Chapitre VIII. Le diable aux trousses
Wesley et Marcia déboulèrent au pied de la Tour Balzac, faisant sursauter la petite mamie du troisième, manquant d’écraser au passage son chien.
– Eh les petits jeunes, vous semblez avoir le diable qui vous poursuit, leur dit-elle après avoir attrapé la boule de poil dans ses bras.
– Non, ne vous inquiétez. Nous voulions arriver avant la pluie. Wesley, garde la boite, je raccompagne Mme Garcia.
– Tu es bien aimable ma petite, que dieu te garde.
Wesley manqua de s’éclater de rire, il savait que la religion était pour Marcia le cadet de ses soucis. Elle, qui avait été élevé par une grand-mère sorcière comme elle aimait la surnommer, s’en fichait bien de ce qu’une quelconque divinité pouvait lui réserver. Il la regardait aider la petit vieille à grimper dans l’ascenseur avec tant de douceur. Ces gestes tendres qu’elle dissimulait la plupart du temps. Seuls Paolo, Alphonse, Medhi,Laura et lui-même connaissaient cette facette de la jeune femme. Quand elle était avec eux, elle laissait tomber sa carapace de fauve et faisait patte de velours.
Le jeune homme serrait la boite de cigare sous son blouson, il savait que cela avait encore plus d'importance pour son amie et il ne voulait pas que ce qui se trouve à l’intérieur soit détérioré. Mille idées farfelues traversèrent son esprit, il ne souhaitait qu’une chose que Marcia trouve ce qu’elle cherchait. Il posa le contenant sur son bureau, après s’être assuré que ses sœurs aient goûté et qu’elles jouaient bien sagement dans leur chambre. Impatience et inquiétude se mêlaient, qu’allait révélée la boite ? Et si, elle ne renfermait que des cigares comme l’indiquait l’emballage ? Paolo ne fumait pas, son père pas qu’il se souvienne. Il tournait l’objet dans ses mains, le secouait légèrement.
– Bon, on l’ouvre, qu’on en est le cœur net, dit une voix qu’il reconnaitrait parmi des milliers.
– Madame Garcia ne t’a pas gardé pour le thé ? J’étais persuadé qu’elle voudrait te faire la causette.
– Je lui ai dis que j’avais une urgence, tout en promettant de repasser demain avec toi.
– Ben voyons, tu ne pouvais pas me laisser en dehors de cette invitation.
– Allez, fais pas ton ronchon, je sais que tu adores ces petits sablés.
– Si tu me prends par les sentiments.
– Parfait, maintenant que ça s’est réglé. On passe aux choses sérieuses.
Avant que Marcia saisisse la boite, Wesley l’attrapa par la main, la regarda droit dans les yeux et lui dit :
– Quoiqu’on trouve, promets-moi que tu ne feras rien d’inconsidérée.
– Et toi promets-moi que quoi que je fasse, tu seras là.
Il avait horreur quand elle faisait ça. C’était sa réplique préférée.
– Je me fais toujours avoir, tu fais chier.
– C’est pour ça que c’est toi que j’aime.
– Ouais, je prépare les mouchoirs ou les gants.
– Peut-être bien les deux, enfin allez c’est parti.
Marcia souleva le couvercle, la boite dégueula toutes ses feuilles qui volèrent sur le bureau : des articles, des factures, des papiers volants écrits à la main, des photos… Devant eux s’étalaient tout un tas de documents qu’ils commencèrent par parcourir vite fait. C’était un vrai puzzle qu’il allait falloir construire avec patience. Dans ces cas-là, elle faisait preuve d’une minutie chirurgicale. Elle composa de tas de chaque type de feuille trouvée et commença à déchiffrer certaines d’entre-elles. Cela faisait une bonne heure qu’elle n’avait pas lâché les informations qu’elles renfermaient. C’était encore brouillon, il était difficile de trouver un lien, par contre une certitude se dessinait Paolo avait pris soin de faire des recherches depuis un petit moment. Pourquoi n’était-il pas venu les voir ? Il avait voulu jouer solo, alors que la force de leur groupe résidait dans la confiance qu’ils s’accordaient. Qu’est-ce qui l’avait empêché de se livrer ?
