Chapitre IX. Bianca, Marcia, la rencontre.
Medhi se pointa à son tour dans la salle, il salua Wesley qui ne lâchait pas le ring des yeux.
– Tu devrais lui dire, c’est tellement évident que tu en pinces pour elle, ajouta-t-il en l’attrapant par les épaules.
– Tais-toi, elle pourrait t’entendre.
– Et alors, tu crois qu’elle ne le sait pas.
– Déconne pas, et puis elle n’a pas besoin que je lui embrouille la tête avec ça.
– T'as peur de quoi ?
– Que cela change notre relation et à aucun moment je ne voudrais perdre ma meilleure amie.
– Peut-être que tu as raison. Dis donc, elle est en forme ce soir, les coups font mouches à chaque fois.
– Je pense qu’elle se bat contre sa colère. Elle avait besoin de se défouler, et parfois je crains qu’elle n’aille trop loin, qu’elle ne se contrôle plus.
– Marcia aurait des raisons, je n’arrive toujours pas à réaliser que Paolo ne va pas débouler en chantant « We are de Champions ». Je me dis que je vais me réveiller de ce cauchemar, et le voir devant moi essayant de me faire un petit pont avec son ballon de foot. Comment elle digère ?
– Comme tu peux le voir, pas bien même si elle ne l’avouera jamais.
– On va au local après ? On prendra un truc à manger et on se posera tranquille. J’appelle Alphonse pour qu’ils nous rejoignent.
Laura se tenait assise dans un coin de la salle, le nez dans son bouquin. Medhi s’approcha et la fit sursauter.
– Tu exagères, est-ce que moi je m’amuse à te faire des misères ? dit Laura.
– À chaque fois que tu me souris, tu devrais le savoir, ajouta Mehdi.
– Arrête de jouer au séducteur, tu sais bien que j’ai déjà donné mon cœur.
– Ouais, il ne te regarde même pas.
– En tout cas, il est gentil avec moi et je peux te dire que vue la dernière dérouillée que mon père lui a foutue, il se tient à carreau. Je me demande encore pourquoi il n’a pas fui, susura Laura.
– Parce qu’on ne laisse pas une beauté. Il en a de la chance ton petit copain Mario.
– Je lui dirai quand je le verrai, il ne devrait pas tarder. Tiens en parlant du loup, regarde qui arrive.
– Anna, elle devait être là ce soir ? dit Medhi tout surpris.
– Papa, lui a demandé si elle pouvait venir s’entraîner, elle a un match dans quinze jours. Il a pensé que Marcia serait un bon test pour voir si elle était prête.
– Il est fou, pas ce soir. Notre panthère va la bouffer tout cru.
–Eh bien comme çà tu pourra réparer la bête blessée.
– Qui Marcia ? Elle ne perdra pas. Et encore moins face à Anna, je te rappelle que leur dernière manche, il a fallu les séparer. J’ai encore mal à mes côtes en y repensant.
– Bêta, c’est d’Anna dont tu devras prendre soin, elle n’attend que ça.
– Ah ouais.
– Tu peux dire à Wesley qu’il est stupide, tu es aussi aveugle que lui.
– Qui s’est la fille avec elle, tu la connais.
– Elle m’a parlé d’une cousine qui devait arriver de Grenoble.
– Je vois, décidément je me demande si c’est une salle de boxe ou une réunion de Miss. Elles ont quoi toutes ses belles à jouer au rebelle.
Anna s’approcha, jeta son sac dans les bras de Medhi, qui encaissa le choc à moitié surpris de son attitude. Il le posa délicatement sur le banc et se retourna en interpellant Wesley :
– Je sors pour téléphoner, on capte pas.
– Attends, je viens avec toi, j’ai besoin de prendre l’air.
Bianca se tenait à l’écart, le lieu la fascinait. L’ambiance qui régnait avait des allures de vieux films en noir et blanc qu’elle aimait regarder avec son père. Elle s’attendait à voir apparaître Lino Ventura et entendre un coup de feu. C’est la porte en fer du casier qu’Anna claqua qui la fit sursauter.
– ça va, je ne voulais pas t’effrayer, s’inquiéta sa cousine.
