Bon, tu as trouvé quelque chose ?

– Non, mais je suis sûre qu’il m’avait parlé d’une boite où il avait mis des papiers qui pourraient faire un de ses premiers articles.

– Et tu n’as pas la moindre idée du type boite ?

– Aide moi, dans quel genre d’endroit tu dissimulerais des choses qui te tiennent à cœur.

– Aucune idée, qu’est-ce que tu penses d’une boite à cigares ?

– Il ne fumait pas et son père non plus.

– Eh bien justement, pourquoi y-en-a-t-il une là juste derrière le tapis ?

– Mais oui Tintin. Comment je n’y ai pas pensé. Les cigares du pharaon. Il adorait ce tome.

– Attrape la boite et on s’en va. J’entends du bruit.

– Attend, encore une minute.

– Non, on n’a plus le temps.

Wesley plaqua à ce moment Marcia contre le mur, assez proche pour sentir le goût de ses lèvres. L’un et l’autre n’osaient plus bouger et espéraient ainsi passer pour un couple quelconque qui se cachait dans les couloirs sombres pour se bécoter. Les pas s’éloignèrent, la jeune femme repoussa avec tendresse son ami encore sous le coup de l’émotion.

– La prochaine fois qui sait je ne dirais pas non.

– Laisse tomber, rentrons.

– Chez toi, si ça te dérange pas.

– Ok de toute façon, ma mère nous attend.

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