Wesley réapparu avec un plateau garni de quelques gâteaux qu’il avait confectionnés avec ses sœurs.
– Tu dois avoir faim.
– Oui, je crève la dalle. Mais il est quelle heure ?
– Dix-huit heures trente.
– Tu déconnes ?
– Non, je t’ai laissé il y a deux heures, tu étais à fond et je ne voulais pas te déranger. Et j’avais promis à Apolline et Cyprienne que je cuisinerai avec elle.
– Putain, il va me tuer.
– Qui, la liste est tellement longue.
– Marco, je devais le rejoindre à la salle.
– Ton entraîneur ?
– Ben oui, il m’a dit que je pouvais passer, que ça me ferait du bien plutôt que de taper sur mon système nerveux, de me défouler sur un sac de sable.
– Mange un morceau et je t’accompagne.
– Pourquoi tu veux te mettre à la boxe ?
– Non mes doigts n’apprécieraient pas.
– Alors une raison, peut-être que sa fille sera là.
– Eh c’est bon. Qu’est-ce que tu vas insinuer ?
– Non rien.
Wesley prévint sa mère qui rentrait tout juste du boulot qu’ils ne restaient pas pour manger. Marcia avait un entraînement et ensuite ils rejoindraient leurs amis au local. Il l’embrassa avant de partir, jeta son blouson à Marcia qui ramassait tous les papiers pour les ranger à nouveau dans la boite à cigares. Elle la glissa dans son sac à dos et ils filèrent en direction du petit garage qui servait de salle de boxe. Arrivés devant la porte, la jeune femme mit une petite tape sur l’épaule de son ami. Il faillit rater la marche et s’équilibra tant bien que mal se retrouvant le nez dans le decoleté de Laura la fille du gérant de l’établissement. Ses joues rougissaient, son pouls accéléra quand la demoiselle l'attrapa par la main pour l'aider à se redresser tout autant gêner de la situation. Wesley se retourna en direction de Marcia pour lui adresser ce regard noir qui la faisait fondre mais ça elle s’était promis qu’elle ne lui dirait jamais.
– Ah, te voilà, je pensais que tu m’avais oublié.
– Comment pourrais-je ? Ta dernière droite m’a laissée un joli bleu sur les abdos.
– C’est de ta faute, tu n’arrivais plus à te contrôler, j’ai appuyé un peu plus. Allez, équipe-toi, je t’attends.
– Wesley, prépare-toi.
– Comment ? Mais hors de question.
– Non au cas où je lui pèterais l’arcade.
– Tu te crois drôle.
Dans sa tenue, elle était fabuleuse, son short dévoilait de longues jambes fines et musclées. Wesley comprenait pourquoi il n’arrivait plus à la suivre, dès qu’elle mettait une accélération. En plus cette année, il avait dû mettre le sport de côté, trop de boulot pour avoir le temps de s’éclipser sur la piste d’athlétisme. Marcia avait bien essayé plus d’une fois, mais n’avait pas insisté comprenant son envie de réussir cette première année de médecine qu’il avait réussi haut la main, finissant dans le top dix de sa promotion. Quand elle s’équipa avec son casque et ses gants, elle se transformait. Plus rien autour d’elle n’existait. Marco avait essayé de la convaincre de faire de la compétition mais elle avait été catégorique, le « non » sonnait sans appel possible. Son ambition était autre, le seul terrain de jeu où elle voulait remporter des victoires seraient ailleurs et plus tard quand elle rentrerait dans la police. Ce combat, elle était prête à le relever et à se donner les moyens de le remporter.
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