– Je suis sûrement un peu fatigué.
– T’a vu, je t’ai pas menti, les deux beaux gosses qui sont sortis.
– Oui, c’est vrai. Juste pas mon style de mecs.
Pour l’heure Bianca n’arrivait pas à quitter du regard, la boxeuse qui distribuait des coups à son partenaire. L’homme d’une quarantaine d’année semblait taillé dans un bloc de chêne. La jeune femme qui se défoulait sur ses pectoraux, quant à elle avait la grâce d’un félin. Son corps dansait sous ses pas sur le parquet. Marcia était dans son monde, tout ce qui l’entourait, était dans une brume matinale dont elle n’arrivait pas à s’extirper. Elle cherchait par tous les moyens d’évacuer l’horreur qu’elle venait de revivre en écho à des souvenirs plus lointains. Elle voulait crier, ses poings hurlaient pour elle.
– Bon allez, on fait une pause. Va te défouler un moment sur le sac pendant que j’échauffe Anna.
– Putain, tu ne m’avais pas dit.
– Je voulais te faire une surprise.
– Je n’aime pas les pommes empoisonnées.
– Ecoute t’es la plus en forme en ce moment, et elle a besoin d’une vraie sparring partner. J’accepte que tu ne veuilles pas faire de combat en championnat, elle est partante aussi tu ne peux pas refuser de l'entraîner.
– Ok, tu m’appelles quand elle est prête. Je te préviens je ne lui ferais aucun cadeau.
– Vas-y molo quand même.
Marcia descendit du ring, en passant elle bouscula la jeune femme qui se tenait proche du ring.
– Pardon, je t’avais pas vu.
– Pas de soucis, c’est moi qui ne suis pas attentive. Va savoir pourquoi je voulais caresser les cordes.
– Ouais je comprends, quand je finis dedans, je me demande quel est l’imbécile qui les as mises là.
La brunette éclata de rire.
– Ravie de voir que mes problèmes te font marrer.
– Pardon, je ne voulais pas…
– T’inquiète, je te charrie.
– Ouf j’avais peur que tu me mettes un upper cut, j’aurai fini au tapis d’un coup d’un seul.
– Eh, je sais me contrôler. Enfin pas toujours. T’a raison, c’est plus prudent de se tenir loin de moi.
– C’est toi qui va boxer contre ma cousine.
– Si c’est Anna, je te le confirme. J’espère qu’elle est prête parce qu’elle va goûter de mes deux poings.
– Vas-y doucement, je ne connais pas Paris, et c’est elle qui doit me ramener. Je ne sais pas comment on a fait pour arriver jusqu’ici.
– Oh si c’est que ça je te ramènerai, je connais mon quartier comme ma poche.
– Merci, je note au cas où un jour.
Marcia se dirigea vers le coin sombre de la salle, son pote le sac de sable l’attendait. Elle était impatiente de lui faire des misères. Au moins cette vieille toile ternie ne se plaignait jamais, il était le partenaire idéal. Elle lui avait déjà mis plein la gueule et il ne bronchait pas. Il était co-équipier qui ne trahissait pas ses secrets. Combien de fois, elle l’avait pris dans ses bras pour se rassurer et pleurer. Et souvent, c’était à ce moment précis que Wesley apparaissait pour la ramener à la réalité. Elle approchait de son objectif quand elle entendit une voix l’interpeller :
– Attends-moi, je peux venir avec toi.
– Toi, tu veux me voir balancer des coups.
– Je ne sais pas. Peut-être.
– Tu ne veux pas voir ta cousine s’entraîner.
– Non, j’attendrai le combat.
– Ok, ne reste pas trop prêt. Je ne voudrais pas abîmer ta belle bouille.
– Tu ne m’as même pas dit comment tu t’appelais. Si Je dois porter plainte pour coup et blessures.
Cette fois ce fut autour de la boxeuse d’éclater de rire.
– Toi, tu me plait bien, mon petit nom c’est Marcia, la José Perec de la Courneuve et mes potes qui sont sortis Medhi et Wesley. Mais je suis sûre qu’Anna t’en a déjà parlé.
– Ravie, moi c’est Bianca.
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